[3,0] ΣΥΜΠΟΣΙΑΚΩΝ - ΒΙΒΛΙΟΝ ΤΡΙΤΟΝ.
Σιμωνίδης ὁ ποιητής, ὦ Σόσσιε Σενεκίων, ἔν τινι
πότῳ ξένον ἰδὼν κατακείμενον σιωπῇ καὶ μηδενὶ διαλεγόμενον,
‘ὦ ἄνθρωπ´’ εἶπεν, ‘εἰ μὲν ἠλίθιος εἶ, σοφὸν
πρᾶγμα ποιεῖς· εἰ δὲ σοφός, ἠλίθιον.’ ‘ἀμαθίην γὰρ
ἄμεινον’ ὥς φησιν Ἡράκλειτος ‘κρύπτειν’, ἔργον
δ´ ἐν ἀνέσει καὶ παρ´ οἶνον
‘ὅστ´ ἐφέηκε πολύφρονά περ μάλ´ ἀεῖσαι,
καί θ´ ἁπαλὸν γελάσαι καί τ´ ὀρχήσασθαι ἀνῆκεν,
καί τι ἔπος προέηκεν, ὅπερ τ´ ἄρρητον ἄμεινον·’
οἰνώσεως ἐνταῦθα τοῦ ποιητοῦ καὶ μέθης, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ,
διαφορὰν ὑποδεικνύντος. ᾠδὴ μὲν γὰρ καὶ γέλως καὶ
ὄρχησις οἰνουμένοις μετρίως ἔπεισι· τὸ δὲ λαλεῖν καὶ λέγειν,
ἃ βέλτιον ἦν σιωπᾶν, παροινίας ἤδη καὶ μέθης
ἔργον ἐστίν. διὸ καὶ Πλάτων ἐν οἴνῳ μάλιστα
καθορᾶσθαι τὰ ἤθη τῶν πολλῶν νομίζει, καὶ Ὅμηρος
εἰπὼν ‘οὐδὲ τραπέζῃ γνώτην ἀλλήλων’ δῆλός ἐστιν
εἰδὼς τὸ πολύφωνον τοῦ οἴνου καὶ λόγων πολλῶν
γόνιμον. οὐ γὰρ ἔστι τρωγόντων σιωπῇ καὶ πινόντων
γνῶσις· ἀλλ´ ὅτι τὸ πίνειν εἰς τὸ λαλεῖν προάγεται, τῷ δὲ
λαλεῖν ἐμφαίνεται καὶ τὸ ἀπογυμνοῦσθαι πολλὰ τῶν ἄλλως
λανθανόντων, παρέχει τινὰ τὸ συμπίνειν κατανόησιν
ἀλλήλων· ὥστε μὴ φαύλως ἂν ἐπιτιμῆσαι τῷ Αἰσώπῳ·
‘τί τὰς θυρίδας, ὦ μακάριε, ζητεῖς ἐκείνας, δι´ ὧν ἄλλος
ἄλλου κατόψεται τὴν διάνοιαν; ὁ γὰρ οἶνος ἡμᾶς ἀνοίγει
καὶ δείκνυσιν οὐκ ἐῶν ἡσυχίαν ἄγειν, ἀλλ´ ἀφαιρῶν τὸ
πλάσμα καὶ τὸν σχηματισμόν, ἀπωτάτω τοῦ νόμου καθάπερ
παιδαγωγοῦ γεγονότων.’ Αἰσώπῳ μὲν οὖν καὶ
Πλάτωνι, καὶ εἴ τις ἄλλος ἐξετάσεως τρόπου δεῖται, πρὸς
τοῦτο χρήσιμον ὁ ἄκρατος· οἱ δὲ μηδὲν ἀλλήλους βασανίζειν
δεόμενοι μηδὲ καταφωρᾶν ἀλλ´ ἢ χρῆσθαι φιλοφρόνως,
τὰ τοιαῦτα προβλήματα καὶ τοὺς τοιούτους λόγους
ἄγουσι συνιόντες, οἷς ἀποκρύπτεται τὰ φαῦλα τῆς ψυχῆς,
τὸ δὲ βέλτιστον ἀναθαρρεῖ καὶ τὸ μουσικώτατον, ὥσπερ
ἐπὶ λειμῶνας οἰκείους καὶ νομὰς ὑπὸ φιλολογίας προερχόμενον.
ὅθεν καὶ ἡμεῖς τρίτην δεκάδα ταύτην σοι
πεποιήμεθα συμποτικῶν ζητημάτων, τὸ περὶ τῶν στεφάνων
πρῶτον ἔχουσαν.
| [3,0] LIVRE TROISIÈME.
PRÉAMBULE.
Le poète Simonide, mon cher Sossius Sénécion, ayant
vu dans une certaine réunion de buveurs un hôte qui était
couché en silence et ne parlait à personne : "O homme,
lui dit-il, si tu es fou, tu fais une chose sage; mais si tu es
sage, tu en fais une folle." Car mieux est, sans doute,
de cacher son ignorance, comme dit Héraclite. Or cela n'est pas
facile dans les moments d'abandon et lorsqu'on a le verre en main :
"Le vin même au plus sage inspire des chansons,
Et, poussant l'homme grave aux rires, à la danse,
Fait naître des propos que blâme la prudence".
Dans ces vers le poète montre, selon moi, la différence entre
un homme qui a bu et un homme qui est ivre. Chanter,
rire, danser, c'est ce qui arrive quand on a bu sans excès;
mais bavarder et dire ce qu'il serait mieux de taire, c'est
le fait d'un convive déjà chargé de vin et égaré par l'ivresse.
C'est pourquoi Platon aussi pense que dans le vin surtout
se dévoilent les passions de la plupart des hommes.
Et quand Homère dit :
"Ils ne s'étaient jamais connus l'un l'autre à table",
on voit qu'il sait combien facilement le vin porte à l'amitié
et fait naître les paroles.
Il n'y a pas moyen de se connaître lorsque l'on boit et
que l'on mange en restant muets. Mais de ce que la boisson
provoque au bavardage, et que le bavardage montre
et met à nu bien des choses qui sans cela restent cachées,
il s'ensuit que boire ensemble donne une occasion de se
connaître les uns les autres. On n'aurait donc pas tort de
reprendre Esope et de lui dire : "A quoi bon, mon cher,
ces fenêtres que tu vas cherchant, et à travers lesquelles chacun
devra voir la pensée du voisin ?" Le vin est là, qui
ouvre et montre l'intérieur de chacun de nous. Il ne nous
permet pas de rester tranquilles. Il fait tomber tout masque
et tout déguisement : attendu que chacun s'affranchit alors
de la loi, comme d'un pédagogue. Si donc les Esope, les
Platon, et autres moralistes sont en quête d'un procédé
pour connaître le coeur des hommes, ils en trouveront un
des plus utiles dans le vin. Mais ceux qui n'ont pas besoin
de s'éprouver les uns les autres, de se percer à jour, et qui
tiennent pourtant à échanger ensemble des rapports affectueux,
ceux-là introduisent, quand ils sont réunis, des
questions et des propos tels que, sans dévoiler les imperfections
de l'âme, ils encouragent ce qu'il y a en elle de
meilleur et de plus intelligent. Ce sont comme des prairies
avec lesquelles on est familiarisé, des pâturages habituels,
où l'amour de l'étude donne à tous un commun rendez-vous.
C'est dans ce dessein, moi aussi, que j'ai composé pour vous
cette troisième dizaine de questions de table, dont la première
traite des Couronnes.
|