HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur l'exil

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] Ἀλλ´ ἐπονείδιστον φυγάς ἐστι; παρά γε τοῖς ἄφροσιν, οἳ καὶ τὸν πτωχὸν λοιδόρημα ποιοῦνται καὶ τὸν φαλακρὸν καὶ τὸν μικρὸν καὶ νὴ Δία τὸν ξένον καὶ τὸν μέτοικον. ἀλλὰ μὴν οἱ μὴ τούτοις ὑποφερόμενοι θαυμάζουσι τοὺς ἀγαθούς, κἂν πένητες ὦσι κἂν ξένοι κἂν φυγάδες. ἀλλ´ οὐχ ὁρῶμεν, ὥσπερ τὸν Παρθενῶνα καὶ τὸ Ἐλευσίνιον, οὕτω καὶ τὸ Θησεῖον ἅπαντας προσκυνοῦντας; καὶ μὴν ἔφυγε Θησεὺς ἐξ Ἀθηνῶν, δι´ ὃν οἰκοῦσι νῦν {εἰς} Ἀθήνας ἄνθρωποι, καὶ πόλιν ἀπέβαλεν ἣν οὐκ ἔσχεν ἀλλ´ αὐτὸς ἐποίησε. τῇ δ´ Ἐλευσῖνι τί λείπεται καλόν, ἂν αἰσχυνώμεθα τὸν Εὔμολπον, ὃς ἐκ Θρᾴκης μεταστὰς ἐμύησε καὶ μυεῖ τοὺς Ἕλληνας; Κόδρος δὲ τίνος ὢν ἐβασίλευσεν; οὐ Μελάνθου φυγάδος ἐκ Μεσσήνης; τὸ δὲ τοῦ Ἀντισθένους οὐκ ἐπαινεῖς πρὸς τὸν εἰπόντα ὅτιΦρυγία σού ἐστιν μήτηρ,’ ‘καὶ γὰρ τῶν θεῶν’; τί οὖν οὐ καὶ σὺ λοιδορούμενος φυγὰς ἀποκρίνῃκαὶ γὰρ τοῦ Ἡρακλέους τοῦ καλλινίκου πατὴρ φυγὰς ἦν, καὶ τοῦ Διονύσου πάππος, ὡς ἐξεπέμφθη τὴν Εὐρώπην ἀνευρεῖν, οὐδ´ αὐτὸς ἐπανῆλθεΦοίνιξ πεφυκώς, ἐκ δ´ ὁρίζεται γένοςεἰς τὰς Θήβας παραγενόμενοςεὔιον ὀρσιγύναικα Διόνυσον μαινομέναις ἀνθέοντα τιμαῖς‘; καὶ περὶ μὲν ὧν Αἰσχύλος ᾐνίξατο καὶ ὑπεδήλωσεν εἰπώνἁγνόν τ´ Ἀπόλλω φυγάδ´ ἀπ´ οὐρανοῦ θεόν’ ‘εὔστομά μοι κείσθωκαθ´ Ἡρόδοτον, δ´ Ἐμπεδοκλῆς ἐν ἀρχῇ τῆς φιλοσοφίας προαναφωνήσαςἔστιν ἀνάγκης χρῆμα, θεῶν ψήφισμα παλαιόν, εὖτέ τις ἀμπλακίῃσι φόνῳ φίλα γυῖα μιήνῃ, δαίμονες οἵ τε μακραίωνος λελάχασι βίοιο, τρίς μιν μυρίας ὥρας ἀπὸ μακάρων ἀλάλησθαι. τὴν καὶ ἐγὼ νῦν εἶμι φυγὰς θεόθεν καὶ ἀλήτηςοὐχ ἑαυτόν, ἀλλ´ ἀφ´ ἑαυτοῦ πάντας ἀποδείκνυσι μετανάστας ἐνταῦθα καὶ ξένους καὶ φυγάδας ἡμᾶς ὄντας. ‘οὐ γὰρ αἷμαφησίνἡμῖν οὐδὲ πνεῦμα συγκραθέν, ἄνθρωποι, ψυχῆς οὐσίαν καὶ ἀρχὴν παρέσχεν, ἀλλ´ ἐκ τούτων τὸ σῶμα συμπέπλασται γηγενὲς καὶ θνητόν’, τῆς δὲ ψυχῆς ἀλλαχόθεν ἡκούσης δεῦρο τὴν γένεσιν ἀποδημίαν ὑποκορίζεται τῷ πραοτάτῳ τῶν ὀνομάτων. τὸ δ´ ἀληθέστατον, φεύγει καὶ πλανᾶται θείοις ἐλαυνομένη δόγμασι καὶ νόμοις, εἶθ´ ὥσπερ ἐν νήσῳ σάλον ἐχούσῃ πολύν, καθάπερ φησὶν Πλάτων, ‘ὀστρέου τρόπονἐνδεδεμένη τῷ σώματι διὰ τὸ μὴ ἀναφέρειν μηδὲ μνημονεύεινἐξ οἵης τιμῆς τε καὶ ὅσσου μήκεος ὄλβουμεθέστηκεν, οὐ Σάρδεων Ἀθήνας οὐδὲ Κορίνθου Λῆμνον Σκῦρον ἀλλ´ οὐρανοῦ καὶ σελήνης γῆν ἀμειψαμένη καὶ τὸν ἐπὶ γῆς βίον, ἂν μικρὸν ἐνταῦθα τόπον ἐκ τόπου παραλλάξῃ, δυσανασχετεῖ καὶ ξενοπαθεῖ καθάπερ φυτὸν ἀγεννὲς ἀπομαραινομένη. καίτοι φυτῷ μὲν ἔστι τις χώρα μᾶλλον ἑτέρας ἑτέρα πρόσφορος, ἐν τρέφεται καὶ βλαστάνει βέλτιον, ἀνθρώπου δ´ οὐδεὶς ἀφαιρεῖται τόπος εὐδαιμονίαν, ὥσπερ οὐδ´ ἀρετὴν οὐδὲ φρόνησιν. ἀλλ´ Ἀναξαγόρας μὲν ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ τὸν τοῦ κύκλου τετραγωνισμὸν ἔγραφε, Σωκράτης δὲ φάρμακον πίνων ἐφιλοσόφει καὶ παρεκάλει φιλοσοφεῖν τοὺς συνήθεις εὐδαιμονιζόμενος ὑπ´ αὐτῶν· τὸν δὲ Φαέθοντα καὶ τὸν Τάνταλον εἰς τὸν οὐρανὸν ἀναβάντας οἱ ποιηταὶ λέγουσι ταῖς μεγίσταις συμφοραῖς περιπεσεῖν διὰ τὴν ἀφροσύνην. [17] Mais, direz-vous, il peut arriver que quelques-uns reprochent à un banni son titre d'exilé. Ce sont alors des gens qui ne raisonnent point, des gens qui font un grief humiliant de ce qu'un homme est pauvre; de ce qu'il est chauve, petit, et en vérité aussi, de ce qu'il est étranger et loin de son pays. Or, ne voyons-nous pas que comme Minerve au Parthénon, comme Eleusis dans son temple, Thésée reçoit dans le sien les hommages de tous? Cependant Thésée fut banni d'Athènes. Oui : celui à qui les Athéniens doivent la cité qu'ils occupent aujourd'hui, fut chassé de