[747] Ἔτι τοίνυν τοῖς μὲν πρὸς τοὺς γέλωτας εὐκαταφόροις (747a) φύσει καὶ
προχείροις μάλιστα φεύγειν προσήκει καὶ φυλάττεσθαι τοὺς γαργαλισμοὺς καὶ
τὰς ψηλαφήσεις, ἐν αἷς τὰ λειότατα τοῦ σώματος ὀλισθάνοντα καὶ συρρέοντα
κινεῖ καὶ συνεξορμᾷ τὸ πάθος· ὅσοι δὲ πρὸς δόξαν ἐμπαθέστερον ἐρρυήκασι,
τούτοις ἄν τις οὐχ ἥκιστα παραινέσειεν ἀπέχεσθαι τοῦ σφᾶς αὐτοὺς ἐπαινεῖν,
ὅταν ὑπ´ ἄλλων ἐπαινῶνται. Δεῖ γὰρ ἐρυθριᾶν ἐπαινούμενον οὐκ ἀπερυθριᾶν,
καὶ καταστέλλειν τοὺς μέγα τι περὶ αὑτῶν λέγοντας οὐκ ἐλέγχειν ὡς
ἐνδεέστερον ἐπαινοῦντας· ὅπερ οἱ πολλοὶ ποιοῦσιν, ὑπομιμνήσκοντες αὐτοὶ
καὶ (747c) προσεμφοροῦντες ἄλλας τινὰς πράξεις καὶ ἀνδραγαθίας, ἄχρι οὗ τῷ
παρ´ αὑτῶν καὶ τὸν παρ´ ἑτέρων ἔπαινον διαφθείρωσιν. Ἔνιοι μὲν οὖν
κολακεύοντες αὐτοὺς ὥσπερ γαργαλίζουσι καὶ φυσῶσιν, ἔνιοι δὲ κακοήθως οἷόν
τι δέλεαρ μικρὸν εὐλογίας ὑποβάλλοντες ἐκκαλοῦνται τὴν περιαυτολογίαν, οἱ
δὲ προσπυνθάνονται καὶ διερωτῶσιν, ὡς παρὰ τῷ Μενάνδρῳ τὸν στρατιώτην, ἵνα
γελάσωσι·
« Πῶς τὸ τραῦμα τοῦτ´ ἔχεις; »
« μεσαγκύλῳ. » « Πῶς πρὸς θεῶν » ; « ἐπὶ κλίμακα
πρὸς τεῖχος ἀναβαίνων. » « Ἐγὼ μὲν δεικνύω
ἐσπουδακώς, οἱ δὲ πάλιν ἐπεμυκτήρισαν. »
Ἐν ἅπασιν οὖν τούτοις εὐλαβητέον ὡς ἔνι μάλιστα, μήτε συνεκπίπτοντα τοῖς
ἐπαίνοις μήτε ταῖς (747d) ἐρωτήσεσιν ἑαυτὸν προϊέμενον. Ἐντελεστάτη δὲ
τούτων εὐλάβεια καὶ φυλακὴ τὸ προσέχειν ἑτέροις ἑαυτοὺς ἐπαινοῦσι καὶ
μνημονεύειν, ὡς ἀηδὲς τὸ πρᾶγμα καὶ λυπηρὸν ἅπασι καὶ λόγος ἄλλος οὐδεὶς
οὕτως ἐπαχθὴς οὐδὲ βαρύς. Οὐδὲ γὰρ ἔχοντες εἰπεῖν ὅ τι πάσχομεν ἄλλο κακὸν
ὑπὸ τῶν αὑτοὺς ἐπαινούντων ὥσπερ φύσει βαρυνόμενοι τὸ πρᾶγμα καὶ φεύγοντες
ἀπαλλαγῆναι καὶ ἀναπνεῦσαι σπεύδομεν· ὅπου καὶ κόλακι καὶ παρασίτῳ καὶ
δεομένῳ δύσοιστον ἐν χρείᾳ καὶ δυσεγκαρτέρητον ἑαυτὸν ἐγκωμιάζων πλούσιός
τις ἢ σατράπης ἢ βασιλεύς, καὶ
« Συμβολὰς ταύτας ἀποτίνειν μεγίστας »
(747e) λέγουσιν, ὡς ὁ παρὰ Μενάνδρῳ·
« Σφάττει με, λεπτὸς γίνομ´ εὐωχούμενος·
τὰ σκώμμαθ´ οἷα τὰ σοφὰ καὶ στρατηγικά·
οἷος δ´ ἀλαζών ἐστιν ἁλιτήριος. »
Ταῦτα γὰρ οὐ πρὸς στρατιώτας μόνον οὐδὲ νεοπλούτους εὐπάρυφα καὶ σοβαρὰ
διηγήματα περαίνοντας, ἀλλὰ καὶ πρὸς σοφιστὰς καὶ φιλοσόφους καὶ
στρατηγοὺς ὀγκουμένους ἐφ´ ἑαυτοῖς καὶ μεγαληγοροῦντας εἰωθότες πάσχειν
καὶ λέγειν, ἂν μνημονεύωμεν, ὅτι τοῖς ἰδίοις ἐπαίνοις ἀλλότριος ἕπεται
ψόγος ἀεὶ καὶ γίνεται τέλος ἀδοξία τῆς κενοδοξίας ταύτης καὶ τὸ λυπεῖν
τοὺς ἀκούοντας, ὡς ὁ (747f) Δημοσθένης φησί (,), περίεστιν οὐ τὸ δοκεῖν εἶναι
τοιούτους, ἀφεξόμεθα τοῦ λέγειν περὶ αὑτῶν, ἂν μή τι μεγάλα μέλλωμεν
ὠφελεῖν ἑαυτοὺς ἢ τοὺς ἀκούοντας.
