| [856] ὥσπερ οἱ κωμικοὶ (856a) τὸν πόλεμον ὑπὸ τοῦ Περικλέους 
ἐκκεκαῦσθαι δι´ Ἀσπασίαν ἢ διὰ Φειδίαν ἀποφαίνοντες, οὐ φιλοτιμίᾳ τινὶ καὶ 
φιλονεικίᾳ μᾶλλον στορέσαι τὸ φρόνημα Πελοποννησίων καὶ μηδενὸς ὑφεῖσθαι 
Λακεδαιμονίοις ἐθελήσαντος. Εἰ μὲν γάρ τις εὐδοκιμοῦσιν ἔργοις καὶ 
πράγμασιν ἐπαινουμένοις αἰτίαν φαύλην ὑποτίθησι καὶ κατάγεται ταῖς 
διαβολαῖς εἰς ὑποψίας ἀτόπους περὶ τῆς ἐν ἀφανεῖ προαιρέσεως τοῦ 
πράξαντος, αὐτὸ τὸ πεπραγμένον ἐμφανῶς οὐ δυνάμενος ψέγειν (ὥσπερ οἱ τὸν 
ὑπὸ Θήβης Ἀλεξάνδρου τοῦ τυράννου φόνον οὐ μεγαλονοίας οὐδὲ μισοπονηρίας, 
ζήλου δέ τινος ἔργον (856b) καὶ πάθους γυναικείου τιθέμενοι· καὶ Κάτωνα 
λέγοντες ἑαυτὸν ἀνελεῖν δείσαντα τὸν μετ´ αἰκίας θάνατον ὑπὸ Καίσαρος), 
εὔδηλον ὅτι φθόνου καὶ κακοηθείας ὑπερβολὴν οὐ λέλοιπε.
Δέχεται δὲ καὶ παρὰ τὸν τρόπον τοῦ ἔργου διήγησις ἱστορικὴ κακοήθειαν, ἂν 
χρήμασι φάσκῃ μὴ δι´ ἀρετῆς κατειργάσθαι τὴν πρᾶξιν, ὡς Φίλιππον ἔνιοι 
φάσκουσιν· ἂν σὺν οὐδενὶ πόνῳ καὶ ῥᾳδίως, ὡς Ἀλέξανδρον· ἂν μὴ φρονίμως 
ἀλλ´ εὐτυχῶς, ὡς Τιμόθεον οἱ ἐχθροί, γράφοντες ἐν πίναξιν εἰς κύρτον τινὰ 
τὰς πόλεις αὐτάς, ἐκείνου καθεύδοντος, ὑποδυομένας. Δῆλον γὰρ ὅτι τῶν 
(856c) πράξεων ἐλαττοῦσι τὸ μέγεθος καὶ τὸ κάλλος οἱ τὸ γενναίως καὶ 
φιλοπόνως καὶ κατ´ ἀρετὴν καὶ δι´αὑτῶν ἀφαιροῦντες.
Ἔστι τοίνυν τοῖς ἀπ´ εὐθείας οὓς βούλονται κακῶς λέγουσι δυσκολίαν 
ἐπικαλεῖν καὶ θρασύτητα καὶ μανίαν, ἐὰν μὴ μετριάζωσιν· οἱ δὲ πλαγίως οἷον 
ἐξ ἀφανοῦς βέλεσι χρώμενοι ταῖς διαβολαῖς, εἶτα περιιόντες ὀπίσω καὶ 
ἀναδυόμενοι, τῷ φάσκειν ἀπιστεῖν ἃ πάνυ πιστεύεσθαι θέλουσιν, ἀρνούμενοι 
κακοήθειαν ἀνελευθερίαν τῇ κακοηθείᾳ προσοφλισκάνουσιν.