cette ville. Et pourtant il ne la tenait pas d'un autre : c'était lui-même qui l'avait fondée. Dans Eleusis que reste-t-il d'honorable, si nous rougissons d'Eumolpe qui, se transportant de la Thrace, initia jadis et initie encore les Grecs aux mystères de Cérès? Codrus, un de nos rois, de qui était-il fils? N'était-ce pas de Mélanthus, un exilé de Messénie? Le mot d'Antisthène ne vous paraît-il pas louable? On lui disait que sa mère était Phrygienne : « La mère des Dieux aussi », répondit-il. Hercule, que ses victoires firent surnommer Callinique, avait pour père un banni. L'aïeul de Bacchus fut envoyé à la recherche d'Europe, et ne revint jamais. "Phrygien de naissance, il changea de patrie" ; et, s'étant établi à Thèbes, il fut la source d'où naissait plus tard "Bacchus, aux courses hasardeuses, De ses nourrices furieuses Suivant, excitant les transports". Quant à ce qu'Eschyle donne à entendre d'une façon énigmatique et seulement à mots couverts, en disant : "Et toi, chaste Apollon, qui fus banni du ciel", je garderai sur ce point bouche close, comme dit Hérodote. J'aime mieux citer la profession de foi émise par Empédocle au commencement de sa Philosophie : "Si, des nombreux démons unis aux corps humains, Par le meurtre il en est qui se souillent les mains, Longtemps ils gémiront dans un sort misérable : C'est du puissant Destin l'arrêt inévitable. Trente mille ans entiers ils sont bannis des cieux. Je subis aujourd'hui cet exil rigoureux". Mais ce n'est pas lui seul, c'est nous tous après lui, qu'à la suite de son émigration Empédocle déclare être ici-bas des étrangers et des bannis : «O hommes! nous dit-il, ce n'est ni le sang ni le souffle placé en nous qui ont donné à l'âme sa substance et son principe : ils n'ont servi qu'à composer les corps, matière terrestre et périssable. Pour la présence de l'âme, qui est venue d'un autre endroit ici-bas, Empédocle en déguise l'origine sous le nom de "voyage." C'était le mot le plus doux à lui donner. Mais il n'en est pas moins profondément vrai, qu'elle est exilée et errante, chassée qu'elle est par les décrets et les lois de la Divinité. Plus tard l'âme est attachée à un corps, comme une huître à un roc dans une île battue constamment par les flots de la mer. "Elle a oublié, et ne se rappelle plus De quel degré de gloire et de félicité elle est descendue". Ce n'est pourtant pas le séjour d'Athènes au lieu de Sardes, le séjour de Corinthe au lieu de Lemnos ou de Scyros; c'est le ciel, c'est la lune, que l'âme a ainsi échangés contre la terre et contre une vie terrestre. Et cependant, pour peu que, même ici-bas, il lui faille se transporter d'un lieu dans un autre, elle s'impatiente, elle est malheureuse, elle se flétrit comme une chétive plante. Encore pour une plante, y a-t-il certain terrain plus propice que tel autre terrain sur lequel elle se nourrit et germe mieux. Mais en ce qui regarde l'homme, il n'est pas de lieu qui doive lui enlever son bonheur, non plus que sa force d'âme et sa prudence. Anaxagore en prison décrivait la quadrature du cercle; Socrate, après avoir pris la ciguë, s'entretenait de matières philosophiques; il exhortait ses amis à se vouer à la philosophie, et ils enviaient tous son bonheur. Au contraire, un Phaéthon, un Tantale, qui étaient montés jusque dans le ciel, tombèrent, nous disent les poètes, dans les plus grands malheurs, par suite de leur folie et de leur imprudence.


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Dernière mise à jour : 3/02/2006