| [747] Les personnes qui ont trop de pente à rire doivent (747a) éviter toute
espèce de chatouillement dans ces parties du corps où la peau, plus douce
et plus susceptible d'impressions vives, excite facilement le rire. On
peut aussi donner pour conseil à ceux qui se laissent aisément emporter
à l'amour de la gloire, de ne jamais faire leur éloge quand
d'autres les louent. Il faut rougir des louanges qu'on nous donne et non
les écouter avec impudence. Il convient même d'arrêter ceux qui parlent de
nous trop avantageusement, loin d'avoir l'air de nous plaindre qu'ils n'en
disent pas assez. C'est pourtant ce qu'on voit faire à bien des gens qui,
(747c) dans ces occasions, rappellent d'autres belles actions qu'ils ont
faites, et par là ôtent tout le prix aux louanges qu'ils se donnent, et
même à celles qu'ils reçoivent des autres. Il en est qui, par un
amour-propre ridicule, se chatouillent eux-mêmes, et se remplissent de
vent. Les auditeurs, par une louange malignement donnée comme par un appât
qui les amorce, les attirent à parler d'eux-mêmes, ou, par des questions
insidieuses, ils les font tomber dans le piége pour avoir de quoi rire à leurs dépens.
On en voit un exemple dans le soldat glorieux de Ménandre.
UN PERSONNAGE.
Seigneur, apprenez-nous d'où vient cette blessure.
LE SOLDAT.
Je, fus frappé d'un trait,
LE PERSONNAGE.
Dieux! par quelle aventure?
LE SOLDAT.
En montant à l'assaut. J'étais de bonne foi;
Je leur montre ma plaie, ils se moquent de moi.
Dans toutes ces occasions il faut bien prendre garde de ne pas nous
laisser emporter par l'amour des louanges, ou amorcer par (747b) les
questions qu'on nous fait. Le meilleur moyen de s'en garantir est
d'observer ceux qui se louent eux-mêmes, et de considérer combien ils
déplaisent et se rendent odieux à tout le monde. Car, sans pouvoir leur
reprocher aucun autre tort, par cela seul qu'ils se vantent, nous les
fuyons, nous cherchons à nous en délivrer comme d'un fardeau
insupportable. Les flatteurs eux-mêmes, les parasites, les gens qui sont
dans le besoin, souffrent impatiemment d'entendre un homme riche, un
grand seigneur ou un roi se louer eux-mêmes. Ils se plaignent qu'ils leur
font par là payer chèrement leur écot, (747e) comme un bouffon le dit dans
Ménandre :
En vérité cet homme est bien insupportable.
Je meurs auprès de lui, je maigris à sa table,
Quand j'entends les propos de sage et de guerrier.
Tant l'amour-propre est sot! tant son orgueil est fier !
Il a du scélérat l'audace et l'infamie.
Ce reproche ne s'adresse pas seulement aux militaires, aux nouveaux
parvenus qui nous ennuient sans cesse de leurs beaux contes, mais encore
aux sophistes, aux philosophes, aux magistrats qui, naturellement enflés
de leur mérite, parlent d'eux-mêmes avec présomption. Souvenons-nous donc
que les louanges qu'on se donne à soi-même attirent ordinairement la
censure des autres ; que cette vaine gloire mène presque toujours à la
honte, au mépris, et, comme le dit (747f) Démosthène, à l'indignation de
ceux qui nous entendent, et qui, d'ailleurs, ne nous en croient pas sur
notre parole. Par là nous éviterons de parler de nous-mêmes
avantageusement, à moins qu'il n'en doive résulter un grand avantage pour
nous ou pour ceux qui nous écoutent.
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