Texte grec :
[24] ‘Ἐγὼ τοίνυν’ ἔφη ‘τὸν μὲν Τιμάρχου λόγον ὥσπερ
ἱερὸν καὶ ἄσυλον ἀνακεῖσθαί φημι τῷ θεῷ χρῆναι· θαυμάζω
δ´ εἰ τοῖς ὑπὸ Σιμμίου λεγομένοις αὐτοῦ δυσπιστήσουσί
τινες, κύκνους μὲν (γὰρ) ἱεροὺς καὶ δράκοντας καὶ κύνας καὶ
ἵππους ὀνομάζοντες, ἀνθρώπους δὲ θείους εἶναι καὶ θεοφιλεῖς
ἀπιστοῦντες, καὶ ταῦτα τὸν θεὸν οὐ φίλορνιν ἀλλὰ
φιλάνθρωπον ἡγούμενοι. καθάπερ οὖν ἀνὴρ φίλιππος
οὐ πάντων ὁμοίως ἐπιμελεῖται τῶν ὑπὸ τὸ γένος, ἀλλ´
ἀεί τιν´ ἄριστον ἐξαιρῶν καὶ ἀποκρίνων καθ´ αὑτὸν ἀσκεῖ
καὶ τρέφει καὶ ἀγαπᾷ διαφερόντως, οὕτω καὶ ἡμῶν οἱ
ὑπὲρ ἡμᾶς τοὺς βελτίστους οἷον ἐξ ἀγέλης χαράξαντες
ἰδίας τινὸς καὶ περιττῆς παιδαγωγίας ἀξιοῦσι, οὐχ ὑφ´
ἡνίας οὐδὲ ῥυτήρων ἀλλὰ λόγῳ διὰ συμβόλων εὐθύνοντες·
ὧν οἱ πολλοὶ καὶ ἀγελαῖοι παντάπασιν ἀπείρως ἔχουσιν.
οὐδὲ γὰρ οἱ πολλοὶ κύνες τῶν θηρατικῶν σημείων οὐδ´
(οἱ πολλοὶ) ἵπποι τῶν ἱππικῶν συνιᾶσιν, ἀλλ´ οἱ μεμαθηκότες
εὐθὺς ἀπὸ σιγμοῦ τοῦ τυχόντος ἢ ποππυσμοῦ
τὸ προσταττόμενον αἰσθανόμενοι ῥᾳδίως εἰς ὃ δεῖ καθίστανται.
φαίνεται δὲ γιγνώσκων καὶ Ὅμηρος ἣν λέγομεν
διαφορὰν ἡμεῖς· τῶν γὰρ μάντεων οἰωνοπόλους τινὰς καλεῖ
καὶ ἱερεῖς, ἑτέρους δὲ τῶν θεῶν αὐτῶν διαλεγομένων
συνιέντας καὶ συμφρονοῦντας ἀποσημαίνειν οἴεται τὸ μέλλον,
ἐν οἷς λέγει
’τῶν δ´ Ἕλενος, Πριάμοιο φίλος παῖς, ξύνθετο θυμῷ
βουλήν, ἥ ῥα θεοῖσιν ἐφήνδανε μητιόωσι·‘
καί
’ὣς γὰρ ἐγὼν ὄπ´ ἄκουσα θεῶν αἰει γενετάων.‘
ὥσπερ γὰρ τῶν βασιλέων καὶ τῶν στρατηγῶν τὴν διάνοιαν
οἱ μὲν ἐκτὸς αἰσθάνονται καὶ γιγνώσκουσι πυρσοῖς
τισι καὶ κηρύγμασι καὶ ὑπὸ σαλπίγγων, τοῖς δὲ πιστοῖς
καὶ συνήθεσιν αὐτοὶ φράζουσιν, οὕτω τὸ θεῖον ὀλίγοις
ἐντυγχάνει δι´ αὑτοῦ καὶ σπανίως, τοῖς δὲ πολλοῖς σημεῖα
δίδωσιν, ἐξ ὧν ἡ λεγομένη μαντικὴ συνέστηκε. θεοὶ μὲν
(γὰρ) οὖν ὀλίγων ἀνθρώπων κοσμοῦσι βίον, οὓς ἂν ἄκρως
μακαρίους τε καὶ θείους ὡς ἀληθῶς ἀπεργάσασθαι βουληθῶσιν·
αἱ δ´ ἀπηλλαγμέναι γενέσεως ψυχαὶ καὶ σχολάζουσαι
τὸ λοιπὸν ἀπὸ σώματος, οἷον ἐλεύθεραι πάμπαν ἀφειμέναι,
δαίμονές εἰσιν ἀνθρώπων ἐπιμελεῖς καθ´ Ἡσίοδον.
