[4,3] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Γ
Διὰ τί πλείστους ἐν γάμοις ἐπὶ δεῖπνον καλοῦσιν.
Ἐν τοῖς Αὐτοβούλου τοῦ υἱοῦ γάμοις συνεώρταζεν
ἡμῖν παρὼν ἐκ Χαιρωνείας ὁ Σόσσιος Σενεκίων, καὶ
πολλῶν λόγων ἄλλων τε τῇ τόθ´ ἑορτῇ μάλα πρεπόντων
παρέσχεν ἀφορμὰς καὶ περὶ τῆς αἰτίας, δι´ ἣν
πλεῖστοι τῶν ἄλλων ἐπὶ τὰ γαμικὰ δεῖπνα παραλαμβάνονται,
διηπόρησε· καὶ γὰρ τῶν νομοθετῶν τοὺς τῇ πολυτελείᾳ
κατὰ κράτος πολεμήσαντας ὁρίσαι μάλιστα τῶν εἰς
τοὺς γάμους καλουμένων τὸ πλῆθος. ’ὁ γὰρ εἰπών‘ ἔφη
’περὶ τῆς αἰτίας αὐτῆς τῶν παλαιῶν φιλοσόφων οὐδέν,
ἐμοὶ γοῦν κριτῇ, πιθανὸν εἴρηκεν, Ἑκαταῖος ὁ Ἀβδηρίτης
(Vorsokr. 73 A 5)· λέγει δὲ τοὺς ἀγομένους γυναῖκας πολλοὺς
παρακαλεῖν ἐπὶ τὴν ἑστίασιν, ἵνα πολλοὶ συνειδῶσι
καὶ μαρτυρῶσιν ἐλευθέροις οὖσι καὶ παρ´ ἐλευθέρων
γαμοῦσι. τοὐναντίον γὰρ οἱ κωμικοὶ τοὺς πολυτελῶς καὶ
σοβαρῶς λαμπρότητι δείπνων καὶ παρασκευῆς γαμοῦντας
ὡς οὐ βεβαίως οὐδὲ θαρραλέως ἐπισυνάπτουσιν· ὡς
Μένανδρος πρὸς τὸν κελεύοντα ταῖς λοπάσι
περιφράττειν - - -ωπον δεινῶς - - - οὐ πρᾶγμα νύμφης
λέγεις‘.’
‘Ἀλλ´ ὅπως μή, τὸ ῥᾷστον, ἐγκαλεῖν ἑτέροις
δοκῶμεν αὐτοὶ μηδὲν λέγοντες, ἀποφαίνομαι πρῶτος’
εἶπεν ‘ἐγώ, οὐδεμίαν ἑστιάσεως πρόφασιν οὕτως ἔκδηλον
εἶναι καὶ περιβόητον ὡς τὴν τῶν γαμούντων· καὶ γὰρ
θύοντας θεοῖς καὶ προπέμποντας φίλον καὶ ξενίζοντας
ἔστι πολλοὺς διαλαθεῖν τῶν ἐπιτηδείων, ἡ δὲ γαμήλιος
τράπεζα κατήγορον ἔχει τὸν ὑμέναιον | μέγα βοῶντα καὶ
τὴν δᾷδα καὶ τὸν αὐλόν, ἅ φησιν Ὅμηρος καὶ τὰς
γυναῖκας ἱσταμένας ἐπὶ ταῖς θύραις θαυμάζειν καὶ
θεᾶσθαι. διὸ μηδενὸς ἀγνοοῦντος τὴν ὑποδοχὴν καὶ τὴν
κλῆσιν, αἰσχυνόμενοι παραλιπεῖν πάντας τοὺς συνήθεις
καὶ οἰκείους καὶ ἁμωσγέπως προσήκοντας αὑτοῖς παραλαμβάνουσιν.’
