[1,1] Οὗτος ὁ τῆς Τύχης λόγος ἐστίν, ἴδιον καὶ μόνης
αὑτῆς ἔργον ἀποφαινομένης Ἀλέξανδρον. δεῖ δ´ ἀντειπεῖν
ὑπὲρ φιλοσοφίας, μᾶλλον δ´ ὑπὲρ Ἀλεξάνδρου
δυσχεραίνοντος καὶ ἀγανακτοῦντος, εἰ προῖκα δόξει καὶ
παρὰ τῆς Τύχης λαβεῖν τὴν ἡγεμονίαν, ἣν ὤνιον αἵματος
πολλοῦ καὶ τραυμάτων ἐπαλλήλων κτώμενος
"πολλὰς μὲν ἀύπνους νύκτας ἴαυεν,
ἤματα δ´ αἱματόεντα διέπρησσεν πολεμίζων"
πρὸς ἀμάχους δυνάμεις καὶ ἄπειρα φῦλα καὶ ποταμοὺς
ἀπεράτους καὶ πέτρας ἀτοξεύτους, εὐβουλίᾳ καὶ ἀνδρείᾳ
καὶ καρτερίᾳ καὶ σωφροσύνῃ παραπεμπόμενος.
| [1,1] - - - Voilà donc comment s'exprime la Fortune : elle
présente Alexandre comme son propre ouvrage à elle seule.
Il faut lui répondre au nom de la Philosophie, ou plutôt au
nom d'Alexandre lui-même. Le héros ne serait-il pas mécontent
et indigné s'il paraissait avoir reçu gratuitement, et
de la Fortune, un empire qu'il acheta au prix de tant de sang
et de blessures sans nombre?
"Que de nuits sans sommeil, et que de jours sanglants
Au milieu des combats"!
Et souffrirait-il que l'on comptât pour rien les peuples
jusqu'alors invincibles, les nations innombrables, les fleuves
jusque-là non franchis, les rochers hors de la portée des
traits, enfin tous les obstacles dont il triompha par sa prudence,
sa fermeté, sa valeur et sa modération?
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