[13] Ἀλλὰ τί δεῖ περὶ ταῦτα διατρίβειν, ἃ σαφὲς
οὐδὲν οὐδ´ ὡρισμένον ἔχει τῷ καὶ τὰ γράμματα διαφθαρῆναι
τῶν Ῥωμαίων καὶ συγχυθῆναι τοὺς ὑπ´ αὐτῶν
ὑπομνηματισμούς, ὡς Λίβιος ἱστόρηκε; τὰ γὰρ
ὕστερον μᾶλλον ὄντα δῆλα καὶ καταφανῆ δεικνύει τὴν
τῆς Τύχης εὐμένειαν. ἐγὼ δὲ ταύτης τίθεμαι καὶ
τὴν Ἀλεξάνδρου τελευτήν, ἀνδρὸς εὐτυχήμασι μεγάλοις
καὶ κατορθώμασι λαμπροῖς ὑπὸ θάρσους ἀμάχου καὶ
φρονήματος ὥσπερ ἄστρου φερομένου {καὶ} διᾴττοντος
ἐπὶ δυσμὰς ἐξ ἀνατολῶν καὶ βάλλοντος ἤδη τὰς τῶν
ὅπλων αὐγὰς εἰς τὴν Ἰταλίαν· ὡς πρόφασις μὲν ἦν
αὐτῷ τῆς στρατείας ὁ Μολοττὸς Ἀλέξανδρος ὑπὸ Βρεττίων
καὶ Λευκανῶν περὶ Πανδοσίαν κατακεκομμένος,
ὁ δ´ ἄγων αὐτὸν ὡς ἀληθῶς ἐπὶ πάντας ἀνθρώπους
δόξης ἔρως καὶ ἡγεμονίας ζῆλον ἔσχε καὶ ἅμιλλαν
ὑπερβαλέσθαι τὰ Διονύσου καὶ Ἡρακλέους πέρατα τῇ
στρατηλασίᾳ, τῆς δ´ Ἰταλίας ἐπυνθάνετο τὴν ἐν Ῥώμῃ
δύναμιν καὶ ἀλκὴν ὥσπερ στόμωμα προτεταγμένην,
ὄνομα γὰρ καὶ δόξα τούτων ἐπιφανεστάτη διεπέμπετο
πρὸς αὐτὸν ὥσπερ ἀθλητῶν μυρίοις ἐγγεγυμνασμένων
πολέμοις,
’οὐ γὰρ ἀναιμωτί γε διακρινθήμεναι οἴω,‘
συμπεσόντων ὅπλοις ἀνικήτοις φρονημάτων ἀδουλώτων.
πλῆθος μὲν γὰρ ἦσαν οὗτοι τρισκαίδεκα μυριάδων
οὐκ ἐλάττους, πολεμικοὶ δὲ καὶ ἀνδρώδεις ἅπαντες,
’ἐπιστάμενοι μὲν ἀφ´ ἵππων
ἀνδράσι μάρνασθαι καὶ ὅθι χρὴ πεζὸν ἐόντα.‘ - - -.
| [13] Mais pourquoi s'arrêter sur des détails qui sont,
comme le dit Tite Live, si obscurs et si douteux en raison
des désastres arrivés dans les affaires romaines et de la
confusion des souvenirs? Les événements postérieurs, mieux
connus et plus certains, prouvent à eux seuls la bienveillance
de la Fortune. Pour moi, je mets au nombre des bienfaits
de cette déesse la mort d'Alexandre, prince si remarquable
par ses prospérités prodigieuses, ses brillantes victoires,
son audace invincible et sa grande âme. Semblable
à un astre qui dirige sa course lumineuse de l'aurore au
couchant, Alexandre tournait déjà du côté de l'Italie l'éclat
de ses armes. Il semblait avoir un prétexte pour y tenter
une expédition : c'était la mort d'Alexandre, roi des Molosses,
que les Bruttiens et les Lucaniens avaient massacré
près de Pandosie. Mais ce qui l'attirait en réalité à la lutte,
c'était cet amour de gloire qui le portait contre l'humanité
entière; cette soif, ce jaloux besoin de suprématie, qui lui
faisait désirer de pousser ses conquêtes plus loin que les
Hercule et les Bacchus. Il savait que dans l'Italie il trouverait
la force et la vigueur romaine dressée contre lui,
comme un glaive de trempe solide. Le nom et la gloire
des Romains étaient arrivés jusqu'à lui entourés d'un brillant
prestige, et il voyait en eux des athlètes exercés par des
guerres sans nombre.
"Quels larges flots de sang eût coûtés cette lutte"!
Lutte dans laquelle se seraient trouvés engagés, d'une part,
des armes jusque-là invincibles, et de l'autre des cœurs qui
ne pouvaient se résigner à la servitude. Le nombre des deux
armées aurait pu s'élever au moins à cent trente mille hommes,
tous belliqueux et braves, tous
"Aussi bons cavaliers que fantassins solides". - - -.
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