[1001] (10001a) ἐν δὲ τῷ ὁμωνύμῳ διαλόγῳ «καλλίπαιδα»·
πολλοὺς γὰρ καὶ καλοὺς λόγους ἐν φιλοσοφίᾳ γενέσθαι
τὴν ἀρχὴν ἐκείνου παρασχόντος. Ἢ διαφέρει πατήρ τε ποιητοῦ καὶ
γεννήσεως ποίησις; Ὡς γὰρ τὸ γεγεννημένον καὶ πεποίηται, οὐ μὴν ἀνάπαλιν,
οὕτως ὁ γεννήσας καὶ πεποίηκεν· ἐμψύχου γὰρ ποίησις ἡ γέννησίς ἐστι. Καὶ
ποιητοῦ μέν, οἷος οἰκοδόμος ἢ ὑφάντης ἢ λύρας δημιουργὸς ἢ ἀνδριάντος,
ἀπήλλακται γενόμενον τὸ ἔργον· ἡ δ´ ἀπὸ τοῦ γεννήσαντος ἀρχὴ καὶ δύναμις
ἐγκέκραται τῷ τεκνωθέντι καὶ συνέχει τὴν φύσιν, ἀπόσπασμα καὶ μόριον
(1001b) οὖσαν τοῦ τεκνώσαντος. Ἐπεὶ τοίνυν οὐ πεπλασμένοις ὁ κόσμος οὐδὲ
συνηρμοσμένοις ποιήμασιν ἔοικεν, ἀλλ´ ἔνεστιν αὐτῷ μοῖρα πολλὴ ζωότητος
καὶ θειότητος, ἣν ὁ θεὸς ἐγκατέσπειρεν ἀφ´ ἑαυτοῦ τῇ ὕλῃ καὶ κατέμιξεν,
εἰκότως ἅμα πατήρ τε τοῦ κόσμου, ζῴου γεγονότος, καὶ ποιητὴς ἐπονομάζεται.
Τούτων δὲ μάλιστα τῆς Πλάτωνος ἁπτομένων δόξης, ἐπίστησον εἰ κἀκεῖνο
λεχθήσεται πιθανῶς· ὅτι, δυεῖν ὄντων ἐξ ὧν ὁ κόσμος συνέστηκε, σώματος καὶ
ψυχῆς, (1001c) τὸ μὲν οὐκ ἐγέννησε θεὸς ἀλλά, τῆς ὕλης παρασχομένης,
ἐμόρφωσε καὶ συνήρμοσε, πέρασιν οἰκείοις καὶ σχήμασι δήσας καὶ ὁρίσας τὸ
ἄπειρον· ἡ δὲ ψυχή, νοῦ μετασχοῦσα καὶ λογισμοῦ καὶ ἁρμονίας, οὐκ ἔργον
ἐστὶ τοῦ θεοῦ μόνον ἀλλὰ καὶ μέρος, οὐδ´ ὑπ´ αὐτοῦ ἀλλ´ ἀπ´ αὐτοῦ καὶ ἐξ
αὐτοῦ γέγονεν.
Ἐν τῇ Πολιτείᾳ, τοῦ παντὸς ὥσπερ μιᾶς γραμμῆς τετμημένης εἰς ἄνισα
τμήματα, πάλιν τέμνων ἑκάτερον τμῆμα εἰς δύο ἀνὰ τὸν αὐτὸν λόγον, τό τε
τοῦ ὁρωμένου γένους καὶ τὸ τοῦ νοουμένου, τέτταρα τὰ πάντα ποιήσας, τοῦ
μὲν νοητοῦ πρῶτον ἀποφαίνει τὸ περὶ τὰ πρῶτα εἴδη, δεύτερον τὸ
μαθηματικόν· τοῦ δ´ αἰσθητοῦ πρῶτον μὲν τὰ στερέμνια σώματα, δεύτερον δὲ
τὰς εἰκόνας καὶ τὰ εἴδωλα τούτων· καὶ κριτήριον ἑκάστῳ τῶν (1001d)
τεττάρων ἀποδίδωσιν ἴδιον, νοῦν μὲν τῷ πρώτῳ διάνοιαν δὲ τῷ μαθηματικῷ,
τοῖς δ´ αἰσθητοῖς πίστιν, εἰκασίαν δὲ τοῖς περὶ τὰ εἴδωλα καὶ τὰς εἰκόνας.
