HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Pseudo-Plutarque, Les opinions des philosophes, livre III

δὴ



Texte grec :

[121] τὸν δ´ ἀδίκως καὶ ἀθέως (121a) εἰς τὸ τῆς δίκης τε καὶ τίσεως δεσμωτήριον, ὃ δὴ Τάρταρον καλοῦσιν, ἰέναι. Τούτων δ´ οἱ δικασταὶ ἐπὶ Κρόνου καὶ ἔτι νεωστὶ τοῦ Διὸς τὴν ἀρχὴν ἔχοντος ζῶντες ἦσαν ζώντων, ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ δικάζοντες ᾗ μέλλοιεν τελευτᾶν. Ἔπειτα αἱ δίκαι πως οὐ καλῶς ἐκρίνοντο. Ὅ τ´ οὖν Πλούτων καὶ οἱ ἐπιμεληταὶ οἱ ἐκ μακάρων νήσων ἰόντες ἔλεγον πρὸς τὸν Δία ὅτι φοιτῷέν σφισιν ἄνθρωποι ἑκατέρωσε ἀνάξιοι. Εἶπεν οὖν ὁ Ζεύς, ‘ἀλλ´ ἐγώ,’ ἔφη, ‘παύσω τοῦτο γιγνόμενον. Νῦν μὲν γὰρ (121b) κακῶς αἱ δίκαι δικάζονται. Ἀμπεχόμενοι γάρ,’ ἔφη, ‘οἱ κρινόμενοι κρίνονται· ζῶντες γὰρ κρίνονται. Πολλοὶ οὖν ἴσως,’ ἦ δ´ ὅς, ‘πονηρὰς ψυχὰς ἔχοντες ἠμφιεσμένοι εἰσὶ σώματά τε καλὰ καὶ γένη καὶ πλούτους, καὶ ἐπειδὰν ἡ κρίσις ᾖ, ἔρχονται αὐτοῖς πολλοὶ μαρτυρήσοντες ὡς δικαίως βεβιώκασιν. Οἱ οὖν δικασταὶ ὑπό τε τούτων ἐκπλήττονται, καὶ ἅμα καὶ αὐτοὶ ἀμπεχόμενοι δικάζουσι, πρὸ τῆς ψυχῆς τῆς ἑαυτῶν ὀφθαλμούς τε καὶ ὦτα καὶ ὅλον τὸ σῶμα προκεκαλυμμένοι. Ταῦτα δὴ αὐτοῖς πάντ´ ἐπίπροσθεν γίγνεται, καὶ τὰ αὑτῶν ἀμφιέσματα καὶ τὰ τῶν κρινομένων. (121c) Πρῶτον μὲν οὖν παυστέον ἐστὶ προειδότας αὐτοὺς τὸν θάνατον· νῦν γὰρ προΐσασι. Τοῦτο μὲν οὖν καὶ δὴ εἴρηται τῷ Προμηθεῖ, ὅπως ἂν παύσῃ αὐτό. Ἔπειτα γυμνοὺς κριτέον ἁπάντων τούτων· τεθνεῶτας γὰρ δεῖ κρίνεσθαι. Καὶ τὸν κριτὴν δεῖ γυμνὸν εἶναι, τεθνεῶτα, αὐτῇ τῇ ψυχῇ αὐτὴν τὴν ψυχὴν θεωροῦντα ἐξαίφνης ἀποθανόντος ἑκάστου, ἔρημον ἁπάντων τῶν συγγενῶν, καὶ καταλιπόντα ἐπὶ τῆς γῆς πάντα ἐκεῖνον τὸν κόσμον, ἵνα δικαία ἡ κρίσις ᾖ. Ἐγὼ οὖν ταῦτ´ ἐγνωκὼς πρότερος ἢ ὑμεῖς ἐποιησάμην δικαστὰς υἱεῖς ἐμαυτοῦ, δύο μὲν ἐκ τῆς Ἀσίας, Μίνω τε καὶ Ῥαδάμανθυν, ἕνα δ´ ἐκ (121d) τῆς Εὐρώπης, Αἰακόν. Οὗτοι οὖν ἐπειδὰν τελευτήσωσι, δικάσουσιν ἐν τῷ λειμῶνι, ἐν τῇ τριόδῳ ἐξ ἧς φέρετον τὼ ὁδώ, ἡ μὲν εἰς μακάρων νήσους, ἡ δ´ εἰς Τάρταρον. Καὶ τοὺς μὲν ἐκ τῆς Ἀσίας Ῥαδάμανθυς κρινεῖ, τοὺς δ´ ἐκ τῆς Εὐρώπης Αἰακός· Μίνῳ δὲ πρεσβεῖα δώσω ἐπιδιακρίνειν ἐὰν ἀπορῆτόν τι τὼ ἑτέρω, ἵν´ ὡς δικαιοτάτη ἡ κρίσις ᾖ περὶ τῆς πορείας τοῖς ἀνθρώποις.’ Ταῦτ´ ἐστίν, ὦ Καλλίκλεις, ἃ ἐγὼ ἀκηκοὼς πιστεύω ἀληθῆ εἶναι· καὶ ἐκ τούτων τῶν λόγων τοιόνδε τι λογίζομαι συμβαίνειν, ὅτι ὁ θάνατος τυγχάνει ὤν, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, οὐδὲν ἄλλο ἢ δυοῖν πραγμάτοιν διάλυσις, (121e) τῆς ψυχῆς καὶ τοῦ σώματος ἀπ´ ἀλλήλοιν. » Ταῦτά σοι συναγαγών, Ἀπολλώνιε φίλτατε, καὶ συνθεὶς μετὰ πολλῆς ἐπιμελείας ἀπειργασάμην τὸν παραμυθητικόν σοι λόγον, ἀναγκαιότατον ὄντα σοι πρός τε τὴν τῆς παρούσης λύπης ἀπαλλαγὴν καὶ τοῦ πάντων ἀνιαροτάτου πένθους παῦλαν. Περιέχει δὲ καὶ τὴν πρὸς τὸν θεοφιλέστατον υἱόν σου Ἀπολλώνιον πρέπουσαν τιμήν, ποθεινοτάτην οὖσαν τοῖς ἀφιερωθεῖσι, τὴν διὰ τῆς ἀγαθῆς μνήμης καὶ τῆς ἀδιαλείπτου πρὸς τὸν ἀεὶ χρόνον εὐφημίας. Καλῶς οὖν ποιήσεις καὶ τῷ λόγῳ πεισθεὶς καὶ τῷ μακαρίτῃ σου υἱῷ (121f) χαρισάμενος καὶ μεταβαλὼν ἐκ τῆς ἀνωφελοῦς περὶ τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχὴν κακώσεως καὶ καταφθορᾶς ἐπὶ τὴν συνήθη σοι καὶ κατὰ φύσιν διαγωγὴν ἐλθεῖν. Ὡς γὰρ οὐδὲ συμβιῶν ἡμῖν ἡδέως ἑώρα κατηφεῖς ὄντας οὔτε σὲ οὔτε τὴν μητέρα, οὕτως οὐδὲ νῦν μετὰ θεῶν ὢν καὶ τούτοις συνεστιώμενος εὐαρεστήσειεν ἂν τῇ τοιαύτῃ ὑμῶν διαγωγῇ.