Ἀποδεξαμένων δ´ ἡμῶν ὑπολαβὼν ὁ Θέων ‘καὶ
τοῦτ´’ ἔφη ‘κείσθω, οὐκ ἀπίθανον γάρ ἐστι, κἀκεῖνο
πρόσθες, εἰ βούλει, τὰς τοιαύτας ἑστιάσεις μὴ μόνον
φιλικὰς ἀλλὰ καὶ συγγενικὰς εἶναι, καταμιγνυμένης εἰς τὸ
γένος ἑτέρας οἰκειότητος. ὃ δὲ τούτου μεῖζόν ἐστιν, οἴκων
εἰς τὸ αὐτὸ συνιόντων δυοῖν ὅ τε λαμβάνων τοὺς τοῦ διδόντος
οἰκείους καὶ φίλους ὅ τε διδοὺς τοὺς τοῦ λαμβάνοντος
οἰόμενοι δεῖν φιλοφρονεῖσθαι διπλασιάζουσιν τὴν
ὑποδοχήν. ἔτι πολλὰ τῶν γαμικῶν ἢ τὰ πλεῖστα δρᾶται
διὰ γυναικῶν· ὅπου δὲ γυναῖκες πάρεισι, καὶ τοὺς
ἄνδρας ἀναγκαῖόν ἐστι παραλαμβάνεσθαι.’
| [4,3] QUESTION III :
Pourquoi dans les noces on invite un grand nombre de gens
à souper.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
SOSSIUS - SÉNÉCION - PLUTARQUE - THÉON - ZÉNON.
1. Le mariage de mon fils Aristobule avait donné lieu à
une fête à laquelle s'était réuni avec nous Sossius Sénécion,
venu de Chéronée. Entr'autres sujets de discussion très
intéressants, ce convive vint à demander par quel motif
on invite aux festins de noces beaucoup plus de personnes
qu'aux autres repas. Une considération ajoutait à la difficulté :
c'est que les législateurs qui ont énergiquement
combattu le luxe, se sont attachés surtout à déterminer le
nombre des personnes qu'on doit inviter à une noce.
« Celui qui parmi les anciens philosophes a recherché la
cause de cet usage, continua Sossius Sénécion, n'a rien
avancé, au moins à mon sens, qui soit vraisemblable. C'est
Hécatée d'Abdère. A l'entendre, ceux qui se marient invitent
un grand nombre de personnes afin que l'on sache,
afin que l'on soit témoin, qu'étant de condition libre ils
épousent une femme de condition également libre. Au contraire,
les auteurs de comédies voient dans le luxe, dans la
pompe qui président à l'éclat et aux apprêts des repas de
noces, la preuve que les gens ne contractent pas mariage
avec beaucoup de sécurité et de confiance. Ainsi, dans Ménandre,
un homme à qui l'on conseille d'élever un rempart de plats, s'écrie :
"Le conseil est bizarre! Est-ce d'un pareil soin
Qu'une jeune épousée éprouve le besoin?"
2. — « Mais pour ne pas sembler, chose qui est très facile,
critiquer les autres sans rien proposer nous-mêmes, je déclare
le premier, continua Sossius, qu'aucune occasion de convier
les gens à un repas n'est aussi clairement indiquée,
aussi éclatante, que celle du mariage. Quand il s'agit d'un
banquet de sacrifice, d'un dîner d'adieux offert à un ami
qui part, de la réception faite à un hôte, on peut y procéder
à l'insu d'un grand nombre de parents et de familiers.
Mais la table nuptiale a des dénonciateurs tout naturels : à
savoir, les chants d'hyménée qui s'entonnent à haute voix, la
torche et la flûte, appareil qui, au dire d'Homère, amène
sur leurs portes les femmes avides d'admirer et de voir.
Aussi, comme personne n'ignore qu'il y a réceptions et invitations,
les nouveaux mariés auraient honte de commettre
quelque oubli. Ils invitent donc tous leurs amis, tous
leurs parents, et, autant dire, tous ceux qui leur appartiennent. »
3. — Ces explications ayant été accueillies par nous, Théon
prit la parole : « A la bonne heure, dit-il, et soit la chose
établie; car elle n'est pas dénuée de vraisemblance. Ajoutez-y
encore, s'il vous plaît, que ces sortes de régals ne sont pas
festins d'amis seulement, mais aussi de parents et d'alliés,
parce qu'une famille entière vient se mêler et faire alliance
avec une autre. Il y a plus. Deux maisons se réunissant en
une seule, celle qui prend croit devoir faire accueil aux
parents et aux amis de celle qui donne; et réciproquement
celle qui donne est animée de même pour les parents et
les amis de celle qui prend. De cette manière on double
le nombre des conviés. Encore une raison. Plusieurs des
choses qui appartiennent au mariage, ou plutôt le plus
grand nombre, se font par l'entremise des femmes;
et là où les femmes figurent, leurs maris aussi doivent
nécessairement être invités. »
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