[14] ΠΩΣ ΔΕΙ ΤΟΝ ΝΕΟΝ ΠΟΙΗΜΑΤΩΝ ΑΚΟΥΕΙΝ.
(14d) Εἰ μέν, ὡς Φιλόξενος ὁ ποιητὴς ἔλεγεν, ὦ (14e) Μάρκε Σήδατε, τῶν
κρεῶν τὰ μὴ κρέα ἥδιστά ἐστι καὶ τῶν ἰχθύων οἱ μὴ ἰχθύες, ἐκείνοις
ἀποφαίνεσθαι παρῶμεν οἷς ὁ Κάτων ἔφη τῆς καρδίας τὴν ὑπερῴαν
εὐαισθητοτέραν ὑπάρχειν. Ὅτι δὲ τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ λεγομένων οἱ σφόδρα νέοι
τοῖς μὴ δοκοῦσι φιλοσόφως μηδ´ ἀπὸ σπουδῆς λέγεσθαι χαίρουσι μᾶλλον καὶ
παρέχουσιν ὑπηκόους ἑαυτοὺς καὶ χειροήθεις, δῆλόν ἐστιν ἡμῖν. Οὐ γὰρ μόνον
τὰ Αἰσώπεια μυθάρια καὶ τὰς ποιητικὰς ὑποθέσεις ἀλλὰ καὶ τὸν Ἄβαριν τὸν
Ἡρακλείδου καὶ τὸν Λύκωνα τὸν Ἀρίστωνος διερχόμενοι καὶ τὰ περὶ τῶν ψυχῶν
δόγματα μεμιγμένα μυθολογίᾳ μεθ´ ἡδονῆς ἐνθουσιῶσι. (14f) Διὸ δεῖ μὴ μόνον
ἐν ταῖς περὶ ἐδωδὴν καὶ πόσιν ἡδοναῖς διαφυλάττειν εὐσχήμονας αὐτούς, ἔτι
δὲ μᾶλλον ἐν ταῖς ἀκροάσεσιν καὶ ἀναγνώσεσιν ἐθίζειν, ὥσπερ ὄψῳ χρωμένους
μετρίως τῷ τέρποντι, τὸ χρήσιμον ἀπ´ αὐτοῦ καὶ τὸ σωτήριον διώκειν. Οὔτε
γὰρ πόλιν αἱ κεκλειμέναι πύλαι τηροῦσιν ἀνάλωτον, ἂν διὰ μιᾶς παραδέξηται
τοὺς πολεμίους, οὔτε νέον αἱ περὶ τὰς ἄλλας ἡδονὰς ἐγκράτειαι σῴζουσιν,
| [14] SUR LA MANIÈRE DE LIRE LES POÈTES.
(14d) Est-il vrai, mon cher (14e) Sédatus, que les poissons et les viandes
qui tiennent le moins de leur espèce respective soient aussi, comme le
veut le poète Philoxène, les plus agréables au goût? C'est un
problème que nous laisserons résoudre à ceux qui, selon la pensée de
Caton, ont le palais plus sensible que le cœur. Un point plus important,
et que nous ne mettrons pas même en question, c'est que, dans les matières
philosophiques, les jeunes gens adoptent plus volontiers ce qu'il y a de
moins philosophique et de moins sérieux; ils lisent avec une sorte
d'enthousiasme, non seulement les fables d'Ésope et les ouvrages remplis
de fictions poétiques, tels que l'Abaris d'Héraclide et le Lycon d'Ariston,
mais encore les écrits des philosophes sur la nature et les
attributs de l'âme, lorsqu'ils sont égayés par les ornements de la fable.
(14f) Il ne suffit donc pas de leur faire observer une exacte tempérance
dans leurs repas ; il faut aussi veiller sur leurs lectures, les
accoutumer à user avec modération des assaisonnements agréables qu'elles
leur offrent, et à faire, de ce qu'ils y trouvent d'utile et de solide, le
fond de leur nourriture. Inutilement fermerait-on les portes d'une ville,
si on en laissait une seule ouverte par où l'ennemi pût la surprendre ; de
même, la vigilance la plus exacte sur tous les autres sens ne préservera
pas un jeune homme de la corruption,
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