Traduction française :

[121] Mais celui qui a vécu dans l'injustice (121a) et le mépris des dieux est précipité dans le Tartare, lieu destiné au châtiment et à la vengeance. Les juges préposés à ce discernement, du temps de Saturne et même au commencement du règne de Jupiter, étaient des hommes vivants qui jugeaient leurs semblables le jour même qu'ils devaient mourir. Il en arrivait souvent que leurs jugements n'étaient pas équitables. Enfin Pluton et ceux qui gouvernaient avec lui les îles fortunées, se plaignirent à Jupiter qu'on leur envoyait bien des âmes indignes du bonheur qui leur était décerné. J'aurai soin, leur dit Jupiter, que cela n'arrive plus à l'avenir. (121b) Ce qui cause aujourd'hui ces sentences injustes, c'est que ceux qui sont jugés, et les juges eux-mêmes, étant encore en vie, ils sont revêtus de leurs habits. Plusieurs donc cachent la méchanceté de leur âme sous un corps de la plus belle apparence. Ils se présentent parés de titres et de richesses, ot quand il est question de les juger, une foule de témoins tiennent déposer en leur faveur. Les juges se laissent d'autant plus facilement éblouir par tout cet extérieur, qu'étant eux-mêmes vêtus, leur âme est comme enveloppée des yeux, des oreilles, et des autres parties du corps. Ainsi leur propre vêtement, et celui des personnes qu'ils jugent, nuisent à l'équité de leurs arrêts. (121c) Je veux donc en premier lieu qu'ils ignorent à l'avenir l'heure de leur mort. Prométhée est déjà chargé du soin de leur en dérober la connaissance. En second lieu, quand le jugement se fera, les uns et les autres seront nus, et par conséquent il ne se prononcera qu'après leur mort. Il faut que le juge lui-même, privé de cette vie mortelle, considère avec les yeux seuls de l'esprit l'âme de ceux qu'il doit juger, séparée de tous ses parents, dépouillée de ces ornements étrangers qu'elle avait sur la terre. Par ce moyen, les sentences seront désormais équitables. J'avais connu avant vous les prévarications dont vous vous plaignez ; et j'ai d'avance établi pour juges trois de mes fils, deux pour l'Asie , Minos et Rhadamanthe , et Eacus pour l'Europe. Après leur mort, ils dresseront leur tribunal aux enfers, dans le carrefour de cette prairie qui se partage en deux routes, dont l'une conduit aux îles heureuses, et l'autre au Tartare. Rhadamanthe jugera les Asiatiques et Eacus (121d) les Européens. Minos aura le droit de prononcer en dernier ressort, et de réformer les erreurs que l'ignorance aurait pu causer dans les jugements des deux autres. Ainsi, à l'avenir, le dernier état des hommes sera déterminé avec la plus exacte justice. Voilà, mon cher Cariclès, ajoute Socrate, ce que j'ai appris et que je crois très véritable. Je conclus de ce récit que la mort n'est autre chose que la séparation (121e) de l'âme et du corps. » Tels sont, mon cher Apollonius, les motifs de consolation que j'ai réunis avec le plus grand soin, et que j'ai cru nécessaire de vous présenter, pour calmer votre douleur et faire cesser un deuil que vous portez beaucoup trop loin. Je vous ai rappelé l'honneur que vous devez à la mémoire d'un fils si favorisé des dieux : honneur infiniment désirable à ceux qu'un souvenir précieux de leurs vertus a déjà consacrés à l'immortalité. Suivez donc mes conseils, et pour honorer votre fils comme il le mérite, (121f) quittez cet état de deuil qui afflige votre corps et votre esprit, et reprenez votre genre de vie accoutumé comme bien plus conforme à la nature. Pendant que votre fils vivait parmi nous, il vous eût vus avec peine, vous et sa mère, vous abandonner à la tristesse. De quel œil pensez-vous qu'il le voie, aujourd'hui qu'il habite et converse avec les dieux?





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Dernière mise à jour : 8/10/2009