Ἐγγὺς δὲ τούτων εἰσὶν οἱ τοῖς ψόγοις ἐπαίνους τινὰς παρατιθέντες, ὡς ἐπὶ 
Σωκράτους Ἀριστόξενος, (856d) ἀπαίδευτον καὶ ἀμαθῆ καὶ ἀκόλαστον   εἰπών, 
ἐπήνεγκεν « ἀδικία δ´ οὐ προσῆν. » Ὥσπερ   γὰρ οἱ σύν τινι τέχνῃ καὶ 
δεινότητι κολακεύοντες ἔστιν ὅτε πολλοῖς καὶ μακροῖς ἐπαίνοις ψόγους 
παραμιγνύουσιν ἐλαφρούς, οἷον ἥδυσμα τῇ κολακείᾳ τὴν παρρησίαν 
ἐμβάλλοντες, οὕτω τὸ κακόηθες εἰς πίστιν ὧν ψέγει προϋποτίθεται τὸν ἔπαινον.
Ἦν δὲ καὶ πλείονας καταριθμεῖσθαι τῶν χαρακτήρων· ἀρκοῦσι δ´ οὗτοι 
κατανόησιν τἀνθρώπου τῆς προαιρέσεως καὶ τοῦ τρόπου παρασχεῖν.
Πρῶτα δὴ πάντων ὥσπερ ἀφ´ ἑστίας ἀρξάμενος Ἰοῦς τῆς Ἰνάχου θυγατρός, ἣν 
πάντες Ἕλληνες (856e) ἐκτεθειῶσθαι νομίζουσι ταῖς τιμαῖς ὑπὸ τῶν βαρβάρων 
καὶ καταλιπεῖν ὄνομα πολλαῖς μὲν θαλάτταις, πορθμῶν δὲ τοῖς μεγίστοις ἀφ´ 
αὑτῆς διὰ τὴν δόξαν, ἀρχὴν δὲ καὶ πηγὴν τῶν ἐπιφανεστάτων καὶ 
βασιλικωτάτων γενῶν παρασχεῖν· ταύτην ὁ γενναῖος ἐπιδοῦναί φησιν ἑαυτὴν 
Φοίνιξι φορτηγοῖς, ὑπὸ τοῦ ναυκλήρου διαφθαρεῖσαν ἑκουσίως καὶ φοβουμένην 
μὴ κύουσα φανερὰ γένηται. Καὶ καταψεύδεται Φοινίκων ὡς ταῦτα περὶ αὐτῆς 
λεγόντων. Περσῶν δὲ τοὺς λογίους μαρτυρεῖν φήσας, ὅτι τὴν Ἰοῦν μετ´ ἄλλων 
γυναικῶν οἱ Φοίνικες ἀφαρπάσειαν, (856f) εὐθὺς ἀποφαίνεται γνώμην τὸ 
κάλλιστον ἔργον καὶ μέγιστον τῆς Ἑλλάδος ἀβελτερίᾳ τὸν Τρωικὸν πόλεμον 
γενέσθαι διὰ γυναῖκα φαύλην. « Δῆλον γάρ, » φησίν, « ὅτι, εἰ μὴ αὐταὶ 
ἐβούλοντο, οὐκ ἂν ἡρπάζοντο. » Καὶ τοὺς θεοὺς τοίνυν ἀβέλτερα ποιεῖν 
λέγωμεν, ὑπὲρ τῶν Λεύκτρου θυγατέρων βιασθεισῶν μηνίοντας Λακεδαιμονίοις 
καὶ κολάζοντας Αἴαντα διὰ τὴν Κασάνδρας ὕβριν· δῆλα γὰρ δὴ καθ´ Ἡρόδοτον 
ὅτι, εἰ μὴ αὐταὶ ἐβούλοντο, οὐκ ἂν ὑβρίζοντο. Καίτοι καὶ Ἀριστομένη φησὶν 
αὐτὸς ὑπὸ Λακεδαιμονίων ζῶντα συναρπασθῆναι, 
 | [856] Il ressemble à ces poètes comiques qui prétendaient (856a) que Périclès 
n'avait allumé la guerre du Péloponnèse que pour venger Aspasie et 
Phidias, et non par l'ambition juste et honnête d'abattre la fierté des 
peuples du Péloponnèse, et de ne le céder en rien aux Spartiates. C'est 
prêter à des actions généralement approuvées des motifs injustes, et, par 
des calomnies destituées de fondement, jeter des soupçons désavantageux 
sur des intentions cachées, quand on ne peut blâmer l'action. Ainsi ceux 
qui disent que Thébé, femme du tyran Alexandre, se défit de son mari, non 
par grandeur d'âme et par horreur pour ses vices, (856b) mais par jalousie 
contre une autre femme, et que Caton se tua parce qu'il craignait que 
César ne lui fit souffrir une mort honteuse, ceux-là montrent une envie 
et une malice que rien ne peut égaler. 