«Τί οὖν διανοηθεὶς εἰς ἄνισα τὰ τμήματα τὸ πᾶν ἔτεμε; Καὶ πότερον τῶν
τμημάτων, τὸ νοητὸν ἢ τὸ αἰσθητόν, μεῖζόν ἐστιν;» Αὐτὸς γὰρ οὐ δεδήλωκε.
Δόξει δ´ αὐτόθεν μὲν εἶναι μεῖζον τὸ αἰσθητόν· ἡ γὰρ ἀμέριστος οὐσία καὶ
κατὰ ταὐτὸν ὡσαύτως ἔχουσα τῶν νοητῶν ἐστιν εἰς βραχὺ συνηγμένη καὶ
καθαρόν, ἡ δὲ σκεδαστὴ περὶ τὰ σώματα καὶ περιπλανὴς τὸ αἰσθητὸν παρέσχεν.
Ἔτι τὸ μὲν ἀσώματον πέρατος οἰκεῖον, τὸ δὲ σῶμα τῇ ὕλῃ μὲν ἄπειρον καὶ
ἀόριστον, αἰσθητὸν δὲ (1001e) γιγνόμενον ὅταν ὁρισθῇ μετοχῇ τοῦ νοητοῦ.
Ἔτι, καθάπερ αὐτῶν τῶν αἰσθητῶν ἕκαστον εἰκόνας ἔχει πλείους καὶ σκιὰς καὶ
εἴδωλα καὶ ὅλως ἀφ´ ἑνὸς παραδείγματος πάμπολλα μιμήματα γίγνεσθαι καὶ
φύσει καὶ τέχνῃ δυνατόν ἐστιν, οὕτως ἀνάγκη τὰ ἐνταῦθα τῶν ἐκεῖ πλήθει
διαφέρειν κατὰ τὸν Πλάτωνα παραδείγματα καὶ ἰδέας τὰ νοητὰ τῶν αἰσθητῶν
ὥσπερ εἰκόνων ἢ ἐμφάσεων ὑποτιθέμενον. Ἔτι τῶν εἰδῶν νόησιν ἐξ ἀφαιρέσεως
καὶ περικοπῆς σώματος ἐπάγει, τῇ τῶν μαθημάτων τάξει καταβιβάζων ἀπὸ τῆς
ἀριθμητικῆς ἐπὶ γεωμετρίαν, εἶτα μετὰ ταύτην ἐπ´ ἀστρολογίαν, ἐπὶ (1001f)
πάσαις δὲ τὴν ἁρμονικὴν τιθείς· γίγνεται γὰρ τὰ μὲν γεωμετρούμενα τοῦ
ποσοῦ μέγεθος προσλαβόντος· τὰ δὲ στερεὰ τοῦ μεγέθους βάθος· τὰ δ´
ἀστρολογούμενα τοῦ στερεοῦ κίνησιν· τὰ δ´ ἁρμονικὰ τῷ κινουμένῳ σώματι
φωνῆς προσγενομένης. Ὅθεν ἀφαιροῦντες φωνὴν μὲν τῶν κινουμένων κίνησιν δὲ
τῶν στερεῶν βάθος δὲ τῶν ἐπιπέδων μέγεθος δὲ τῶν ποσῶν,
| [1001] et que, (1001a) dans le dialogue qui porte le nom de Phèdre,
il appelle Lysias le père des discours philosophiques
parce qu'il avait donné occasion à plusieurs excellents entretiens qui
furent tenus sur des matières de philosophie? Ou bien y a-t-il une différence réelle
entre père et créateur, entre génération et création ? Car tout ce qui a été engendré a
été fait; mais, au contraire, tout ce qui a été fait n'a pas été engendré. Ainsi celui qui a
été engendré a aussi fait. La génération d'un être animé est un acte par lequel il est
fait. L'ouvrage d'un architecte, d'un tisserand, d'un facteur d'instruments, d'un statuaire,
et en général de tout artiste, est distinct et séparé de celui qui l'a produit. Mais le
principe, la faculté qui engendre, est comme infuse dans l'être engendré ; il participe à
sa nature, parce qu'il est une portion (1001b) ) de la substance de celui qui l'a
engendré. Puis donc que le monde n'est pas un assemblage de plusieurs pièces
travaillées séparément et ensuite rapportées les unes avec les autres, mais qu'il
contient une portion considérable de vie, et même de divinité, que Dieu a mêlée et
comme infusée de sa propre substance dans la matière, c'est avec raison qu'il est
appelé le père et le créateur du monde, qui est un être animé. Cette explication étant
parfaitement conforme à l'opinion de Platon, voyons si on ne pourrait pas dire avec
beaucoup de vraisemblance que le monde étant composé de deux substances, d'âme et
de corps, (1001c) Dieu n'a pas engendré celui-ci, mais la matière s'étant offerte à lui toute
produite, il l'a formée, il l'a disposée, et a donné à son étendue indéfinie les bornes et
les figures qui lui convenaient le mieux. L'âme, qui est douée d'intelligence, de
