[2] 42. Ἥ γε μὴν ἐπιβολὴ καὶ τόλμα τῶν καινοτομουμένων πολὺ τῷ μεγέθει παρήλλαττεν. Ἐπολιτεύοντο γὰρ οἱ μὲν ὁδῶν κατασκευὰς καὶ πόλεων κτίσεις, καὶ τὸ πάντων νεανικώτατον ἦν Τιβερίῳ μὲν ἀναδάσασθαι δημοσίους ἀγρούς, Γαΐῳ δὲ μεῖξαι τὰ δικαστήρια, προσεμβαλόντι τῶν ἱππικῶν τριακοσίους· ὁ δ' Ἄγιδος καὶ Κλεομένους νεωτερισμός, τὸ μικρὰ καὶ κατὰ μέρος τῶν ἡμαρτημένων ἰᾶσθαι καὶ ἀποκόπτειν ὕδραν τινὰ τέμνοντος, ὥς φησιν ὁ Πλάτων, ἡγησαμένων εἶναι, τὴν ἅμα πάντ' ἀπαλλάξαι κακὰ καὶ κατασκευάσαι δυναμένην μεταβολὴν ἐπῆγε τοῖς πράγμασιν· ἀληθέστερον δ' ἴσως εἰπεῖν ἐστιν, ὅτι τὴν πάντ' ἀπεργασαμένην κακὰ μεταβολὴν ἐξήλαυνεν, ἐπανάγων καὶ καθιστὰς εἰς τὸ οἰκεῖον σχῆμα τὴν πόλιν.
Ἐπεὶ καὶ τοῦτ' ἄν τις εἴποι, τῇ μὲν Γράγχων πολιτείᾳ τοὺς μεγίστους ἐνίστασθαι Ῥωμαίων, οἷς δ' Ἆγις ἐνεχείρησε, Κλεομένης δὲ τὸ ἔργον ἐπέθηκε, τῶν παραδειγμάτων τὸ κάλλιστον ὑπέκειτο καὶ μεγαλοπρεπέστατον, αἱ πάτριοι ῥῆτραι περὶ σωφροσύνης καὶ ἰσότητος, ὧν τούτοις μὲν ὁ Λυκοῦργος, ἐκείνῳ δ' ὁ Πύθιος βεβαιωτής. Ὃ δὲ μέγιστον, ὅτι τοῖς μὲν ἐκείνων πολιτεύμασιν εἰς οὐδὲν ἡ Ῥώμη μεῖζον ἐπέδωκε τῶν ὑπαρχόντων, ἐκ δ' ὧν ὁ Κλεομένης ἔπραξεν, ὀλίγου χρόνου τὴν Σπάρτην τῆς Πελοποννήσου κρατοῦσαν ἡ Ἑλλὰς ἐπεῖδε καὶ τοῖς τότε μέγιστον δυναμένοις διαγωνιζομένην ἀγῶνα τὸν περὶ τῆς ἡγεμονίας, οὗ τέλος ἦν ἀπαλλαγεῖσαν Ἰλλυρικῶν ὅπλων καὶ Γαλατικῶν τὴν Ἑλλάδα κοσμεῖσθαι πάλιν ὑφ' Ἡρακλείδαις.
| [2] Il y eut entre ces deux Grecs et ces deux Romains une grande différence quant à la grandeur et à l’audace dans les innovations que les uns et les autres mirent en avant. Les Gracques se bornèrent presque uniquement à faire construire des grands chemins, et à repeupler des villes : le trait le plus hardi de Tibérius fut le partage des terres ; celui de Caïus, le mélange dans les tribunaux des chevaliers avec les sénateurs. Au lieu qu’Agis et Cléomène, persuadés qu’entreprendre en détail de petites réformes, c’était vouloir, suivant la pensée de Platon, couper les têtes de l’hydre, introduisirent un changement capable de remédier à tous les maux publics ; ou, pour parler plus véritablement, ils proscrivirent les innovations que leurs prédécesseurs avaient faites, et qui étaient devenues la source de tous les maux, et rétablirent dans Sparte l’ancienne forme de gouvernement, la seule qui lui fût séante.
On peut ajouter de plus que l’administration des Gracques trouva des contradicteurs parmi les principaux personnages de Rome, tandis que la réforme commencée par Agis et achevée par Ciéomène était fondée sur l’autorité la plus honnête et la plus respectable : ils s’étaient proposé pour modèle les anciennes lois de leurs pères sur la tempérance et l’égalité, les unes établies par Lycurgue, et les autres données par le dieu de Pytho lui-même. Une différence plus grande encore, c’est que les changements introduits par les Gracques n’ajoutèrent en rien à la puissance de Rome : au contraire, ceux de Ciéomène firent voir à la Grèce Sparte devenue en peu de temps maîtresse du Péloponnèse, et combattant, contre les peuples les plus puissants, pour l’empire de la Grèce ; et cela dans le but unique de délivrer les Grecs des armes des Illyriens et des Gaulois, et de les remettre sous le sage gouvernement des descendants d’Hercule.
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