| Texte grec :
 
 
  
  
   | [11] Καὶ ὁ Γαλαξίδωρος ‘οἴει γάρ,’ ἔφη ‘Θεόκριτε, τὸ
  Σωκράτους δαιμόνιον ἰδίαν καὶ περιττὴν ἐσχηκέναι δύναμιν,
  οὐχὶ τῆς κοινῆς μόριόν τι ἀνάγκης τὸν ἄνδρα πείρᾳ
  βεβαιωσάμενον ἐν τοῖς ἀδήλοις καὶ ἀτεκμάρτοις τῷ λογισμῷ
  ῥοπὴν ἐπάγειν; ὡς γὰρ ὁλκὴ μία καθ´ αὑτὴν οὐκ ἄγει
 (581) τὸν ζυγόν, | ἰσορροποῦντι δὲ βάρει προστιθεμένη κλίνει τὸ
  σύμπαν ἐφ´ ἑαυτήν, οὕτω πταρμὸς ἢ κληδὼν ἤ τι τοιοῦτον
  σύμβολον - - - καὶ κοῦφον ἐμβριθῆ διάνοιαν ἐπισπάσασθαι
  πρὸς πρᾶξιν· δυεῖν δ´ ἐναντίων λογισμῶν θατέρῳ
  προσελθὸν ἔλυσε τὴν ἀπορίαν τῆς ἰσότητος ἀναιρεθείσης,
  ὥστε κίνησιν γίγνεσθαι καὶ ὁρμήν.’ ὑπολαβὼν δ´ ὁ πατήρ
  ‘ἀλλὰ μήν’ ἔφη ‘καὶ αὐτός, ὦ Γαλαξίδωρε, Μεγαρικοῦ
  τινος ἤκουσα, Τερψίωνος δὲ ἐκεῖνος, ὅτι τὸ Σωκράτους
  δαιμόνιον πταρμὸς ἦν, ὅ τε παρ´ αὐτοῦ καὶ ὁ παρ´
  ἄλλων. ἑτέρου μὲν γὰρ πταρόντος ἐκ δεξιᾶς εἴτ´ ὄπισθεν
  εἴτ´ ἔμπροσθεν ὁρμᾶν αὐτὸν ἐπὶ τὴν πρᾶξιν, εἰ δ´ ἐξ ἀριστερᾶς,
  ἀποτρέπεσθαι· τῶν δ´ αὐτοῦ πταρμῶν τὸν μὲν
  ἔτι μέλλοντος βεβαιοῦν τὸν δ´ ἤδη πράσσοντος ἐπέχειν
  καὶ κωλύειν τὴν ὁρμήν. ἀλλ´ ἐκεῖνό μοι δοκεῖ θαυμαστόν,
  εἰ πταρμῷ χρώμενος οὐ τοῦτο τοῖς ἑταίροις ἀλλὰ δαιμόνιον
  εἶναι τὸ κωλῦον ἢ κελεῦον ἔλεγε· τύφου γὰρ ἂν
  ἦν τινος, ὦ φίλε, κενοῦ καὶ κόμπου τὸ τοιοῦτον, οὐκ ἀληθείας
  καὶ ἁπλότητος οἷς τὸν ἄνδρα μέγαν ὡς ἀληθῶς καὶ
  διαφέροντα τῶν πολλῶν γεγονέναι δοκοῦμεν, ὑπὸ φωνῆς
  ἔξωθεν ἢ πταρμοῦ τινος ὁπηνίκα τύχοι θορυβούμενον ἐκ
  τῶν πράξεων ἀνατρέπεσθαι καὶ προΐεσθαι τὸ δεδογμένον.
  αἱ δὲ Σωκράτους ὁρμαὶ τὸ - - - ἔχουσαι καὶ σφοδρότητα
  φαίνονται πρὸς ἅπαν, ὡς ἂν ἐξ ὀρθῆς καὶ ἰσχυρᾶς ἀφειμέναι
  κρίσεως καὶ ἀρχῆς· πενίᾳ γὰρ ἐμμεῖναι παρὰ πάντα
  τὸν βίον ἑκουσίως σὺν ἡδονῇ καὶ χάριτι τῶν διδόντων
  ἔχειν δυνάμενον καὶ φιλοσοφίας μὴ ἐκστῆναι πρὸς τοσαῦτα
  κωλύματα καὶ τέλος εἰς σωτηρίαν καὶ φυγὴν αὐτῷ σπουδῆς
  ἑταίρων καὶ παρασκευῆς εὐμηχάνου γενομένης μήτε
  καμφθῆναι λιπαροῦσι μήθ´ ὑποχωρῆσαι τῷ θανάτῳ πελάζοντι,
  χρῆσθαι δ´ ἀτρέπτῳ τῷ λογισμῷ πρὸς τὸ δεινόν,
  οὐκ ἔστιν ἀνδρὸς ἐκ κληδόνων ἢ πταρμῶν μεταβαλλομένην
  ὅτε τύχοι γνώμην ἔχοντος ἀλλ´ ὑπὸ μείζονος ἐπιστασίας
  καὶ ἀρχῆς ἀγομένου πρὸς τὸ καλόν. ἀκούω δὲ καὶ
  τὴν ἐν Σικελίᾳ τῆς Ἀθηναίων δυνάμεως φθορὰν προειπεῖν
  αὐτὸν ἐνίοις τῶν φίλων. καὶ πρότερον ἔτι τούτων Πυριλάμπης
  ὁ Ἀντιφῶντος ἁλοὺς ἐν τῇ διώξει περὶ Δήλιον ὑφ´
  ἡμῶν δορατίῳ τετρωμένος, ὡς ἤκουσε τῶν ἐπὶ τὰς σπονδὰς
  ἀφικομένων Ἀθήνηθεν, ὅτι Σωκράτης μετ´ Ἀλκιβιάδου
  καὶ Λάχητος ἐπὶ Ῥηγίστης καταβὰς ἀπονενοστήκοι,
  πολλὰ μὲν τοῦτον ἀνεκαλέσατο, πολλὰ δὲ φίλους τινὰς καὶ
  λοχίτας οἷς συνέβη μετ´ αὐτοῦ παρὰ τὴν Πάρνηθα φεύγουσιν
  ὑπὸ τῶν ἡμετέρων ἱππέων ἀποθανεῖν, ὡς τοῦ Σωκράτους
  δαιμονίου παρακούσαντας ἑτέραν ὁδὸν οὐχ ἣν
  ἐκεῖνος ἦγε τρεπομένους ἀπὸ τῆς μάχης. ταῦτα δ´ οἶμαι
  καὶ Σιμμίαν ἀκηκοέναι.’ ‘πολλάκις’ ὁ Σιμμίας ἔφη ‘καὶ
  πολλῶν· διεβοήθη γὰρ οὐκ ἠρέμα τὸ Σωκράτους Ἀθήνησιν
  ἐκ τούτων δαιμόνιον.’ |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [11] «Tu estimes donc, Théocritos, répliqua 
Galaxidôros, que le démon de Socrate possédait 
une vertu spéciale et exceptionnelle ? Tu ne crois 
pas que Socrate avait simplement acquis, par l'expérience, 
la maîtrise d'un certain terrain dans le 
domaine des liaisons nécessaires, et qu'ainsi, dans 
les situations incertaines et douteuses, il pouvait 
