[3] III. Καὶ Ἀννίβας φοβερὸς μὲν καὶ δεινὸς ἐνέκειτο Ῥωμαίοις, ὥσπερ
ἀμέλει Λακεδαιμόνιοι τότε Θηβαίοις· ἐνδοῦναι μέντοι τούτους Πελοπίδᾳ καὶ
περὶ Τεγύρας καὶ περὶ Λεῦκτρα βέβαιόν ἐστιν, Ἀννίβαν δὲ Μάρκελλος, ὡς
μὲν οἱ περὶ Πολύβιον λέγουσιν, οὐδ´ ἅπαξ ἐνίκησεν, ἀλλ´ ἀήττητος ἁνὴρ
δοκεῖ διαγενέσθαι μέχρι Σκιπίωνος· ἡμεῖς δὲ Λιβίῳ καὶ Καίσαρι καὶ
Νέπωτι καὶ τῶν Ἑλληνικῶν Ἰόβᾳ τῷ βασιλεῖ (πιστεύομεν ἥττας τινὰς καὶ
τροπὰς ὑπὸ Μαρκέλλου τῶν σὺν Ἀννίβᾳ γενέσθαι· μεγάλην δ´ αὗται
ῥοπὴν οὐδεμίαν ἐποίησαν, ἀλλ´ ἔοικε ψευδόπτωμά τι γενέσθαι περὶ τὸν
Λίβυν ἐν ταῖς συμπλοκαῖς ἐκείναις. Ὃ δὴ κατὰ λόγον καὶ προσηκόντως
ἐθαυμάσθη, μετὰ τοσαύτας τροπὰς στρατοπέδων καὶ φόνους στρατηγῶν
καὶ σύγχυσιν ὅλης ὁμοῦ τῆς Ῥωμαίων ἡγεμονίας εἰς ἀντίπαλα τῷ θαρρεῖν
καθισταμένων· ὁ γὰρ ἐκ πολλοῦ τοῦ πάλαι περιδεοῦς καὶ καταπεπληγότος
αὖθις ἐμβαλὼν τῷ στρατεύματι ζῆλον καὶ φιλονικίαν πρὸς τοὺς πολεμίους,
καὶ τοῦτο δὴ τὸ μὴ ῥᾳδίως τῆς νίκης ὑφιέμενον, ἀλλὰ καὶ ἀμφισβητοῦν τε
καὶ φιλοτιμούμενον ἐπάρας καὶ θαρρύνας εἷς ἀνὴρ ἦν Μάρκελλος·
εἰθισμένους γὰρ ὑπὸ τῶν συμφορῶν, εἰ φεύγοντες ἐκφύγοιεν Ἀννίβαν
ἀγαπᾶν, ἐδίδαξεν αἰσχύνεσθαι σῳζομένους μεθ´ ἥττης, αἰδεῖσθαι δὲ παρὰ
μικρὸν ἐνδόντας, ἀλγεῖν δὲ μὴ κρατήσαντας.
| [3] III. Marcellus, il est vrai, avait dans la personne d'Annibal un ennemi
dangereux et redoutable; mais les Thébains avaient pour ennemis les
Spartiates, et il est incontestable que Pélopidas les vainquit à Tégyre et à
Leuctres, au lieu que Marcellus, suivant Polybe, ne vainquit pas une seule
fois Annibal, qui paraît avoir été invincible jusqu'à Scipion. Nous croyons
cependant avec Tite-Live, César, Cornélius Népos et parmi les
historiens grecs Juba, que dans quelques occasions Marcellus défit les
troupes d'Annibal, et les mit en fuite; mais ces succès ne furent
jamais d'un grand poids : il semble même qu'après ces chutes légères le
général carthaginois ne se relevait qu'avec plus de vigueur. Ce qu'on a le
plus admiré avec raison dans Marcellus, c'est qu'après tant d'armées
vaincues, après tant de généraux tués, après le renversement presque
total de l'empire romain, il ait pu faire naître dans le cœur de ses soldats
la confiance de tenir tête à l'ennemi. A la frayeur et à la consternation dont
les Romains étaient frappés depuis si longtemps faire succéder le désir et
l'ardeur de combattre, leur inspirer assez de courage et de hardiesse, non
seulement pour ne pas céder à l'ennemi une victoire facile, mais pour la
disputer avec opiniâtreté, jusqu'à la rendre douteuse , ce fut l'ouvrage du
seul Marcellus. Accoutumés par leurs malheurs à se féliciter d'avoir pu
échapper à leur ennemi par la fuite, les Romains apprirent de lui à rougir
de ne devoir leur salut qu'à une déroute, ou de faire le moindre pas en
arrière, et à s'affliger de n'avoir pas battu les ennemis.
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