HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, A un prince ignorant

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6] Ἐν μὲν γὰρ τοῖς ἀσθενέσι καὶ ταπεινοῖς καὶ ἰδιώταις τῷ ἀδυνάτῳ μιγνύμενον τὸ ἀνόητον εἰς τὸ ἀναμάρτητον τελευτᾷ, ὥσπερ ἐν ὀνείρασι φαύλοις τις ἀνία τὴν ψυχὴν διαταράττει συνεξαναστῆναι ταῖς ἐπιθυμίαις μὴ δυναμένην· δ´ ἐξουσία παραλαβοῦσα τὴν κακίαν νεῦρα τοῖς πάθεσι προστίθησι· καὶ τὸ τοῦ Διονυσίου ἀληθές ἐστιν· ἔφη γὰρ ἀπολαύειν μάλιστα τῆς ἀρχῆς, ὅταν ταχέως βούλεται ποιῇ. μέγας οὖν κίνδυνος βούλεσθαι μὴ δεῖ τὸν βούλεται ποιεῖν δυνάμενον· αὐτίκ´ ἔπειτά γε μῦθος ἔην, τετέλεστο δὲ ἔργον. ὀξὺν κακία διὰ τῆς ἐξουσίας δρόμον ἔχουσα πᾶν πάθος ἐξωθεῖ, ποιοῦσα τὴν ὀργὴν φόνον τὸν ἔρωτα μοιχείαν τὴν πλεονεξίαν δήμευσιν. αὐτίκ´ ἔπειθ´ ἅμα μῦθος ἔην, καὶ ἀπόλωλεν προσκρούσας· ὑπόνοια, καὶ τέθνηκεν διαβληθείς. ἀλλ´ ὥσπερ οἱ φυσικοὶ λέγουσι τὴν ἀστραπὴν τῆς βροντῆς ὑστέραν μὲν ἐκπίπτειν ὡς αἷμα τραύματος, προτέραν δὲ φαίνεσθαι, τὸν μὲν ψόφον ἐκδεχομένης τῆς ἀκοῆς τῷ δὲ φωτὶ τῆς ὄψεως ἀπαντώσης· οὕτως ἐν ταῖς ἀρχαῖς φθάνουσιν αἱ κολάσεις τὰς κατηγορίας καὶ προεκπίπτουσιν αἱ καταδίκαι τῶν ἀποδείξεων. εἴκει γὰρ ἤδη θυμὸς οὐδ´ ἔτ´ ἀντέχει, θινῶδες ὡς ἄγκιστρον ἀγκύρας σάλῳ, ἂν μὴ βάρος ἔχων λογισμὸς ἐπιθλίβῃ καὶ πιέζῃ τὴν ἐξουσίαν, μιμουμένου τὸν ἥλιον τοῦ ἄρχοντος, ὃς ὅταν ὕψωμα λάβῃ μέγιστον, ἐξαρθεὶς ἐν τοῖς βορείοις, ἐλάχιστα κινεῖται, τῷ σχολαιοτέρῳ τὸν δρόμον εἰς ἀσφαλὲς καθιστάμενος. [6] Chez de faibles et obscurs mortels, chez de simples particuliers, la sottise neutralisée par le manque de pouvoir aboutit à l'absence de toute faute. Les passions en eux sont comme des mauvais songes, qui bouleversent leur âme sans qu'elle ait assez de force pour satisfaire ses désirs. Mais quand le vice se met à la disposition de l'autorité souveraine, il donne un nouveau nerf aux passions; et le mot de Denys est vrai : que la principale jouissance du pouvoir consiste dans le prompt accomplissement de sa volonté. Il y a donc grandement risque que l'on veuille ce qu'il ne faut pas quand on peut ce que l'on veut. "A peine il avait dit, que la chose était faite". Le vice trouve dans la souveraine puissance un véhicule rapide : c'est elle qui pousse toutes les passions hors de leurs limites. La colère devient meurtre, l'amour, adultère, la cupidité, dilapidation. "A peine le maitre a parlé ..." celui qui l'a irrité succombe. Un soupçon a traversé l'âme du prince, et celui qui en est l'objet a reçu la mort. Comme les physiciens disent que l'éclair s'échappe après la foudre ainsi que le sang coule après qu'on a été blessé, mais que l'éclair paraît en premier, parce que l'oreille attend le bruit et que l'oeil va au-devant de la lumière ; de même à la cour des Souverains le châtiment devance l'accusation, et le supplice frappe avant que le crime ait été démontré. "De maîtriser ses flots leur âme est incapable : C'est l'ancre dont la pointe a mordu dans le sable". Ils n'y parviendront point, si la raison par la gravité de ses enseignements ne terrasse, n'écrase l'autorité absolue. Le Souverain doit imiter le soleil qui, parvenu à sa plus grande hauteur et s'étant élevé dans les signes septentrionaux, éprouve à peine le moindre mouvement. La lenteur de sa marche en garantit la sûreté.


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Dernière mise à jour : 27/01/2006