[2] (1) Εἰ δὲ καὶ τύχην τινὰ τῶν
ἀνδρῶν ἑκατέρου τοῖς σφάλμασι προσοιστέον, ἀνέλπιστος μὲν ἡ Πομπηΐου Ῥωμαίοις,
Ἀγησίλαος δὲ Λακεδαιμονίους ἀκούοντας καὶ προειδότας οὐκ εἴασε φυλάξασθαι τὴν
χωλὴν βασιλείαν. (2) καὶ γὰρ εἰ μυριάκις ἠλέγχθη Λεωτυχίδης ἀλλότριος εἶναι καὶ
νόθος, οὐκ ἂν ἠπόρησαν Εὐρυπωντίδαι γνήσιον καὶ ἀρτίποδα τῇ Σπάρτῃ βασιλέα
παρασχεῖν, εἰ μὴ δι´ Ἀγησίλαον ἐπεσκότησε τῷ χρησμῷ Λύσανδρος. (3) Οἷον μέντοι τῇ
περὶ τῶν τρεσάντων ἀπορίᾳ προσήγαγεν ὁ Ἀγησίλαος ἴαμα μετὰ τὴν ἐν Λεύκτροις
ἀτυχίαν, κελεύσας τοὺς νόμους ἐκείνην τὴν ἡμέραν καθεύδειν, οὐ γέγονεν ἄλλο
σόφισμα πολιτικόν, οὐδ´ ἔχομέν τι τοῦ Πομπηΐου παραπλήσιον, ἀλλὰ τοὐναντίον οὐδ´
οἷς αὐτὸς ἐτίθει νόμοις ᾤετο δεῖν ἐμμένειν, τὸ δύνασθαι μέγα τοῖς φίλοις
ἐνδεικνύμενος. (4) ὁ δὲ εἰς ἀνάγκην καταστὰς τοῦ λῦσαι τοὺς νόμους ἐπὶ τῷ σῶσαι τοὺς
πολίτας, : ἐξεῦρε τρόπον ᾧ μήτε ἐκείνους βλάψουσι μήτε ὅπως οὐ βλάψωσι
λυθήσονται. (5) τίθεμαι δὲ κἀκεῖνο τὸ ἀμίμητον ἔργον εἰς πολιτικὴν ἀρετὴν τοῦ
Ἀγησιλάου, τὸ δεξάμενον τὴν σκυτάλην ἀπολιπεῖν τὰς ἐν Ἀσίᾳ πράξεις. (6) fοὐ γάρ, ὡς
Πομπήϊος, ἀφ´ ὧν ἑαυτὸν ἐποίει μέγαν ὠφέλει τὸ κοινόν, ἀλλὰ τὸ τῆς πατρίδος
σκοπῶν τηλικαύτην ἀφῆκε δύναμιν καὶ δόξαν ἡλίκην οὐδεὶς πρότερον οὐδὲ ὕστερον
πλὴν Ἀλέξανδρος ἔσχεν.
| [2] (1) S’il fallait, d’autre part, imputer les revers de ces deux grands hommes à
quelque mauvaise chance, les Romains ne pouvaient s’attendre à celle de Pompée; mais
Agésilas, quand les Lacédémoniens, avertis par un oracle, pressentaient la sienne, ne
leur permit pas d’éviter la royauté boiteuse. (2) Et en effet, quand Léotychidas eût été
mille fois convaincu d’être un étranger et un bâtard, les Eurypontides n’étaient pas en
peine de fournir à Sparte un Roi légitime et droit sur ses pieds, si, dans l’intérêt
d’Agésilas, Lysandre n’eût obscurci l’oracle. (3) Cependant le procédé qu’Agésilas,
après le malheur de Leuctres, imagina pour remédier à l’incertitude de ses concitoyens
dans l’affaire des trembleurs, en leur conseillant de laisser dormir les lois ce jour-là,
n’est comparable à aucun autre artifice d’homme d’État; et nous n’avons rien qui en
approche chez Pompée: au contraire, il ne se croyait même pas tenu de se conformer aux
lois qu’il édictait, et il les violait pour étaler devant ses amis son grand crédit. (4)
L’autre, réduit à la nécessité d’abroger les lois pour sauver ses concitoyens, trouva
moyen d’épargner les hommes et de rendre les lois inoffensives sans les abroger. (5)
Voici encore un effet inimitable de l’abnégation politique d’Agésilas: au reçu de la
scytale, il abandonna ses entreprises d’Asie. (6) Car il ne fit pas comme Pompée, qui, en
travaillant à sa grandeur personnelle, aidait du même coup l’État. N’ayant en vue que
l’intérêt de la patrie, il lui sacrifia une puissance et une gloire telles que nul, avant ou
après lui, sauf Alexandre, n’en eut jamais de pareilles.
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