| Texte grec :
 
 
  
  
   | [16] Ταῦτα τοῦ ἀδελφοῦ διελθόντος  ὁ Σιμμίας δὶς
  ἢ τρὶς ἐπινεύσας τῇ κεφαλῇ ‘μέγας’ ἔφη ‘μέγας ἀνήρ
  ἐστιν Ἐπαμεινώνδας, τούτου δ´ αἴτιος οὑτοσὶ Πολύμνις
  ἐξ ἀρχῆς τὴν ἀρίστην τροφὴν ἐν φιλοσοφίᾳ τοῖς παισὶ
  παρασκευασάμενος. ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων αὐτοὶ διαλύεσθε
  πρὸς αὑτούς, ὦ ξένε· τὸν δὲ Λῦσιν ἡμῖν, εἰ θέμις
  ἀκοῦσαι, πότερον ἄρα κινεῖς ἐκ τοῦ τάφου καὶ μετοικίζεις
  εἰς Ἰταλίαν ἢ καταμένειν ἐνταῦθα παρ´ ἡμῖν ἐάσεις εὐμενέσι
  καὶ φίλοις, ὅταν ἐκεῖ γενώμεθα, συνοίκοις χρησόμενον;’
  καὶ ὁ Θεάνωρ ἐπιμειδιάσας ‘ἔοικεν’ ἔφη ‘Λῦσις,
  ὦ Σιμμία, φιλοχωρεῖν οὐδενὸς τῶν καλῶν ἐνδεὴς γεγονὼς
  δι´ Ἐπαμεινώνδαν. ἔστι γάρ τι γιγνόμενον ἰδίᾳ
  περὶ τὰς ταφὰς τῶν Πυθαγορικῶν ὅσιον, οὗ μὴ τυχόντες
  οὐ δοκοῦμεν ἀπέχειν τὸ μακαριστὸν καὶ οἰκεῖον τέλος. ὡς
  οὖν ἔγνωμεν ἐκ τῶν ὀνείρων τὴν Λύσιδος τελευτήν (δια–
  γιγνώσκομεν δὲ σημείῳ τινὶ φαινομένῳ κατὰ τοὺς ὕπνους,
  εἴτε τεθνηκότος εἴτε ζῶντος εἴδωλόν ἐστιν), ἔννοια πολλοῖς
  ἐπεισῆλθεν, ὡς ἐπὶ ξένης ὁ Λῦσις ἄλλως κεκήδευται
  καὶ κινητέος ἐστὶν ἡμῖν ὅπως ἐκεῖ μεταλάχῃ τῶν
  νομιζομένων. τοιαύτῃ δὲ διανοίᾳ παραγενόμενος καὶ πρὸς
  τὸν τάφον εὐθὺς ὑπὸ τῶν ἐγχωρίων ὁδηγηθεὶς ἑσπέρας
  ἤδη χοὰς ἐχεόμην ἀνακαλούμενος τὴν Λύσιδος ψυχὴν κατελθεῖν
  ἀποθεσπίσουσαν ὡς χρὴ ταῦτα πράσσειν. προϊούσης
  δὲ τῆς νυκτὸς εἶδον μὲν οὐδέν, ἀκοῦσαι δὲ φωνῆς
  ἔδοξα τὰ ἀκίνητα μὴ κινεῖν· ὁσίως γὰρ ὑπὸ τῶν φίλων
  κεκηδεῦσθαι τὸ Λύσιδος σῶμα, τὴν δὲ ψυχὴν ἤδη κεκριμένην
  ἀφεῖσθαι πρὸς ἄλλην γένεσιν ἄλλῳ δαίμονι συλλαχοῦσαν.
  καὶ μέντοι καὶ συμβαλὼν ἕωθεν Ἐπαμεινώνδᾳ |
 (586)  καὶ τὸν τρόπον ἀκούσας ᾧ θάψειε Λῦσιν ἐπέγνων ὅτι
  καλῶς ἄχρι τῶν ἀπορρήτων πεπαιδευμένος ὑπ´ ἐκείνου
  τἀνδρὸς εἴη καὶ χρῷτο ταὐτῷ δαίμονι πρὸς τὸν βίον, εἰ μὴ
  κακὸς ἐγὼ τεκμήρασθαι τῷ πλῷ τὸν κυβερνήτην. μυρίαι
  μὲν γὰρ ἀτραποὶ βίων, ὀλίγαι δ´ ἃς δαίμονες ἀνθρώπους
  ἄγουσιν.’ ὁ μὲν οὖν Θεάνωρ ταῦτ´ εἰπὼν τῷ Ἐπαμεινώνδᾳ
  προσέβλεψεν, οἷον ἐξ ὑπαρχῆς ἀναθεώμενος αὐτοῦ
  τὴν φύσιν καὶ  τὸ εἶδος. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [16] A ces propos de mon frère, Simmias fit de 
la tête deux ou trois signes d'assentiment. «C'est 
un grand homme qu'Epaminondas, dit-il ; oui, 
vraiment grand ; et l'honneur en revient à Polymnis, 
qui dès le début a procuré à ses enfants 
la formation philosophique la meilleure. Mais, 
étranger, arrangez-vous là-dessus entre vous ; 
quant à notre Lysis, s'il est permis de le savoir, 
vas-tu l'enlever de sa tombe et le transporter 
en Italie, ou le laisseras-tu demeurer ici parmi 
nous, pour jouir de notre voisinage bienveillant 
et amical quand nous serons dans l'au-delà ?» 
Théanor dit en souriant : «Lysis a l'air, Simmias, 
de s'être attaché à ces lieux, oû, grâce à Epaminondas, 
rien ne lui a manqué de ce qui convenait. 
Il est en effet un rite que les Pythagoriciens observent 
entre eux pour la sépulture, et faute duquel 
nous ne croyons pas recevoir pleinement la récompense 
bienheureuse qui nous revient. Lors donc 
que nous avons appris par des songes la mort de 
Lysis (nous reconnaissons à un certain signe, qui 
se manifeste dans le sommeil, si l'apparition est 
d'un mort ou d'un vivant), beaucoup d'entre nous 
ont été pénétrés d'une inquiétude : peut-être, en 
terre étrangère, notre Lysis n'avait-il pas été enseveli 
comme il fallait et devions-nous faire translation 
de ses restes pour qu'il eût là-bas les cérémonies 
consacrées qui lui sont dues. Dans ce sentiment, 
je me suis présenté, et à peine les habitants 
m'eurent-ils guidé jusqu'au tombeau que dès le 
soir je répandais des libations, en évoquant l'âme 
de Lysis, pour qu'elle revint me déclarer comment 
j'aurais à me conduire. Au cours de la nuit, sans 
rien voir, je crus entendre une voix qui me disait 
de «ne pas déplacer ce qui ne devait pas changer 
de place» ; car le corps de Lysis avait été inhumé 
pieusement par ses amis, et l'âme, déjà séparée, 
s'était échappée vers une autre naissance, adjugée 
à un autre démon. En fait, je rencontrai dès l'aube 
Epaminondas, et informé de la façon dont il avait 
enterré Lysis, je reconnus qu'il avait été parfaitement 
instruit par ce grand homme, même des pratiques 
secrètes, et qu'Epaminondas avait pour diriger 
sa vie le même démon, si je ne conclus pas 
à faux de la navigation au pilote. Car innombrables 
sont les sentiers des existences, et rares ceux 
par lesquels les démons conduisent les hommes.» 
En disant ces mots, Théanor avait considéré Epaminondas, 
comme s'il eût contemplé, une fois de 
plus, ses traits et son caractère. |  |