ὡς γὰρ ἀθλητὰς καταλύσαντας ἄσκησιν
ὑπὸ γήρως οὐ τελέως ἀπολείπει τὸ φιλότιμον καὶ φιλοσώματον,
ἀλλ´ ἑτέρους ἀσκοῦντας ὁρῶντες ἥδονται καὶ
παρακαλοῦσι καὶ συμπαραθέουσιν, οὕτως οἱ πεπαυμένοι
τῶν περὶ τὸν βίον ἀγώνων δι´ ἀρετὴν ψυχῆς γενόμενοι
δαίμονες οὐ παντελῶς ἀτιμάζουσι τὰ ἐνταῦθα πράγματα
καὶ λόγους καὶ σπουδάς, ἀλλὰ τοῖς ἐπὶ ταὐτὸ γυμναζομένοις
τέλος εὐμενεῖς ὄντες καὶ συμφιλοτιμούμενοι πρὸς
τὴν ἀρετὴν ἐγκελεύονται καὶ συνεξορμῶσιν, ὅταν ἐγγὺς
ἤδη τῆς ἐλπίδος ἁμιλλωμένους καὶ ψαύοντας ὁρῶσιν.
οὐ γὰρ οἷς ἔτυχε συμφέρεται τὸ δαιμόνιον, ἀλλ´ οἷον ἐπὶ
τῶν νηχομένων ἐν θαλάττῃ τοὺς μὲν πελαγίους ἔτι καὶ
πρόσω τῆς γῆς φερομένους οἱ ἐπὶ γῆς ἑστῶτες σιωπῇ
θεῶνται μόνον, τοὺς δ´ ἐγγὺς ἤδη παραθέοντες καὶ παρεμβαίνοντες
ἅμα καὶ χειρὶ καὶ φωνῇ βοηθοῦντες ἀνασῴζουσιν,
οὗτος, ὦ - - - τοῦ δαιμονίου ὁ τρόπος· - - - ἡμᾶς
βαπτιζομένους ὑπὸ τῶν πραγμάτων καὶ σώματα πολλὰ
καθάπερ ὀχήματα μεταλαμβάνοντας αὐτοὺς ἐξαμιλλᾶσθαι
καὶ μακροθυμεῖν δι´ οἰκείας πειρωμένους ἀρετῆς σῴζεσθαι
καὶ τυγχάνειν λιμένος. ἥτις δ´ ἂν ἤδη διὰ μυρίων
γενέσεων ἠγωνισμένη μακροὺς ἀγῶνας εὖ καὶ προθύμως
(594) ψυχὴ τῆς περιόδου συμπεραινομένης κινδυνεύουσα | καὶ
φιλοτιμουμένη περὶ τὴν ἔκβασιν ἱδρῶτι πολλῷ τοῖς ἄνω
προσφέρηται, ταύτῃ τὸν οἰκεῖον οὐ νεμεσᾷ δαίμονα βοηθεῖν
ὁ θεὸς ἀλλ´ ἀφίησι τῷ προθυμουμένῳ· προθυμεῖται δ´
ἄλλος ἄλλην ἀνασῴζειν ἐγκελευόμενος, ἡ δὲ συνακούει διὰ
τὸ πλησιάζειν καὶ σῴζεται, μὴ πειθομένη δέ, ἀπολιπόντος
τοῦ δαίμονος, οὐκ εὐτυχῶς ἀπαλλάσσει.’