apporter un appoint de raisonnement qui faisait 
pencher la balance ? Un seul poids, en effet, ne
fait pas par lui-même incliner le fléau, mais ajouté 
à deux charges égales il entraîne le tout de son 
côté ; de même, un éternuement, un bruit ou tel 
autre signe de ce genre ne saurait, vu sa légèreté, 
attirer à l'action un esprit pondéré; mais quand 
deux raisons s'opposent, si le signe s'ajoute à l'une, 
il met fin à l'incertitude, en rompant l'équilibre : 
il y a mouvement et propension.»
Notre père intervint : «Moi aussi, Galaxidôros, 
dit-il, j'ai ouï-dire à un Mégarien, et celui-ci 
à Terpsion, que le démon de Socrate était un éternuement, 
le sien ou celui d'un autre. Si un autre 
éternuait à sa droite, soit derrière, soit devant, 
cela le poussait à agir ; si c'était à sa gauche, il en 
était détourné. Eternuait-il lui-même ? S'il hésitait 
encore à agir, il s'y décidait ; s'il agissait déjà, 
l'éternuement suspendait et réprimait sa propension. 
Mais ce qui me paraît déroutant, c'est que, 
s'il se réglait sur l'éternuement, il n'ait pas dit à 
ses compagnons que c'était là ce qui le retenait ou 
le poussait, mais ait attribué ce rôle au démon ; 
car enfin, s'en remettre à l'influence extérieure 
d'une voix ou d'un éternuement, se laisser, à la 
première rencontre, troubler et détourner de l'action, 
abandonner sa résolution, je vois là de l'illusion, 
de l'emphase, de la jactance ; je n'y reconnais pas 
cette sincérité, cette simplicité qui nous 
font trouver cet homme vraiment grand et supérieur 
à la multitude. Les impulsions de Socrate 
révèlent à tout propos ... et une fermeté, comme 
procédant d'un jugement et de principes droits 
et vigoureux. Rester volontairement fidèle à la 
pauvreté durant toute sa vie alors qu'il pouvait 
avoir de l'argent qu'on lui aurait offert avec joie 
et même reconnaissance, ne pas s'écarter de la philosophie 
malgré tant d'obstacles ; finalement, alors 
que le zèle de ses compagnons et des moyens faciles 
s'offraient à lui procurer le salut par la fuite, 
ne pas fléchir devant les instances ni reculer à l'approche 
de la mort, mais garder en face du danger 
des lumières immuables tout cela n'est pas de 
quelqu'un dont le jugement change au hasard 
d'un bruit ou d'un éternuement, mais d'un 
homme qu'une autorité et des principes plus relevés 
conduisent au bien. J'ai entendu dire aussi 
qu'il avait prédit à quelqu'un de ses amis la ruine 
de la puissance athénienne en Sicile. Et, plus anciennement 
encore, lorsque Pyrilampe fils d'Antiphon, au cours 
de la poursuite de Délion, fut 
fait prisonnier par nous, blessé d'un coup de lance,
et qu'il apprit, de ceux qui étaient arrivés d'Athènes 
pour négocier la trêve, que Socrate était revenu 
avec Alcibiade et Lachès en descendant sur Rhégisté, 
il s'exclama : Ah! Socrate, Socrate! Il criait 
aussi les noms des amis et compagnons d'armes 
qui avaient eu, en fuyant avec lui le long du Parnès, 
le malheur de tomber sous les coups de nos 
cavaliers, parce qu'ils avaient désobéi au démon 
de Socrate en fuyant la bataille par un autre chemin 
que celui oû il les guidait. Je suppose que 
Simmias a entendu raconter cela comme moi.» 
«Souvent, dit Simmias, et par bien des gens ; car 
le fait n'a pas médiocrement contribué à rendre fameux 
dans Athènes le démon de Socrate.» |  |