HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Comparaison Agis - Cléomène et les frères Gracques

Chapitre 1

 Chapitre 1

[0] ΑΓΙΔΟΣ-ΚΛΕΟΜΕΝΟΥΣ ΚΑΙ ΓΡΑΚΧΩΝ ΣΥΓΚΡΙΣΙΣ. [0] COMPARAISON D’AGIS ET CLÉOMÈNE ET DE TIBÉRIUS ET CAÏUS GRACCHUS.
[1] 41. Ἡμῖν δὲ καὶ ταύτης πέρας ἐχούσης τῆς διηγήσεως ὑπολείπεται λαβεῖν ἐκ παραλλήλου τῶν βίων τὴν ἀποθεώρησιν. Τοὺς μὲν οὖν Γράγχους οὐδ' οἱ πάνυ τἆλλα κακῶς λέγοντες καὶ μισοῦντες ἐτόλμησαν εἰπεῖν, ὡς οὐκ εὐφυέστατοι πρὸς ἀρετὴν ἐγένοντο Ῥωμαίων ἁπάντων καὶ τροφῆς τε καὶ παιδεύσεως ἐκπρεποῦς ἔτυχον· δ' Ἄγιδος καὶ Κλεομένους φύσις ἐρρωμενεστέρα φαίνεται τῆς ἐκείνων γενομένη, παρ' ὅσον οὔτε παιδείας μεταλαβόντες ὀρθῆς, ἔθεσί τε καὶ διαίταις ἐντραφέντες, ὑφ' ὧν οἱ πρεσβύτεροι πάλαι διεφθόρεισαν, αὑτοὺς ἡγεμόνας εὐτελείας καὶ σωφροσύνης παρέσχον. Ἔτι δ' οἱ μέν, ὅτε λαμπρότατον εἶχεν Ῥώμη καὶ μέγιστον ἀξίωμα, {καὶ} καλῶν ἔργων ζῆλον ὥσπερ διαδοχὴν ἀρετῆς πατρῴας καὶ προγονικῆς ᾐσχύνθησαν ἐγκαταλιπεῖν· οἱ δὲ καὶ πατέρων τἀναντία προῃρημένων γεγονότες, καὶ τὴν πατρίδα μοχθηρὰ πράττουσαν καὶ νοσοῦσαν παραλαβόντες, οὐδέν τι διὰ ταῦτα τὴν πρὸς τὸ καλὸν ἀπήμβλυναν ὁρμήν. Καὶ μὴν τῆς γε Γράγχων ἀφιλοχρηματίας καὶ πρὸς ἀργύριον ἐγκρατείας μέγιστόν ἐστιν. Ὅτι λημμάτων ἀδίκων καθαροὺς ἐν ἀρχαῖς καὶ πολιτείαις διεφύλαξαν ἑαυτούς· Ἆγις δὲ κἂν διηγανάκτησεν ἐπὶ τῷ μηδὲν ἀλλότριον λαβεῖν ἐπαινούμενος, ὃς τὴν οὐσίαν τὴν ἑαυτοῦ τοῖς πολίταις ἐπέδωκεν, ἄνευ τῶν ἄλλων κτημάτων ἑξακόσια τάλαντα νομίσματος ἔχουσαν. Πηλίκον οὖν ἐνόμιζε κακὸν εἶναι τὸ κερδαίνειν ἀδίκως καὶ δικαίως πλέον ἔχειν ἑτέρου πλεονεξίαν ἡγούμενος; [1] Nous avons terminé le récit que nous avions entrepris : il nous reste maintenant à considérer parallèlement les vies de ces quatre personnages. Les plus grands ennemis des Gracques, ceux-là même qui en ont le plus mal parlé, n’ont jamais osé nier qu’ils n’eussent été, de tous les Romains de leur temps, les plus heureusement nés pour la vertu et que l’excellente éducation qu’ils avaient reçue n’eût encore ajouté à ces dispositions naturelles. Mais Agis et Cléomène semblent avoir eu une nature plus forte que les Gracques ; car, privés d’une éducation vertueuse, et élevés dans des mœurs et dans une discipline qui avaient corrompu leurs prédécesseurs, ils n’eurent néanmoins d’autres guides et d’autres maîtres qu’eux-mêmes dans la pratique de la sagesse et de la tempérance. D’ailleurs, les Gracques ayant vécu dans un temps où Rome avait atteint le plus haut degré de grandeur et de dignité, et où une noble émulation pour le bien enflammait tous les esprits, ils auraient eu honte d’abandonner cette succession de vertu paternelle qui leur était transmise par leurs ancêtres ; au lieu qu’Agis et Cléomène, dont les pères avaient suivi des principes tout différents, ayant trouvé leur patrie malade et corrompue, n’en furent pas moins ardents à embrasser la vertu. Le plus grand éloge qu’on peut donner au désintéressement des Gracques, c’est que, dans l’exercice de leurs charges et durant leur administration politique, ils eurent toujours les mains pures, et ne se souillèrent par aucun gain injuste ; mais Agis se fût indigné si quelqu’un l’eût loué de n’avoir rien pris du bien d’autrui, lui qui fit don du sien propre à ses concitoyens, et qui, outre les possessions considérables qu’il leur abandonna, mit en commun six cents talents d’argent monnayé. On peut juger par là quel crime aurait vu dans tout gain illicite celui qui regardait comme avarice de posséder, même légitimement, plus de bien que ses concitoyens.


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Dernière mise à jour : 29/04/2010