raisonnement, d'ordre et d'harmonie, n'est pas seulement l'ouvrage de Dieu, mais une
partie de son être ; elle n'a pas été seulement faite par lui, mais de lui et de sa propre
substance.
Ainsi Platon, dans sa République, après avoir divisé l'univers comme une ligne
qu'on couperait en deux parties inégales, divise encore chaque partie en deux autres
dans la même proportion. Il suppose deux genres d'êtres qui comprennent, l'un les
choses sensibles, l'autre les substances purement intelligibles. Entre celles-ci, il met
au premier rang les premières formes ou idées, et au second les notions
mathématiques. Dans le genre des choses sensibles, il place d'abord les corps
solides, et en second lieu leurs images et leurs figures. Il assigne à chacun (1001d) de
ces quatre genres une faculté propre qui en est le juge : aux idées, l'entendement ;
aux notions mathématiques, la pensée; aux corps solides, la certitude; aux images et
aux figures des corps, la conjecture. Dans quelle vue a-t-il donc divisé l'univers en
deux sections inégales? et de ces deux sections, quelle est la plus grande? est-ce
celle des substances intelligibles ou celle des êtres sensibles? car il ne s'est pas
expliqué sur cela.
Il semble d'abord que la classe des êtres sensibles doive être la plus grande,
parce que la substance individue des substances intelligibles, qui est toujours
semblable à elle-même, est resserrée dans un espace étroit et ne souffre pas de
mélange ; mais la substance qui est disséminée, et, pour ainsi dire, errante sur les
corps, a produit le genre des êtres sensibles.
D'ailleurs la substance incorporelle a ses limites naturelles; le corps,
qui est infini et indéterminé, à raison de sa matière, devient (1001e) sensible lorsqu'il
est borné par la participation de la substance intelligible. De plus, comme chacune des
choses sensibles a plusieurs images, plusieurs figures et plusieurs ombres, qu'en
général la nature et l'art peuvent tirer d'un seul modèle un très grand nombre de
copies, il suit de là nécessairement que les choses sensibles qui sont ici-bas doivent
être, suivant Platon, beaucoup plus nombreuses que les substances intelligibles qui
sont au-dessus de nous, puisque ces substances intelligibles sont les idées, les
exemplaires des choses sensibles, et que celles-ci sont les images et les copies des
premières.
J'ajoute que Platon assigne au genre des notions mathématiques l'intelligence
des idées que l'on conçoit, abstraction faite des corps ; que de la science des nombres
il applique ces idées à la géométrie, de cette dernière science à l'astronomie, (1001f)
et enfin à l'harmonie. Car les idées deviennent géométriques quand au nombre se joint
la grandeur ; les corps acquièrent de la solidité par l'accession de la profondeur à la
grandeur ; ils sont astronomiques quand le mouvement s'unit à la solidité ; enfin ils
sont harmoniques lorsque la voix suit le mouvement. Si donc nous faisons abstraction
de la voix dans les corps en mouvement, du mouvement dans les corps solides, de la
profondeur dans les surfaces et de la grandeur dans les quantités,
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