| [16] Καίτοι τούς γε τυράννους, οἷς ἀνάγκη πάντα γινώσκειν,
 ἐπαχθεστάτους ποιεῖ τὸ τῶν λεγομένων ὤτων καὶ
 προσαγωγέων γένος. ὠτακουστὰς μὲν οὖν πρῶτος ἔσχεν
 ὁ νόθος Δαρεῖος ἀπιστῶν ἑαυτῷ καὶ πάντας ὑφορώμενος
 καὶ δεδοικώς, τοὺς δὲ προσαγωγίδας | οἱ Διονύσιοι τοῖς
 Συρακοσίοις κατέμιξαν· ὅθεν ἐν τῇ μεταβολῇ τῶν πραγμάτων
 τούτους πρώτους οἱ Συρακόσιοι συλλαμβάνοντες ἀπετυμπάνιζον.
 καὶ γὰρ τὸ τῶν συκοφαντῶν γένος ἐκ τῆς τῶν
 πολυπραγμόνων φατρίας καὶ ἑστίας ἐστίν· ἀλλ´ οἱ μὲν
 συκοφάνται ζητοῦσιν, εἴ τις ἢ βεβούλευται κακὸν ἢ πεποίηκεν,
 οἱ δὲ πολυπράγμονες καὶ τὰς ἀβουλήτους ἀτυχίας
 τῶν πέλας ἐλέγχοντες εἰς μέσον ἐκφέρουσι. 
λέγεται δὲ καὶ τὸν ἀλιτήριον ἐκ φιλοπραγμοσύνης κατονομασθῆναι
τὸ πρῶτον. λιμοῦ γὰρ ὡς ἔοικεν Ἀθηναίοις ἰσχυροῦ γενομένου
καὶ τῶν ἐχόντων πυρὸν εἰς μέσον οὐ φερόντων ἀλλὰ
κρύφα καὶ νύκτωρ ἐν ταῖς οἰκίαις ἀλούντων, περιιόντες
ἐτήρουν τῶν μύλων τὸν ψόφον, εἶτ´ ‘ἀλιτήριοι’ προσηγορεύθησαν.
ὁμοίως δὲ καὶ τῷ συκοφάντῃ τοὔνομα γενέσθαι·
κεκωλυμένου γὰρ ἐκφέρειν τὰ σῦκα μηνύοντες καὶ
φαίνοντες τοὺς ἐξάγοντας ἐκλήθησαν ‘συκοφάνται.’ 
καὶ τοῦτ´ οὖν οὐκ ἄχρηστόν ἐστιν ἐννοεῖν τοὺς πολυπράγμονας,
ὅπως αἰσχύνωνται τὴν πρὸς τοὺς μισουμένους μάλιστα
καὶ δυσχεραινομένους ὁμοιότητα καὶ συγγένειαν τοῦ ἐπιτηδεύματος.
 | [16] Les tyrans doivent, par nécessité, tout connaître. 
Mais rien pourtant ne les rend plus odieux que cette race de 
délateurs nommés « oreilles du prince. » Le premier qui 
eut des espions à son service fut Darius le Jeune. Il se défiait 
de lui-même; il soupçonnait, il redoutait tout le 
monde. Les Denys en introduisirent à Syracuse d'autres, 
qu'on appelait les Prosagogides. Aussi, quand la révolution 
éclata ceux-ci furent-ils les premiers que saisirent les 
Syracusains pour les faire périr sous le bâton.
La classe des calomniateurs appartient également à la 
race des curieux : c'est la même famille. Les calomniateurs 
cherchent si quelqu'un a médité ou accompli quelque
méfait ; les curieux sont à la piste des malheurs, même 
involontaires, arrivés à leurs voisins, et ils divulguent ces 
mésaventures. 
On dit que c'est la curiosité qui a donné naissance au mot Alitère. 
Il paraît qu'une grande famine s'étant déclarée autrefois dans 
Athènes, ceux qui avaient du blé ne le déclaraient pas : ils le 
faisaient moudre chez eux la nuit et en cachette. Les curieux 
rôdaient à l'entour, épiant le bruit des meules : d'où ils furent 
surnommés alitères. L'origine du mot sycophante est à peu près la 
même. L'exportation des figues étant prohibée, ceux qui 
faisaient connaître les délinquants et qui les dénonçaient 
furent appelés sycophantes. 
Que ce soit là pour les curieux 
un sujet de méditations qui ne seront pas inutiles. Ils rougiront 
sans doute de faire un métier qui leur donnerait de la ressemblance 
et de l'affinité avec les hommes les plus méprisés et les plus haïs.
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