[6] VI. Εἰ δὲ φήσει τις ὅτι μεγάλοις μὲν ἀγῶσιν ὁ Δίων ἐξέβαλε τὸν
τύραννον, Καίσαρα δὲ Βροῦτος ἔκτεινε γυμνὸν καὶ ἀφύλακτον, αὐτὸ τοῦτο
δεινότητος ἄκρας καὶ στρατηγίας ἦν ἔργον, ἄνδρα τοσαύτην
περιβεβλημένον δύναμιν ἀφύλακτον λαβεῖν καὶ γυμνόν. Οὐ γὰρ ἐξαίφνης
οὐδὲ μόνος ἢ σὺν ὀλίγοις ἐπιπεσὼν ἀνεῖλεν, ἀλλ´ ἐκ πολλοῦ συνθεὶς τὸ
βούλευμα καὶ μετὰ πολλῶν ἐπιθέμενος, ὧν οὐδεὶς ἐψεύσατ´ αὐτόν· ἢ γὰρ
εὐθὺς ἔκρινε τοὺς ἀρίστους, ἢ τῷ προκρῖναι τοὺς πιστευθέντας ἀγαθοὺς
ἐποίησε. Δίων δ´ εἴτε κρίνας κακῶς ἐπίστευσεν ἑαυτὸν πονηροῖς, εἴτε
χρώμενος ἐποίησεν ἐκ χρηστῶν πονηρούς, οὐδέτερον παθεῖν ἀνδρὶ
φρονίμῳ προσῆκον. Ἐπιτιμᾷ δὲ καὶ Πλάτων αὐτῷ, τοιούτους ἑλομένῳ
φίλους ὑφ´ ὧν ἀπώλετο.
| [6] VI. Objectera-t-on qu'il en coûta de grands combats à Dion pour
chasser le tyran, et que Brutus tua César tout nu et sans gardes ? Mais
c'est cela même qui prouve l'habileté d'un grand capitaine, d'avoir pu
surprendre nu et sans gardes un homme environné d'une si grande
puissance. Il ne l'attaqua pas brusquement, ni seul, ni même avec peu de
personnes ; il avait prémédité de loin son dessein, et il l'exécuta avec un
grand nombre de conjurés, dont aucun ne trahit sa confiance, soit que dès
l'origine il les eût tous choisis bons, ou que son choix les eût rendus tels.
Dion, au contraire, ou jugeant mal ceux qu'il s'associa, se confia à des
hommes méchants; ou, s'il les avait bons, l'usage qu'il fit d'eux les rendit
mauvais : deux méprises qui ne sont pas d'un homme prudent et sage :
aussi Platon le blâme-t-il, dans ses Lettres, d'avoir choisi pour amis des
gens dont il fut la victime.
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