[5] V. Ἄνευ γε μὴν τούτων ὁ πρὸς Διονύσιον ἀγὼν οὐχ ὅμοιος ἦν δήπου
τῷ πρὸς Καίσαρα.
Διονυσίου μὲν γὰρ οὐδεὶς ὅστις οὐκ ἂν κατεφρόνησε τῶν συνήθων, ἐν μέθαις καὶ κύβοις καὶ γυναιξὶ τὰς πλείστας ποιουμένου διατριβάς· τὸ δὲ τὴν Καίσαρος
κατάλυσιν εἰς νοῦν ἐμβαλέσθαι καὶ μὴ φοβηθῆναι τὴν δεινότητα καὶ
δύναμιν καὶ τύχην, οὗ καὶ τοὔνομα τοὺς Παρθυαίων καὶ Ἰνδῶν βασιλεῖς οὐκ
εἴα καθεύδειν, ὑπερφυοῦς ἦν ψυχῆς καὶ πρὸς μηθὲν ὑφίεσθαι φόβῳ τοῦ
φρονήματος δυναμένης. Διὸ τῷ μὲν ὀφθέντι μόνον ἐν Σικελίᾳ μυριάδες οὐκ
ὀλίγαι συνέστησαν ἐπὶ Διονύσιον· ἡ δὲ Καίσαρος δόξα καὶ πεσόντος
ὤρθου τοὺς φίλους, καὶ τοὔνομα τὸν χρησάμενον ἦρεν ἐκ παιδὸς
ἀμηχάνου πρῶτον εὐθὺς εἶναι Ῥωμαίων, ὡς ἀλεξιφάρμακον τοῦτο πρὸς
τὴν Ἀντωνίου περιαψάμενον ἔχθραν καὶ δύναμιν.
| [5] V. Au reste, le combat que Dion eut à soutenir contre Denys ne peut
entrer en comparaison avec celui de Brutus contre César. De tous ceux
qui vivaient familièrement avec Denys, il n'y en avait pas un à qui une vie
passée dans la débauche du vin et des femmes, et dans les jeux de
hasard, n'eût inspiré pour ce tyran le plus profond mépris ; mais la pensée
seule de faire périr César, sans craindre les talents, la puissance et la
fortune d'un homme dont le nom seul ôtait le sommeil aux rois des
Parthes et des Indiens ; cette pensée, dis-je, ne pouvait être conçue que
par une âme forte et élevée, incapable de faire aider ses résolutions aux
plus grands motifs de crainte. Aussi Dion n'eut pas plus tôt paru en Sicile,
qu'il vit s'assembler autour de lui, pour combattre le tyran, des milliers de
ses concitoyens : après la mort de César, le souvenir de sa gloire soutint
la fortune de ses amis ; et son nom seul porta à un tel degré d'élévation le
jeune homme qui le prit, et qui n'avait presque aucune ressource, qu'il
devint en peu de temps le premier des Romains, et qu'il attacha ce nom
sur sa personne comme un talisman contre la haine et la puissance
d'Antoine.
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