[11] Ὁ μὲν οὖν ἡμέτερος λόγος ἐπὶ κεφαλαίων εἰπεῖν
τοιοῦτός τις ἂν εἴη, ὁ δὲ τούτων ἐναντίος οὐ μόνον ἐν
εἱμαρμένῃ ἀλλὰ καὶ καθ´ εἱμαρμένην πάντα τίθεται, πάντα
δὲ θατέρῳ συνᾴδει· τὰ δὲ τῷ ἑτέρῳ συνῳδὰ δῆλον ὅτι
καὶ θατέρῳ. κατὰ μὲν οὖν τόνδε τὸν λόγον τὸ ἐνδεχόμενον
εἴρηται καὶ τό γ´ ἐφ´ ἡμῖν δεύτερον καὶ τρίτον
ἥ τε τύχη καὶ τὸ αὐτόματον καὶ ὅσα κατ´ αὐτά· ἔπαινος
δὲ καὶ ψόγος καὶ τὰ τούτων συγγενῆ τέταρτα, πέμπτον δὲ
καὶ ἐπὶ πᾶσιν εὐχαὶ θεῶν καὶ θεραπεῖαι λεγέσθω· ἀργοὶ
δὲ καὶ θερίζοντες λόγοι καὶ ὁ παρὰ τὴν εἱμαρμένην ὀνομαζόμενος
σοφίσμαθ´ ὡς ἀληθῶς κατὰ τοῦτον τὸν λόγον
τυγχάνει ὄντα. κατὰ δὲ τὸν ἐναντίον μάλιστα μὲν καὶ
πρῶτον εἶναι δόξειε τὸ μηδὲν ἀναιτίως γίγνεσθαι
ἀλλὰ κατὰ προηγουμένας αἰτίας, δεύτερον δὲ τὸ φύσει
διοικεῖσθαι τόνδε τὸν κόσμον σύμπνουν καὶ συμπαθῆ
αὐτὸν αὑτῷ ὄντα, τρίτον δέ, ἃ πρὸς τούτοις μαρτύρια
μᾶλλον ἔοικεν εἶναι· μαντικὴ μὲν ἅπασιν ἀνθρώποις εὐδόκιμος
ὡς ἀληθῶς θεῷ 〈συν〉υπάρχουσα, ἡ δὲ τῶν σοφῶν
πρὸς τὰ συμβαίνοντα εὐαρέστησις, ὡς πάντα κατὰ μοῖραν
γιγνόμενα, δευτέρα, τρίτον δὲ τὸ πολυθρύλητον τοῦτο,
ὅτι πᾶν ἀξίωμα ἢ ἀληθές ἐστιν ἢ ψευδές. τούτων γε μὴν
ἐπὶ τοσοῦτον ἐμνήσθημεν, ἵνα ὡς ἐπὶ βραχὺ τὰ τῆς εἱμαρμένης
{κεφάλαια δηλωθείη}· ἃ χρὴ διερευνήσασθαι κατὰ
τὴν ἀκριβῆ βάσανον ἑκατέρου τῶν λόγων, τὰ δὲ καθ´
ἕκαστα τούτων ἐσαῦθις μέτιμεν.
| [11] Mon opinion, et je me résume, est donc telle que je
viens de la présenter. Mais ceux qui sont d'un sentiment
contraire, non seulement comprennent tout dans le Destin,
mais encore prétendent que tout se fait par le Destin. Cette
doctrine s'accorde entièrement avec l'autre, c'est-à-dire avec
celle des Stoïciens, et cet accord complet ne fait de toutes les
deux qu'une seule et même doctrine. Dans notre opinion, le
Contingent est en premier; ce qui est en notre pouvoir, vient
en second ; au troisième rang se placent la Fortune, le Hasard
et leurs conséquences ; au quatrième la louange, le
blâme, et tout ce qui s'y rapporte; au cinquième enfin, et
après tout le reste, se rangent les prières et les hommages
adressés aux dieux.
Pour les arguments appelés, l'un oiseux, l'autre les moissonneurs,
un autre contre le Destin, tout ce que je viens de
dire prouve véritablement que ce sont des sophismes. Pour
faire triompher l'opinion contraire à celle-là, ce qui semble
le premier et le plus fort raisonnement, c'est que rien ne se
fait sans cause; deuxièmement, c'est que ce monde-ci est
gouverné par la Nature, et que toutes les parties en conspirent
et en sympathisent ensemble. En troisième lieu, une
foule de témoignages viennent de plus à l'appui de notre opinion.
C'est d'abord la divination, si accréditée chez tous les
hommes, comme émanant véritablement de Dieu. C'est, en
deuxième lieu, l'égalité avec laquelle les sages supportent
tout ce qui advient comme suite de leur destinée, Enfin,
c'est ce principe si communément répété, « que toute proposition
est vraie ou fausse. »
Telle est la substance de ce que j'ai voulu rappeler, afin
d'exposer brièvement la doctrine sommaire du Destin. Pour
ce qui est des recherches à faire dans le but de discuter
rigoureusement l'une et l'autre opinion, nous nous proposons
de les entreprendre ultérieurement en ce qui regarde chacune d'elles.
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