On met encore de la méchanceté dans un récit historique par la tournure 
dont on se sert ; par exemple, si l'on attribue le succès d'une entreprise 
à l'argent répandu à propos plutôt qu'à la valeur, comme on l'a dit de 
Philippe ; si l'on prétend que les victoires d'un conquérant ne lui 
ont presque coûté aucune peine, comme quelques historiens l'assurent de 
celles d'Alexandre, ou qu'elles sont l'effet du bonheur et non de la 
prudence : ainsi les ennemis de Timothée avaient fait peindre ce général 
endormi, et tenant un filet dans lequel les villes venaient d'elles-mêmes 
se prendre. Il est évident (856c) qu'attribuer de belles actions au 
hasard, au lieu de dire que la grandeur d'âme, le courage et la patience 
en ont été les principes, c'est en diminuer le mérite et la gloire. 
Une censure directe, lorsqu'elle n'est pas adoucie par une grande 
modération, expose celui qui la fait à passer pour un critique violent et 
emporté. Afin d'éviter ce reproche, des écrivains se mettent comme en 
embuscade, pour lancer à la dérobée les traits de leurs calomnies ; ils 
s'avancent à couvert, se retirent ensuite; et par une dissimulation 
profonde, ils protestent de ne pas croire eux-mêmes ce qu'ils ont la plus 
grande envie de persuader aux autres. Mais en voulant se mettre à l'abri 
de la réputation d'hommes méchants, ils passent pour des gens de mauvaise foi. 
On peut placer à côté de ceux-ci ces écrivains qui ne blâment jamais 
quelqu'un sans lui donner des louanges ; ainsi Aristoxène, après avoir dit 
que Socrate (856d) était un homme sans éducation, ignorant et débauché, 
ajouta qu'il n'était pas porté à l'injustice. Comme des flatteurs 
adroits mêlent de légers reproches à des louanges excessives, et par cette 
franchise apparente donnent à leurs flatteries une espèce 
d'assaisonnement, de même un écrivain médisant commence par donner des 
louanges, afin de rendre sa censure plus croyable. Il serait facile 
d'assigner encore d'autres signes de méchanceté dans un auteur ; mais 
ceux-ci suffisent pour faire connaître le caractère et les dispositions d'Hérodote. 
Pour commencer, comme on dit, par Vesta, arrêtons-nous d'abord à Io, fille 
d'Inachus. Tous les Grecs (856e) croient qu'elle a reçu chez les nations 
barbares les honneurs divins, qu'elle a donné son nom à un grand nombre de 
mers et de ports célèbres, qu'elle est la tige et la source d'une foule de 
rois et de races illustres. Et ce véridique historien assure qu'elle 
s'abandonna à un capitaine de vaisseau phénicien, et que, pour cacher sa 
grossesse, elle se fit enlever. Il impute aux Phéniciens de débiter ces 
calomnies sur le compte d'Io. (856f) Il ajoute, d'après les historiens 
persans, que les Phéniciens l'enlevèrent avec plusieurs autres femmes, et 
tout de suite il fait connaître son opinion sur un des plus beaux et des 
plus glorieux exploits de la Grèce, en disant que la guerre de Troie avait 
été follement entreprise pour une femme méprisable. « Il est évident, 
dit-il, que si ces femmes n'y eussent consenti, on ne les aurait pas 
enlevées. » Disons donc aussi que les dieux ont eu tort de faire éclater 
leur colère contre les Lacédémoniens, pour venger les filles de Scédasus 
que deux de leurs citoyens avaient violées à Leuctres, et de punir Ajax de 
l'outrage qu'il avait fait à Cassandre; car il est certain, d'après Hérodote, 
que ces filles n'ont été insultées que parce qu'elles l'ont bien voulu. Cependant 
il raconte lui-même qu'Aristhomène fut enlevé par les Lacédémoniens ; 
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