HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le Banquet des sept Sages

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] Εἰπόντος οὖν τοῦ Χίλωνος ὡς Σόλων κατάρχεσθαι τοῦ λόγου δίκαιός ἐστιν, οὐ μόνον ὅτι πάντων προήκει καθ´ ἡλικίαν καὶ τυγχάνει κατακείμενος πρῶτος, ἀλλ´ ὅτι τὴν μεγίστην καὶ τελειοτάτην ἀρχὴν ἄρχει νόμους Ἀθηναίοις θέμενος, οὖν Νειλόξενος ἡσυχῇ πρὸς ἐμέ "πολλά γ´," εἶπεν, " Διόκλεις, πιστεύεται ψευδῶς, καὶ χαίρουσιν οἱ πολλοὶ λόγους ἀνεπιτηδείους περὶ σοφῶν ἀνδρῶν αὐτοί τε πλάττοντες καὶ δεχόμενοι παρ´ ἑτέρων ἑτοίμως, οἷα καὶ πρὸς ἡμᾶς εἰς Αἴγυπτον ἀπηγγέλη περὶ Χίλωνος, ὡς ἄρα διαλύσαιτο τὴν πρὸς Σόλωνα φιλίαν καὶ ξενίαν, ὅτι τοὺς νόμους Σόλων ἔφη μετακινητοὺς εἶναι." Καὶ ἐγώ "γελοῖος," ἔφην, " λόγος· οὕτω γὰρ δεῖ πρῶτον ἀποποιεῖσθαι τὸν Λυκοῦργον αὐτοῖς νόμοις ὅλην μετακινήσαντα τὴν Λακεδαιμονίων πολιτείαν." Μικρὸν οὖν ἐπισχὼν Σόλων "ἐμοὶ μέν," ἔφη, "δοκεῖ μάλιστ´ ἂν ἔνδοξος γενέσθαι καὶ βασιλεὺς καὶ τύραννος, εἰ δημοκρατίαν ἐκ μοναρχίας κατασκευάσειε τοῖς πολίταις." Δεύτερος δ´ Βίας εἶπεν, "εἰ πρῶτος χρῷτο τοῖς νόμοις τῆς πατρίδος." Ἐπὶ τούτῳ δ´ Θαλῆς ἔφησεν, εὐδαιμονίαν ἄρχοντος νομίζειν, εἰ τελευτήσειε γηράσας κατὰ φύσιν. Τέταρτος Ἀνάχαρσις, "εἰ μόνον εἴη φρόνιμος." Πέμπτος δ´ Κλεόβουλος, "εἰ μηδενὶ πιστεύοι τῶν συνόντων." Ἕκτος δ´ Πιττακός, "εἰ τοὺς ὑπηκόους ἄρχων παρασκευάσειε φοβεῖσθαι μὴ αὐτὸν ἀλλ´ ὑπὲρ αὐτοῦ." Μετὰ τοῦτον Χίλων ἔφη τὸν ἄρχοντα χρῆναι μηδὲν φρονεῖν θνητόν, ἀλλὰ πάντ´ ἀθάνατα. Ῥηθέντων δὲ τούτων ἠξιοῦμεν ἡμεῖς καὶ αὐτὸν εἰπεῖν τι τὸν Περίανδρον. δ´ οὐ μάλα φαιδρὸς ἀλλὰ συστήσας τὸ πρόσωπον "ἐγὼ τοίνυν," ἔφη, "προσαποφαίνομαι τὰς εἰρημένας γνώμας ἁπάσας σχεδὸν ἀφιστάναι τοῦ ἄρχειν τὸν νοῦν ἔχοντα." Καὶ Αἴσωπος οἷον ἐλεγκτικῶς "ἔδει τοίνυν," ἔφη, "τοῦτο καθ´ ἑαυτοὺς περαίνειν καὶ μή, συμβούλους φάσκοντας εἶναι καὶ φίλους, κατηγόρους γίγνεσθαι τῶν ἀρχόντων." Ἁψάμενος οὖν αὐτοῦ τῆς κεφαλῆς Σόλων καὶ διαμειδιάσας εἶπεν, "οὐκ ἂν δοκεῖ σοι μετριώτερον ἄρχοντα ποιεῖν καὶ τύραννον ἐπιεικέστερον πείθων ὡς ἄμεινον εἴη τὸ μὴ ἄρχειν τὸ ἄρχειν;" "Τίς δ´ ἂν," ἔφη, "σοὶ τοῦτο πεισθείη μᾶλλον τῷ θεῷ φράσαντι κατὰ τὸν πρὸς σὲ χρησμόν, εὔδαιμον πτολίεθρον ἑνὸς κήρυκος ἀκοῦον;" Καὶ Σόλων "ἀλλὰ μήν," ἔφη, "καὶ νῦν ἑνὸς Ἀθηναῖοι κήρυκος ἀκροῶνται καὶ ἄρχοντος τοῦ νόμου, δημοκρατίαν ἔχοντες. σὺ δὲ δεινὸς εἶ κοράκων ἐπαΐειν καὶ κολοιῶν, τῆς δ´ ἴσου φωνῆς οὐκ ἀκριβῶς ἐξακούεις, ἀλλὰ πόλιν μὲν οἴει κατὰ τὸν θεὸν ἄριστα πράττειν τὴν ἑνὸς ἀκούουσαν, συμποσίου δ´ ἀρετὴν νομίζεις τὸ πάντας διαλέγεσθαι καὶ περὶ πάντων." "Σὺ γάρ," ἔφη Αἴσωπος, "οὔπω γέγραφας τι ὅμοιον ἦν, οἰκέτας μὴ μεθύειν, ὡς ἔγραψας Ἀθήνησιν οἰκέτας μὴ ἐρᾶν μηδὲ ξηραλοιφεῖν." Γελάσαντος οὖν τοῦ Σόλωνος Κλεόδωρος ἰατρός "ἀλλ´ ὅμοιον," ἔφη, "τὸ ξηραλοιφεῖν τῷ λαλεῖν ἐν οἴνῳ βρεχόμενον· ἥδιστον γάρ ἐστι." Καὶ Χίλων ὑπολαβὼν ἔφη "διὰ τοῦτό τοι μᾶλλον ἀφεκτέον αὐτοῦ." Πάλιν δ´ Αἴσωπος, "καὶ μήν," ἔφη, "Θαλῆς ἔδοξεν εἰπεῖν ὅτι τάχιστα γηράσαι." [7] Chilon dit alors : Il est juste que ce soit Solon qui commence à parler, non seulement parce qu'il nous devance tous en âge et qu'il se trouve occuper la première place, mais encore parce qu'il exerce la plus grande et la plus parfaite magistrature, ayant donné aux Athéniens un code de lois. Sur cela, Niloxène me dit tout bas à l'oreille : «Que de choses Dioclès, s'accréditent faussement ! Combien les hommes aiment à forger eux-mêmes, ou bien à accueillir avec facilité les propos les plus absurdes concernant les sages! Par exemple, on était venu nous annoncer en Égypte que Chilon avait rompu tous liens d'amitié et d'hospitalité avec Solon, parce que ce dernier disait que les lois sont faites pour n'être pas changées.»