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Traduction française :
[24] «Pour moi, dit-il, je prétends que le discours
de Timarque doit rester consacré au dieu
comme un sanctuaire inviolable; mais je m'étonnerais
qu'on refusât créance à ce qu'a dit Simmias
lui-même : on appelle sacrés des cygnes, des serpents,
des chiens, des chevaux, et on refuse de
croire qu'il y a des hommes divins et aimés des
dieux, et cela quand on considère la divinité non
comme amie des oiseaux mais comme amie des
hommes ! Voyez un amateur de chevaux : au lieu
de prendre le même soin de tous les animaux de
cette espèce, il en affectionne toujours un tenu
pour meilleur, le met à part, le dresse particulièrement,
l'élève, le choie mieux que les autres ; de
même les êtres qui sont au-dessus de nous marquent,
comme dans un troupeau, les meilleurs
d'entre nous et les jugent dignes d'une éducation
particulière et supérieure, en les dirigeant, non par
la bride ou le fouet, mais par la raison, au moyen
de signes dont le reste du troupeau n'a pas la
moindre connaissance. Le commun des chiens
n'entend pas les signaux des veneurs, ni tous les
chevaux ceux de l'art hippique ; mais ceux qui ont
été dressés saisissent incontinent, au moindre sifflement,
au premier claquement de langue, l'ordre
qui leur est donné, et se mettent tout uniment à
leur tâche. Homère lui-même connaît visiblement
la distinction que nous signalons; parmi les devins,
il nomme les uns augures et prêtres ; quant
aux autres, il estime qu'ils prédisent l'avenir parce
qu'ils comprennent les dieux eux-mêmes et participent
à leurs pensées : «Hélénos, le fils de
Priam, a compris dans son coeur leur plan, que
les dieux, dans leur conseil, avaient adopté», et
«Ainsi ai-je entendu la voix des dieux toujours
vivants». Comme, en effet, la pensée des rois
et des chefs est saisie et comprise par ceux qui ne
sont pas de leur entourage d'après des feux, des
proclamations, ou des sonneries de trompettes,
tandis qu'à leurs fidèles et intimes ils l'indiquent
eux-mêmes, ainsi la divinité ne se montre en personne
qu'à peu de gens et rarement, tandis qu'à
la plupart elle donne des signes, dont se compose
ce qu'on appelle la mantique. Car les dieux règlent
la vie d'un petit nombre d'hommes qu'ils veulent
rendre exceptionnellement bienheureux et divins.
Mais les âmes délivrées de toute génération et
désormais libérées du corps, rendues à une liberté
totale, ces âmes sont «les démons qui prennent
soin des hommes», selon Hésiode. Les vieux
athlètes qui ne s'entraînent plus ne perdent pas
complètement leur goût pour la gloire et les
prouesses physiques et prennent plaisir à en voir
d'autres s'exercer, les encouragent, courent à côté
d'eux ; de même, ceux qui en ont fini avec les
luttes de la vie et, grâce à leur vertu, sont devenus
des démons ne méprisent pas totalement les affaires,
les propos, les émulations d'ici-bas; bienveillants
envers ceux qui s'étudient â atteindre la
même fin, ils mettent leur point d'honneur à les
diriger vers la vertu, les excitent, s'élancent avec
eux quand ils les voient s'efforcer tout près du but
et le toucher déjà. Car le démon ne s'associe pas â
n'importe qui; voyez les nageurs en mer; ceux qui
sont encore au large et dans le flot, loin de la terre,
les gens du rivage se contentent de les considérer
en silence ; mais ceux qui approchent, ils courent
à eux, entrent dans la mer pour les aider, les
secourent de la voix et de la main et les tirent de
l'eau ; c'est là, amis, la manière du démon. Tant
que nous sommes submergés par les affaires de ce
monde, que nous changeons bien des fois de corps
comme de véhicules, il nous laisse faire effort
nous-mêmes, durer, essayer par notre propre vertu
de nous sauver et d'atteindre le port. Mais l'âme
qui déjà, à travers d'innombrables générations, a
soutenu de longues luttes avec succès et ardeur et
qui, au terme du cycle, s'expose aux risques et s'efforce
d'aborder, qui, tout en sueur, tend vers le haut,
cette âme-là, Dieu ne lui refuse pas jalousement le
secours de son démon particulier, il cède au désir
du démon. Tel démon désire sauver telle âme par
ses exhortations. L'âme obéit parce qu'elle approche
et elle est sauvée; mais si elle n'obéit pas, le démon
la délaisse et elle retombe dans le malheur.»
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