HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la cause du froid

Page 952

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[952] Βέλτιον οὖν Ὅμηρος (952a) εἰπὼν « Αὔρη δ´ ἐκ ποταμοῦ ψυχρὴπνέειἠῶθι πρό », τὴν πηγὴν τῆς ψυχρότητος ἔδειξεν. Ἔτι τοίνυν μὲν αἴσθησις πολλάκις ἡμᾶς ἐξαπατᾷ, ὅταν ἱματίων ἐρίων ψυχρῶν θιγγάνωμεν, οἰομένους ὑγρῶν θιγγάνειν διὰ τὸ κοινὴν ἀμφοτέροις οὐσίαν ὑπάρχειν καὶ τὰς φύσεις σύνεγγυς εἶναι καὶ οἰκείας. Ἐν δὲ τοῖς δυσχειμέροις κλίμασι πολλὰ ῥηγνύει τὸ ψῦχος ἀγγεῖα καὶ χαλκᾶ καὶ κεραμεᾶ· κενὸν δ´ οὐδὲν ἀλλὰ πάντα πλήρη, βιαζομένου τῇ ψυχρότητι τοῦ ὕδατος. Καίτοι φησὶ Θεόφραστος τὸν ἀέρα ῥηγνύειν τὰ ἀγγεῖα τῷ ὑγρῷ καθάπερ ἥλῳ χρώμενον· ὅρα (952b) δὲ μὴ τοῦτο κομψῶς μᾶλλον ἀληθῶς εἰρημένον ἐστίν· ἔδει γὰρ τὰ πίττης γέμοντα μᾶλλον ῥήγνυσθαι ὑπὸ τοῦ ἀέρος καὶ τὰ γάλακτος. Ἀλλ´ ἔοικε τὸ ὕδωρ ἐξ ἑαυτοῦ ψυχρὸν εἶναι καὶ πρώτως· ἀντίκειται γὰρ τῇ ψυχρότητι πρὸς τὴν θερμότητα τοῦ πυρός, ὥσπερ τῇ ὑγρότητι πρὸς τὴν ξηρότητα καὶ τῇ βαρύτητι πρὸς τὴν κουφότητα. Καὶ ὅλως τὸ μὲν πῦρ διαστατικόν ἐστι καὶ διαιρετικόν, τὸ δ´ ὕδωρ κολλητικὸν καὶ σχετικόν, τῇ ὑγρότητι συνέχον καὶ πιέζον· καὶ παρέσχεν Ἐμπεδοκλῆς ὑπόνοιαν, ὡς τὸ μὲν πῦρ « Νεῖκος οὐλόμενον » « σχεδύνην » δὲ « Φιλότητα » τὸ ὑγρὸν ἑκάστοτε προσαγορεύων· ἐπεὶ (952c) τροφὴ μὲν πυρὸς τὸ μεταβάλλον εἰς πῦρ, μεταβάλλει δὲ τὸ συγγενὲς καὶ οἰκεῖον, τὸ δ´ ἐναντίον δυσμετάβλητον, ὡς τὸ ὕδωρ· καὶ αὐτὸ μὲν ὡς ἔπος εἰπεῖν ἄκαυστόν ἐστιν, ὕλην δὲ καὶ πόαν νοτερὰν καὶ ξύλα βεβρεγμένα δυσκαῆ παρέχει, καὶ φλόγα ζοφερὰν καὶ ἀμβλεῖαν ὑπὸ χλωρότητος ἀναδίδωσι τῷ ψυχρῷ μαχόμενον πρὸς τὸ θερμὸν ὡς φύσει πολέμιον. Σκόπει δὲ καὶ ταῦτα παραβάλλων ἐκείνοις. Ἐπειδὴ καὶ Χρύσιππος οἰόμενος τὸν ἀέρα πρώτως ψυχρὸν εἶναι, διότι καὶ σκοτεινόν, ἐμνήσθη μόνον τῶν πλέον ἀφεστάναι τὸ ὕδωρ τοῦ αἰθέρος τὸν ἀέρα λεγόντων, καὶ πρὸς αὐτούς τι βουλόμενος εἰπεῖν « οὕτω μὲν ἄν » ἔφη (952d) « καὶ τὴν γῆν ψυχρὰν εἶναι πρώτως λέγοιμεν, ὅτι τοῦ αἰθέρος ἀφέστηκε πλεῖστον, » ὡς ἀδόκιμόν τινα παντελῶς τοῦτον καὶ ἄτοπον ἀπορρίψας τὸν λόγον, ἐγώ μοι δοκῶ μηδὲ τὴν γῆν ἄμοιρον εἰκότων καὶ πιθανῶν ἀποφαίνειν, ποιησάμενος ἀρχὴν μάλιστα Χρύσιππος ὑπὲρ τοῦ ἀέρος κέχρηται. Τί δὲ τοῦτ´ ἐστί; Τὸ σκοτεινