[27] Ὅσα μὲν γὰρ μικρολογίας καὶ ἀνελευθερίας
προσκρούματα λαμβάνουσιν οἱ πολλοὶ περί τε
συγκομιδὰς καρπῶν καὶ τηρήσεις ἐπιπόνους, ἀγρυπνίαις
καὶ περιδρομαῖς ἐξελέγχοντες τὰ σαθρὰ καὶ
ὕπουλα τοῦ σώματος, οὐκ ἄξιόν ἐστι δεδιέναι μὴ
πάθωσιν ἄνδρες φιλόλογοι καὶ πολιτικοί, πρὸς οὓς
ἐνέστηκεν ἡμῖν ὁ λόγος· ἀλλ´ ἑτέραν τινὰ φυλακτέον
ἐστὶ τούτοις δριμυτέραν ἐν γράμμασι καὶ μαθήμασι
μικρολογίαν, ὑφ´ ἧς ἀφειδεῖν καὶ ἀμελεῖν τοῦ σώματος
ἀναγκάζονται, πολλάκις ἀπαγορεύοντος οὐκ
ἐνδιδόντες ἀλλὰ προσβιαζόμενοι θνητὸν ἀθανάτῳ
καὶ γηγενὲς Ὀλυμπίῳ συναμιλλᾶσθαι καὶ συνεξανύτειν.
εἶθ´ ὡς ὁ βοῦς πρὸς τὴν ὁμόδουλον ἔλεγε
κάμηλον, ἐπικουφίσαι τοῦ φορτίου μὴ βουλομένην,
"ἀλλὰ κἀμὲ καὶ ταῦτα πάντα μετὰ μικρὸν οἴσεις,"
ὃ καὶ συνέβη τελευτήσαντος αὐτοῦ, οὕτω συμβαίνει
τῇ ψυχῇ· μικρὰ χαλάσαι καὶ παρεῖναι μὴ βουλομένη
πονοῦντι καὶ δεομένῳ, μετ´ ὀλίγον πυρετοῦ
τινος ἢ σκοτώματος ἐμπεσόντος ἀφεῖσα τὰ βιβλία
καὶ τοὺς λόγους καὶ τὰς διατριβὰς ἀναγκάζεται
συννοσεῖν ἐκείνῳ καὶ συγκάμνειν. ὀρθῶς οὖν ὁ
Πλάτων παρῄνεσε μήτε σῶμα κινεῖν ἄνευ ψυχῆς
μήτε ψυχὴν ἄνευ σώματος, ἀλλ´ οἷόν τινα ξυνωρίδος
ἰσορροπίαν διαφυλάττειν, ὅτε μάλιστα τῇ
ψυχῇ συνεργεῖ τὸ σῶμα καὶ συγκάμνει, πλείστην
ἐπιμέλειαν αὐτῷ καὶ θεραπείαν ἀποδιδόντας καὶ
τὴν καλὴν καὶ ἐράσμιον ὑγίειαν ὧν δίδωσιν ἀγαθῶν
κάλλιστον ἡγουμένους διδόναι τὸ πρὸς κτῆσιν
ἀρετῆς καὶ χρῆσιν ἔν τε λόγοις καὶ πράξεσιν
ἀκώλυτον αὐτῶν.
| [27] Parlerai-je des accidents que plusieurs éprouvent par
suite d'une mesquinerie sordide, quand il s'agit de faire et
et de surveiller péniblement leur récolte, et quand à force
d'insomnies, d'allées et de venues ils ont déterminé les causes
internes des maladies à se déclarer ? Rien de tel n'est à
craindre pour les hommes de lettres et pour les hommes
d'État, eux dans l'intérêt desquels est écrit ce traité. Mais
il est pourtant chez eux une autre sorte de faux calcul,
moins grossier toutefois, en ce qui regarde le travail
d'écrire ou d'apprendre, et ils doivent s'en préserver. C'est
quand ils se forcent jusqu'à ne pas menager leur corps, jusqu'à
n'en pas prendre soin, jusqu'à ne pas lui donner de relâche,
bien qu'il demande merci; quand ils le contraignent,
créature périssable et terrestre, à lutter d'efforts et de services
avec l'âme qui est immortelle et céleste. Ce devient
ensuite l'histoire du boeuf et du chameau qui étaient au service
du même maître. Le chameau ne voulait pas soulager
le boeuf d'une partie de sa charge "Bientôt tu porteras le
tout", lui dit le boeuf, "et tu me porteras par-dessus le
marché". C'est ce qui advint en effet quand le boeuf fut
mort. Autant il en arrive à l'âme lorsqu'elle ne veut pas
donner un peu de relâche et de trêve au corps épuisé qui lui
en demande. Au bout de peu de temps survient la fièvre, le
vertige. Il faut laisser là les livres, l'étude, l'école; et l'âme
est forcée de souffrir avec le corps, forcée de partager son
mal. C'est donc sagement que Platon recommande de ne pas
exercer le corps sans l'âme ni l'âme sans le corps, mais de les
faire marcher constamment de pair, comme deux coursiers
attelés à un même char. Plus le corps s'associe aux travaux
et aux fatigues de l'âme, plus il faut lui présenter de
ménagements et de soins. Nous recevrons en échange la santé,
trésor si beau, si désirable. Or parmi les biens qui nous seront
réservés, le plus précieux, soyons-en convaincus, c'est la
certitude que quand il faudra soit parler, suit agir, nous ne
sentirons se susciter en nous, à propos de ces exercices, rien qui
fasse obstacle à l'acquisition et à la pratique de la vertu.
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