— «Le propos est plaisant», lui dis-je; car à raisonner ainsi, il faut que l'on commence par désavouer Lycurgue avec ses lois, et que l'on bouleverse toute la constitution des Lacédémoniens." Après s'être recueilli un instant, Solon prit donc la parole : «Je crois", dit-il, «que le comble de la gloire pour un roi et pour un tyran serait s'il pouvait convertir, dans l'intérêt de ses concitoyens, un gouvernement monarchique en démocratie.»— «Et moi», dit après lui Bias, «s'il était le premier à observer les lois de sa patrie.» Après lui Thalès prit la parole : «J'estime que le bonheur pour un souverain, c'est s'il meurt de vieillesse et naturellement.» «S'il possède seul la prudence», dit Anacharsis, qui parla le quatrième. — «S'il n'a confiance en aucun de ses familiers», dit Cléobule, le cinquième. — «S'il dispose ses sujets à ne point le craindre, mais à craindre pour lui», dit Pittacus, le sixième. Enfin Chilon dit : «Il faut que le souverain n'ait aucune pensée se rattachant à des intérêts mortels, qu'il n'en ait que d'immortelles.» Ces maximes énoncées nous voulûmes que Périandre, à son tour, en émît quelqu'une. Mais lui, loin de montrer un visage satisfait, fronça les sourcils : «Eh bien», dit-il, «pour ajouter mon mot, je déclare que toutes les sentences formulées que je viens d'entendre ne peuvent guère servir qu'à écarter du gouvernement un homme qui serait vraiment sensé.» Alors Esope, en sa qualité d'épilogueur : «Vous auriez donc dû, Seigneurs, couler à fond cette matière, chacun en particulier, et non pas, tout en répétant que vous êtes conseillers et amis des princes, vous constituer leurs accusateurs.» L'ayant alors pris par la tête et s'étant mis à sourire, Solon lui dit : «Ne te semble-t-il pas que l'on rende un prince plus modéré, un tyran plus humain, si on lui persuade qu'il est meilleur de ne commander point que de commander?»— «Qui en cela», dit Ésope, «se laisserait plutôt persuader par vos paroles, que par le dieu dont l'oracle, s'adressant à vous-même, a prononcé : "Heureuse est la cité qui n'entend qu'un héraut?» Et Solon : «Eh bien, aujourd'hui même les Athéniens n'entendent qu'un seul héraut, n'obéissent qu'à un souverain, qui est la loi, et en même temps ils ont un gouvernement démocratique. Mais toi, si habile à deviner le langage des corbeaux et des geais, tu n'entends pas exactement tes propres paroles. Quoi ! d'un côté tu penses, te fondant sur l'oracle du Dieu, que la cité la plus heureuse est celle qui obéit à un seul, et d'un autre côté tu prétends que le mérite d'un banquet c'est que tous y discourent sur toutes les matières. _ — «Sans doute», dit Ésope, «attendu que vous n'avez pas encore ici porté de loi interdisant de s'enivrer, comme vous en portâtes une à Athènes, qui défendait aux esclaves de contracter des liaisons amoureuses et de se frotter d'huile à sec. Solon s'étant mis à rire, Cléodème le médecin fit remarquer qu'il y avait grande similitude entre se frotter d'huile à sec et babiller sous l'empire du vin après s'en être largement humecté. «Car le vin," ajoutait-il, «est «chose fort agréable.»— «Raison de plus», dit Chilon, reprenant la parole, «pour n'y pas toucher.» Et de nouveau Ésope : «En ce cas, d'après ce que Thalès a semblé dire, il vieillira bien vite».


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Dernière mise à jour : 10/05/2005