HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la superstition

Chapitre 0-2

  Chapitre 0-2

[0] ΠΕΡΙ ΔΕΙΣΙΔΑΙΜΟΝΙΑΣ. [0] DE LA SUPERSTITION.
[1] Τῆς περὶ θεῶν ἀμαθίας καὶ ἀγνοίας εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς δίχα ῥυείσης τὸ μὲν ὥσπερ ἐν χωρίοις σκληροῖς τοῖς ἀντιτύποις ἤθεσι τὴν ἀθεότητα, τὸ δ´ ὥσπερ ἐν ὑγροῖς τοῖς ἁπαλοῖς τὴν δεισιδαιμονίαν πεποίηκεν. ἅπασα μὲν οὖν κρίσις ψευδής, ἄλλως τε κἂν περὶ ταῦτα, μοχθηρόν· δὲ καὶ πάθος πρόσεστι, μοχθηρότατον. πᾶν γὰρ πάθος ἔοικε ἀπάτη φλεγμαίνουσα εἶναι· καὶ καθάπερ αἱ μετὰ τραύματος ἐκβολαὶ τῶν ἄρθρων, οὕτως αἱ μετὰ πάθους διαστροφαὶ τῆς ψυχῆς χαλεπώτεραι. Ἀτόμους τις οἴεται καὶ κενὸν ἀρχὰς εἶναι τῶν ὅλων· ψευδὴς ὑπόληψις, ἀλλ´ ἕλκος οὐ ποιεῖ οὐδὲ σφυγμὸν οὐδ´ ὀδύνην ταράττουσαν. Ὑπολαμβάνει τις τὸν πλοῦτον ἀγαθὸν εἶναι μέγιστον· τοῦτο τὸ ψεῦδος ἰὸν ἔχει, νέμεται τὴν ψυχήν, ἐξίστησιν, οὐκ ἐᾷ καθεύδειν, οἴστρων ἐμπίπλησιν, ὠθεῖ κατὰ πετρῶν, ἄγχει, τὴν παρρησίαν ἀφαιρεῖται. Πάλιν οἴονταί τινες εἶναι σῶμα τὴν ἀρετὴν καὶ τὴν κακίαν· αἰσχρὸν ἴσως τὸ ἀγνόημα, θρήνων δὲ καὶ ὀδυρμῶν οὐκ ἄξιον· ἀλλ´ αἵτινές εἰσι τοιαῦται κρίσεις καὶ ὑπολήψεις τλῆμον ἀρετή, λόγος ἄρ´ ἦσθ´· ἐγὼ δέ σε ὡς ἔργον ἤσκουν ἀφεὶς τὴν πλουτοποιὸν ἀδικίαν καὶ τὴν γόνιμον ἁπάσης ἡδονῆς ἀκολασίαν, ταύτας ἄξιόν ἐστιν οἰκτίρειν ὁμοῦ καὶ δυσχεραίνειν, ὅτι πολλὰ νοσήματα καὶ πάθη καθάπερ εὐλὰς καὶ σκώληκας ἐντίκτουσι ταῖς ψυχαῖς παροῦσαι. [1] L'ignorance et l'erreur en ce qui regarde les dieux s'étant, dès l'origine, partagée en deux courants, l'un d'eux s'est porté, comme en un terrain raboteux, sur les esprits rebelles et il a donné naissance à l'athéisme; l'autre, comme en un terrain humide, sur les esprits sans consistance, et il a engendré la superstition. Tout jugement faux, principalement sur des matières de ce genre, est chose funeste; mais s'il s'y joint de la passion, ce devient plus funeste encore. En effet toute passion est comme une déception accompagnée de fièvre; et, de même que les déboitements avec blessures, ainsi les distorsions de l'âme, lorsqu'elles sont accompagnées de passion, deviennent plus dangereuses que les autres. Quelqu'un s'imagine-t-il que des atomes et du vide puissent être le principe de toutes choses ; c'est une croyance fausse, mais elle ne produit ni ulcères, ni palpitations, ni douleurs qui amènent du trouble. Un autre pose-t-il en principe que la richesse est le bien le plus grand ; c'est-là une erreur empoisonnée qui ravage son âme, l'entraîne hors d'elle-même, ne la laisse pas se reposer, la remplit d'ardeurs frénétiques, la précipite du haut des rochers, l'étreint à la gorge et lui enlève toute liberté de parler