HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur les moyens de réprimer la colère

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] ΠΕΡΙ ΑΟΡΓΗΣΙΑΣ [0] SUR LES MOYENS DE RÉPRIMER LA COLÈRE. PERSONNAGES DU DIALOGUE. SYLLA, FUNDANUS.
[1] (ΣΥΛΛΑ) Καλῶς μοι δοκοῦσιν, Φουνδάνε, ποιεῖν οἱ ζωγράφοι διὰ χρόνου τὰ ἔργα πρὶν συντελεῖν ἐπισκοποῦντες· ὅτι τὴν ὄψιν αὐτῶν ἀφιστάντες τῇ πολλάκις κρίσει ποιοῦσι καινὴν καὶ μᾶλλον ἁπτομένην τῆς παρὰ μικρὸν διαφορᾶς, ἣν ἀποκρύπτει τὸ συνεχὲς καὶ τὸ σύνηθες. ἐπεὶ τοίνυν οὐκ ἔστιν αὐτὸν αὑτῷ διὰ χρόνου προσελθεῖν χωρὶς γενόμενον καὶ διαστήσαντα τῆς συνεχείας τὴν αἴσθησιν, ἀλλὰ τοῦτ´ ἐστὶ τὸ μάλιστα ποιοῦν ἕκαστον αὑτοῦ φαυλότερον κριτὴν ἑτέρων, δεύτερον ἂν εἴη τὸ τοὺς φίλους ἐφορᾶν διὰ χρόνου καὶ παρέχειν ὁμοίως ἐκείνοις ἑαυτόν, οὐκ εἰ γέρων γέγονε ταχὺ καὶ τὸ σῶμα βέλτιον χεῖρον ἔσχηκεν, ἀλλὰ τὸν τρόπον καὶ τὸ ἦθος ἐπισκοπεῖν, εἴ τι χρηστὸν χρόνος προστέθεικεν τῶν φαύλων ἀφῄρηκεν. ἐγὼ γοῦν ἐνιαυτῷ μὲν ἀφιγμένος εἰς Ῥώμην δευτέρῳ, συνὼν δέ σοι μῆνα τουτονὶ πέμπτον τὸ μὲν ἐξ ὑπαρχόντων δι´ εὐφυΐαν ἀγαθῶν ἐπίδοσιν γεγονέναι τοσαύτην καὶ αὔξησιν οὐ πάνυ θαυμαστὸν ἡγοῦμαι, τὸ δὲ σφοδρὸν ἐκεῖνο καὶ διάπυρον πρὸς ὀργὴν ὁρῶντί μοι πρᾶον οὕτως καὶ χειρόηθες τῷ λογισμῷ γεγενημένον ἐπέρχεται πρὸς τὸν θυμὸν εἰπεῖν " πόποι, μάλα δὴ μαλακώτερος." αὕτη δ´ μαλακότης οὐκ ἀργίαν οὐδ´ ἔκλυσιν, ἀλλ´ ὥσπερ κατειργασμένη γῆ λειότητα καὶ βάθος ἐνεργὸν ἐπὶ τὰς πράξεις ἔσχηκεν ἀντὶ τῆς φορᾶς ἐκείνης καὶ τῆς ὀξύτητος. διὸ καὶ δῆλόν ἐστιν οὐ παρακμῇ τινι δι´ ἡλικίαν τὸ θυμοειδὲς οὐδ´ αὐτομάτως ἀπομαραινόμενον, ἀλλ´ ὑπὸ λόγων τινῶν χρηστῶν θεραπευόμενον. καίτοι (τὸ γὰρ ἀληθὲς εἰρήσεται πρὸς σέ) ταῦθ´ ἡμῖν Ἔρως ἑταῖρος ἀπαγγέλλων ὕποπτος ἦν τὰ μὴ προσόντα πρέποντα δὲ προσεῖναι τοῖς καλοῖς κἀγαθοῖς δι´ εὔνοιαν ἐπιμαρτυρεῖν, καίπερ, ὡς οἶσθα, οὐδαμῇ πιθανὸς ὢν τῷ πρὸς χάριν ὑφίεσθαι τοῦ δοκοῦντος. ἀλλὰ νῦν ἐκεῖνός τε τῶν ψευδομαρτυριῶν ἀφεῖται, καὶ σύ, τῆς ὁδοιπορίας σχολὴν διδούσης, ὥσπερ ἰατρείαν τινὰ σεαυτοῦ δίελθ´ ἡμῖν, χρησάμενος οὕτως εὐήνιον καὶ ἁπαλὸν καὶ τῷ λόγῳ πρᾶον καὶ ὑπήκοον ἐποιήσω τὸν θυμόν. (ΦΟΥΝΔΑΝΟΣ) Εἶτ´ οὐ σκοπεῖς, προθυμότατε Σύλλα, μὴ καὶ αὐτὸς εὐνοίᾳ καὶ φιλίᾳ τῇ πρὸς ἡμᾶς παρορᾷς τι τῶν ἡμετέρων; Ἔρωτι μὲν γὰρ οὐδ´ αὐτῷ πολλάκις ἔχοντι κατὰ χώραν ἐν τῇ Ὁμηρικῇ πείσῃ μένοντα τὸν θυμόν, ἀλλὰ τραχύτερον ὑπὸ μισοπονηρίας εἰκός ἐστι πραοτέρους ἡμᾶς φανῆναι, καθάπερ ἐν διαγραμμάτων μεταβολαῖς νῆταί τινες πρὸς ἑτέρας νήτας τάξιν ὑπάτων λαμβάνουσιν. (ΣΥΛΛΑ) Οὐδέτερα τούτων ἔστιν, Φουνδάνε· ποίει δ´ ὡς λέγω, χαριζόμενος ἡμῖν. [1] SYLLA. Bien judicieux me paraît, cher Fundanus, le procédé des peintres qui, avant de tenir leurs ouvrages pour achevés, mettent des intervalles de temps entre chacun des examens auxquels ils les soumettent. Ils savent, qu'éloigner leurs yeux de la toile c'est les raviver par une appréciation qui devient nouvelle, c'est les rendre plus aptes à saisir certaines différences imperceptibles que la continuité et l'habitude leur cacheraient. Or, comme il n'est pas possible de se ménager des intervalles de temps au bout desquels on ait la faculté de revenir à soi après s'en être séparé de manière à mettre une solution de continuité dans le sentiment