[10] Τοιαύτην ὁ πλοῦτος εὐδαιμονίαν ἔχει, θεατῶν δίχα
καὶ μαρτύρων {ἢ} τὸ μηδὲν οὖσαν. ὅμοιόν γε τὸ σωφρονεῖν
τὸ φιλοσοφεῖν τὸ γινώσκειν ἃ δεῖ περὶ θεῶν, ἅ, κἂν
λανθάνῃ πάντας ἀνθρώπους, | ἴδιον σέλας ἔχει καὶ φέγγος
ἐν τῇ ψυχῇ μέγα καὶ χαρὰν ποιεῖ σύνοικον αὐτῇ δι´
ἑαυτῆς ἀντιλαμβανομένῃ τἀγαθοῦ, ἄν τ´ ἴδῃ τις ἄν τε
λανθάνῃ καὶ θεοὺς καὶ ἀνθρώπους ἅπαντας. τοιοῦτόν
ἐστιν ἀρετὴ ἀλήθεια μαθημάτων κάλλος {τε} γεωμετρικῶν
ἀστρολογικῶν· ὧν τίνι τὰ τοῦ πλούτου φάλαρα ταῦτα
καὶ περιδέραια καὶ ἀνθίσματα κορασιώδη παραβαλεῖν ἄξιον;
μηδενὸς ὁρῶντος μηδὲ προσβλέποντος ὄντως τυφλὸς
γίνεται καὶ ἀφεγγὴς ὁ πλοῦτος. μόνος γὰρ ὁ πλούσιος
δειπνῶν μετὰ τῆς γυναικὸς ἢ τῶν συνήθων οὔτε ταῖς
θυίναις παρέχει πράγματα τραπέζαις οὔτε τοῖς χρυσοῖς
ἐκπώμασιν ἀλλὰ χρῆται τοῖς προστυχοῦσι, καὶ ἡ γυνὴ
ἄχρυσος καὶ ἀπόρφυρος καὶ ἀφελὴς πάρεστιν· ὅταν δὲ
σύνδειπνον, τουτέστι πομπὴ καὶ θέατρον, συγκροτῆται καὶ
δρᾶμα πλουσιακὸν εἰσάγηται, ‘νηῶν δ´ ἔκφερε λέβητάς τε
τρίποδάς τε’, τῶν τε λύχνων αἱ θῆκαι περισμῶνται,
τὰς κύλικας ἀλλάσσουσι, τοὺς οἰνοχόους μεταμφιεννύουσι,
πάντα κινοῦσι, χρυσὸν ἄργυρον λιθοκόλλητα,
ἄλλοις πλουτεῖν ὁμολογοῦντες. ἀλλὰ σωφροσύνης γε, κἂν
μόνος δειπνῇ, δεῖται, κἂν εὐωχίας.
| [10] En quoi consiste le bonheur de la richesse? C'est
qu'il en soit fait montre devant des témoins et des admirateurs :
sans quoi elle n'est rien du tout. Il n'en est point
ainsi de la modération, de la sagesse, de la connaissance
exacte de ce que l'on doit aux Dieux. Ce sont là des trésors
qui, même quand ils échappent et se dérobent à tous les
hommes, ont un éclat particulier et inondent l'âme d'une lumière
merveilleuse. Ils lui communiquent une joie intérieure
qui ne l'abandonne jamais, parce qu'ils la mettent en
possession du vrai bien. Peu lui importe que ce bien soit vu
par quelqu'un ou qu'il soit ignoré des hommes et des Dieux.
Voilà quel est l'avantage de la vertu, de la vérité, des belles
découvertes de la géométrie et de l'astronomie. A laquelle
de ces possessions aurait-on le droit de comparer les biens
de la richesse, vains harnais, colliers, spectacles de petites filles?
Supprimez une assistance et des témoins, la richesse
est véritablement aveuglée et ne rend aucun éclat. Si le
riche dîne seul avec sa femme et quelques-uns de ses familiers,
il ne se donne pas la peine de dresser ses tables de gala,
d'étaler sa vaisselle d'or. Il se sert de ce qu'il a sous
la main. Sa compagne, à ses côtés, ne porte ni or ni pourpre :
elle est vêtue tout simplement. Mais quand il s'agit
d'organiser un festin, c'est-à-dire une cérémonie et une
représentation où le riche se donne en spectacle et où il s'agit
pour lui de jouer son rôle d'homme opulent,
"Les vases, les trépieds sont tirés des navires" ;
on prépare les lustres, on nettoie les coupes, on change la
robe des échansons. Tout est en mouvement, l'or, l'argent,
les pierreries; on proclame hautement que le personnage
est riche. A tout cela néanmoins manquent deux choses,
desquelles on a besoin même quand on dîne seul, à savoir:
le contentement de l'âme et la joie du festin.
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