[6] Καὶ ταῦτα μὲν πρὸς τὴν ὀνώδη καὶ μυρμηκώδη
λέγεται φιλοπλουτίαν· ἑτέρα δ´ ἐστὶν ἡ θηριώδης, συκοφαντοῦσα
καὶ κληρονομοῦσα καὶ παραλογιζομένη καὶ
πολυπραγμονοῦσα καὶ φροντίζουσα καὶ ἀριθμοῦσα τῶν
φίλων ἔτι πόσοι ζῶσιν, εἶτα πρὸς μηδὲν ἀπολαύουσα τῶν
πανταχόθεν προσποριζομένων. ὥσπερ οὖν ἐχίδνας καὶ
κανθαρίδας καὶ φαλάγγια μᾶλλον προβαλλόμεθα καὶ δυσχεραίνομεν
ἄρκτων καὶ λεόντων, ὅτι κτείνει καὶ ἀπόλλυσιν
ἀνθρώπους μηδὲν χρώμενα τοῖς ἀπολλυμένοις ὑπ´
αὐτῶν, οὕτω δεῖ μᾶλλον δυσχεραίνειν τῶν δι´ ἀσωτίαν
τοὺς διὰ μικρολογίαν καὶ ἀνελευθερίαν πονηρούς· ἀφαιροῦνται
γὰρ ἄλλων, οἷς αὐτοὶ | χρῆσθαι μὴ δύνανται μηδὲ
πεφύκασιν. ὅθεν ἐκεῖνοι μὲν ἐκεχειρίαν ἄγουσιν ἐν ἀφθόνοις
γενόμενοι καὶ χορηγίαν ἔχοντες (ὥσπερ ὁ Δημοσθένης
ἔλεγε πρὸς τοὺς νομίζοντας τῆς πονηρίας τὸν Δημάδην
πεπαῦσθαι, ‘νῦν γὰρ’ ἔφη ‘μεστὸν ὁρᾶτε, καθάπερ
τοὺς λέοντας’)· τοῖς δ´ εἰς μηδὲν ἡδὺ μηδὲ χρήσιμον
πονηρευομένοις οὐκ ἔστιν ἀνακωχὴ τοῦ πλεονεκτεῖν οὐδ´
ἀσχολία κενοῖς οὖσιν ἀεὶ καὶ προσδεομένοις ἁπάντων.
| [6] Notez que je m'adresse ici à cet amour des richesses
qui rapproche la créature humaine de l'âne ou de la fourmi.
Mais il y a une autre avarice, qui est féroce, calomniatrice,
avide d'héritages, menteuse, remuante, inquiète, comptant
toujours combien il y a de ses amis encore vivants, et ne
jouissant pas davantage, après cela, de ce qu'elle a amassé
de tous côtés. Eh bien! comme vipères, cantharides, tarentules
nous inspirent plus de répulsion et d'effroi qu'ours et
lions, parce qu'elles piquent et font mourir sans retirer aucun
avantage du mal qu'elles ont causé ; de même la perversité
qui vient d'une basse et sordide avarice, est plus
détestable que celle qui vient de l'intempérance et du désordre.
La dégradation de l'avare enlève aux autres ce dont
il ne peut jouir, ce qu'il ne saurait utiliser; celle de
l'homme dissolu fait du moins trêve avec la cupidité quand
elle a de quoi satisfaire son intempérance. C'est ce que
Démosthène disait à ceux qui croyaient Démade corrigé de ses
vices : «Vous le voyez dans ce moment repu comme les lions. »
Mais pour ceux qui se mêlent aux affaires publiques sans
aucun but de plaisir ou d'utilité, leur ardeur d'acquérir ne
cesse jamais. Ils ne connaissent pas de repos, parce qu'ils
sont toujours vides, toujours également nécessiteux.
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