[1] Τῶν λόγων ἀρίστους καὶ βεβαιοτάτους ὥσπερ τῶν
φίλων φασὶν εἶναι τοὺς ἐν ταῖς συμφοραῖς παρόντας ὠφελίμως
καὶ βοηθοῦντας, ἐπεὶ πάρεισί γε πολλοὶ καὶ προσδιαλέγονται
τοῖς ἐπταικόσιν, ἀλλ´ ἀχρήστως μᾶλλον δὲ
βλαβερῶς καθάπερ ἀκόλυμβοι πνιγομένοις ἐπιχειροῦντες
βοηθεῖν περιπλεκόμενοι καὶ συγκαταδύνοντες· δεῖ δὲ τὸν
παρὰ τῶν φίλων καὶ τῶν βοηθούντων λόγον παρηγορίαν
εἶναι μὴ συνηγορίαν τοῦ λυποῦντος· οὐ γὰρ συνδακρυόντων
καὶ συνεπιθρηνούντων ὥσπερ χορῶν τραγικῶν ἐν
τοῖς ἀβουλήτοις χρείαν ἔχομεν, ἀλλὰ παρρησιαζομένων
καὶ διδασκόντων ὅτι τὸ λυπεῖσθαι καὶ τὸ ταπεινοῦν
ἑαυτὸν ἐπὶ παντὶ μὲν ἄχρηστόν ἐστι καὶ γιγνόμενον κενῶς
καὶ ἀνοήτως, ὅπου δ´ αὐτὰ τὰ πράγματα δίδωσιν ὑπὸ τοῦ
λόγου ψηλαφηθέντα καὶ ἀνακαλυφθέντα πρὸς ἑαυτὸν εἰπεῖν
‘οὐδὲν πέπονθας δεινόν, ἂν μὴ προσποιῇ’,
κομιδῇ γελοῖόν ἐστι μὴ τῆς σαρκὸς πυνθάνεσθαι τί πέπονθε
μηδὲ τῆς ψυχῆς εἰ διὰ τὸ σύμπτωμα τοῦτο χείρων
γέγονεν, ἀλλὰ τοῖς ἔξωθεν συναχθομένοις καὶ συναγανακτοῦσι
διδασκάλοις χρῆσθαι τῆς λύπης.
| [1] Il en est, dit-on, des discours comme des amis. Les
meilleurs et les plus solides sont ceux qui nous assistent utilement
au sein de l'affliction et nous deviennent secourables.
Il s'en présente, il est vrai, un grand nombre adressés à ceux
qui subissent des échecs : mais ces discours n'ont aucune efficacité,
ou plutôt ils sont nuisibles. Il en est d'eux comme
de gens qui, ne sachant pas nager, tentent d'en secourir
d'autres qui se noient : ceux-ci s'enlacent à eux, et ils disparaissent
ensemble dans l'abîme. Le langage qui vient des
amis, et d'amis réellement secourables, doit profiter à notre
consolation, et non pas justifier ce qui nous afflige. Ce n'est
pas de gens qui pleurent et se lamentent avec nous, comme
il se fait dans les choeurs de tragédie, que nous avons besoin
au milieu des tribulations. Il faut alors des amis parlant
avec franchise, et nous faisant comprendre que gémir et
s'abaisser soi-même n'offre d'abord, en tout état de cause,
aucun profit, et est à la fois vain et insensé ; et qu'en outre,
là où les affaires mêmes, quand on a su les manier par la
raison et les mettre à découvert, donnent occasion de se dire :
"Ton mal n'en est pas un, si tu veux être franc",
là il est souverainement ridicule de ne pas demander à sa
chair si elle est endommagée, à son âme si tel événement
l'a rendue pire, mais de s'en rapporter à la douleur, à l'indignation
de personnes étrangères, pour recevoir des leçons de chagrin.
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