franchement. D'autres, encore, supposent-ils que la vertu et le vice soient substances corporelles ; c'est une ignorance qui est honteuse peut-être, mais qui ne mérite pas qu'on en gémisse et qu'on en pleure. Mais des jugements et des opinions qui sont de nature à faire s'écrier: "Misérable vertu, tu n'es qu'un nom! Faut-il Que comme objet réel, je t'aie aimée, abandonnant pour toi l'injustice qui m'aurait donné la richesse, et l'intempérance qui m'aurait mis en possession de toutes les voluptés!" Ces opinions, dis-je, et ces jugements doivent exciter à la fois et notre pitié et notre indignation, parce que leur présence fait naître dans les âmes, comme autant de vers et d'insectes rongeurs, une foule de maladies et de passions.
[2] Οὐκοῦν καὶ περὶ ὧν λόγος, μὲν ἀθεότης κρίσις οὖσα φαύλη τοῦ μηδὲν εἶναι μακάριον καὶ ἄφθαρτον εἰς ἀπάθειάν τινα δοκεῖ τῇ ἀπιστίᾳ τοῦ θείου περιφέρειν, καὶ τέλος ἐστὶν αὐτῇ τοῦ μὴ νομίζειν θεοὺς τὸ μὴ φοβεῖσθαι· τὴν δεισιδαιμονίαν δὲ μηνύει καὶ τοὔνομα δόξαν ἐμπαθῆ καὶ δέους ποιητικὴν ὑπόληψιν οὖσαν ἐκταπεινοῦντος καὶ συντρίβοντος τὸν ἄνθρωπον, οἰόμενον μὲν εἶναι θεούς, εἶναι δὲ λυπηροὺς καὶ βλαβερούς. ἔοικε γὰρ μὲν ἄθεος ἀκίνητος εἶναι πρὸς τὸ θεῖον, δὲ δεισιδαίμων κινούμενος ὡς οὐ προσήκει διαστρέφεσθαι. γὰρ ἄγνοια τῷ μὲν ἀπιστίαν τοῦ ὠφελοῦντος ἐμπεποίηκε, τῷ δὲ καὶ δόξαν ὅτι βλάπτει προστέθεικεν. ὅθεν μὲν ἀθεότης λόγος ἐστὶ διεψευσμένος, δὲ δεισιδαιμονία πάθος ἐκ λόγου ψευδοῦς ἐγγεγενημένον. [2] Ainsi, pour parler des erreurs dont il est question dans ce Traité, l'athéisme est un faux jugement, par suite duquel on se figure qu'il n'existe pas un seul être souverainement heureux et incorruptible. Par la négation de la divinité, cette opinion fait naître l'indifférence; et, en nous déterminant à croire qu'il n'existe point de dieux, elle nous mène finalement à ne point les redouter. Mais la superstition (ou crainte des dieux, comme son nom l'indique) est une croyance passionnée, une imagination qui remplit l'âme de terreur ; et cette terreur rabaisse l'homme et l'écrase, parce que en reconnaissant qu'il existe des dieux, on les suppose méchants et nuisibles. Il semble que l'athée reste immobile quand il est mention de la divinité, mais que le superstitieux, à ce nom, éprouve des mouvements par lesquels il est jeté dans des écarts qui ne conviennent point. Ainsi l'ignorance empêche le premier de croire à un être bienfaisant; cette ignorance, chez le second, y associe l'idée d'un être malicieux : de sorte que l'athéisme est un faux jugement, et la superstition, une passion produite par un faux jugement.


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Dernière mise à jour : 3/11/2005