que l'on a sur soi-même, et comme c'est surtout cette impossibilité qui rend chacun bien plus mauvais juge de sa propre moralité que toute autre personne, il y aurait lieu de recourir à un second procédé. Ce serait de revoir nos amis à certains intervalles de temps, et de nous présenter pareillement à leur examen. Il ne s'agirait pas de savoir d'eux si nous avons vieilli plus ou moins vite, si notre corps est plus ou moins solide qu'auparavant. Ce serait notre caractère et nos moeurs que nous leur soumettrions, afin de juger si le temps a fait naître en nous quelque vertu nouvelle, ou s'il nous a débarrassés de quelques imperfections. Ainsi moi, qui, revenu à Rome après deux ans, pratique votre intimité depuis cinq grands mois, je constate que les excellentes qualités dont vous portiez en vous le germe ont pris un développement considérable. Certes je suis loin de m'en étonner. Mais ce qui me frappe pourtant, c'est de voir combien votre nature emportée et bouillante, combien votre propension à la colère se sont calmées et adoucies par le raisonnement. De sorte que je suis tenté de dire à la passion: Grands dieux! que te voilà grandement radoucie ! Or cette mansuétude n'est rien moins que de l'indolence et de l'apathie. Vous avez travaillé le terrain. En même temps que vous en adoucissiez l'âpreté, vous le creusiez profondément; et à la fougue, à la véhémence vous avez fait succéder l'activité qui se produit par des actes. Il est évident que ce n'est point à un épuisement de l'âge ou à des circonstances fortuites qu'a cédé votre humeur irascible. Ce sont des préceptes salutaires qui ont opéré cette guérison. Pourtant, car je veux dire toute la vérité à un homme tel que vous, quand notre ami Eros m'annonça cette métamorphose, je le suspectai. Dans sa bienveillance, me disais- je, Eros affirme non pas ce qui est, mais ce qui devrait toujours se rencontrer chez les gens de bien et d'honneur; et toutefois cet ami n'est pas homme à se laisser persuader, pas plus qu'il ne trahirait ses convictions pour être agréable à qui que ce soit. Or aujourd'hui le voilà purgé à mes yeux de tout soupçon de faux témoignage; et puisque notre promenade nous en donne le loisir, contez-nous, je vous prie, cette espèce de cure. Dites-nous quels remèdes vous avez employés pour devenir ainsi maître de votre colère, pour la rendre si docile, si maniable, si douce, si obéissante à la voix de la raison. FUNDANUS. A votre tour prenez garde, Sylla, vous que j'aime de tout mon coeur, de vous abuser vous-même sur mon compte par trop de bienveillance et d'affection. Éros, tout le premier, est bien loin souvent de maîtriser sa colère et de la contenir dans les limites de cette modération dont parle Homère. Sa haine pour les méchants le met parfois en fureur; et il est naturel que je lui en paraisse plus doux. C'est ainsi que dans les changements de tons, en musique, certains sons de basse se trouvent devenir hauts en comparaison d'autres qui sont plus bas encore. SYLLA. Ni l'une ni l'autre de ces suppositions n'est exacte, ô Fundanus. Mais accordez-nous la grâce que je vous demande.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005