[3] III. Ὑβρισταὶ μὲν εὐτυχοῦντες ἀμφότεροι καὶ πρὸς τρυφὰς ἀνειμένοι
καὶ ἀπολαύσεις. Οὐκ ἂν εἴποι δέ τις, ὡς Δημήτριον ἐν εὐπαθείαις καὶ
συνουσίαις ὄντα πράξεων καιρὸς ἐξέφυγεν, ἀλλὰ τῇ περιουσίᾳ τῆς σχολῆς
ἐπεισῆγε τὰς ἡδονάς, καὶ τὴν Λάμιαν ὥσπερ τὴν μυθικὴν ἀτεχνῶς παίζων
καὶ νυστάζων ἐποιεῖτο διαγωγήν· ἐν δὲ ταῖς τοῦ πολέμου παρασκευαῖς οὐκ
εἶχεν αὐτοῦ τὸ δόρυ κιττόν, οὐδὲ μύρων ὠδώδει τὸ κράνος, οὐδὲ
γεγανωμένος καὶ ἀνθηρὸς ἐπὶ τὰς μάχας ἐκ τῆς γυναικωνίτιδος προῄει,
κοιμίζων δὲ τοὺς θιάσους καὶ τὰ βακχεῖα καταπαύων, ἀμφίπολος Ἄρεος
ἀνιέρου, κατὰ τὸν Εὐριπίδην , ἐγίνετο, καὶ δι´ ἡδονὴν ἢ ῥᾳθυμίαν οὐθὲν
ἁπλῶς ἔπταισεν.
Ἀντώνιον δ´, ὥσπερ ἐν ταῖς γραφαῖς ὁρῶμεν τοῦ Ἡρακλέους τὴν
Ὀμφάλην ὑφαιροῦσαν τὸ ῥόπαλον καὶ τὴν λεοντῆν ἀποδύουσαν, οὕτω
πολλάκις Κλεοπάτρα παροπλίσασα καὶ καταθέλξασα συνέπεισεν ἀφέντα
μεγάλας πράξεις ἐκ τῶν χειρῶν καὶ στρατείας ἀναγκαίας ἐν ταῖς περὶ
Κάνωβον καὶ Ταφόσιριν ἀκταῖς ἀλύειν καὶ παίζειν μετ´ αὐτῆς. Τέλος δ´ ὡς
ὁ Πάρις ἐκ τῆς μάχης ἀποδρὰς εἰς τοὺς ἐκείνης κατεδύετο κόλπους·
μᾶλλον δ´ ὁ μὲν Πάρις ἡττηθεὶς ἔφευγεν εἰς τὸν θάλαμον, Ἀντώνιος δὲ
Κλεοπάτραν διώκων ἔφευγε καὶ προήκατο τὴν νίκην.
| [3] III. Abusant l'un et l'autre de leur fortune, ils se plongèrent dans le
luxe et dans les plaisirs ; mais on ne saurait reprocher à Démétrios que,
dans le sein même des débauches et des voluptés, il ait laissé échapper
aucune occasion de se signaler par de grands exploits ; les plaisirs
n'étaient pour lui que les ressources de son loisir; et la courtisane Lamia
ne servait, comme celle de la fable, qu'à l'amuser ou à l'endormir. Lorsqu'il
faisait ses préparatifs pour la guerre, sa pique n'était pas entourée de
lierre ; son casque n'exhalait pas l'odeur des parfums ; il ne sortait pas de
l'appartement des femmes pour aller aux combats, respirant la joie et tout
brillant de volupté : mais, laissant se reposer les choeurs de danse, et
renonçant à tous les divertissements bachiques, il devenait, pour me
servir de l'expression d'Euripide, "Le disciple zélé de l'homicide Mars".
Jamais ni les plaisirs, ni la paresse, n'ont causé ses revers.
Antoine, au contraire, imitant Hercule, tel que les peintres nous le
représentent, dépouillé par Omphale de sa massue et de sa peau de lion,
fut souvent aussi dépouillé de ses armes par Cléopâtre, dont les
caresses séduisantes lui firent plusieurs fois abandonner les expéditions
les plus nécessaires et les plus belles occasions d'acquérir de la gloire,
pour aller s'amuser avec elle et perdre un temps précieux sur les rivages
de Canope et de Taphosiris. Enfin, comme un autre Paris, il quittait le
champ de bataille pour aller se jeter dans ses bras ; surpassant en
lâcheté Pâris, qui ne se réfugia dans l'appartement d'Hélène qu'après
avoir été vaincu, Antoine, pour suivre Cléopâtre, prit honteusement, la
fuite, et abandonna une victoire assurée.
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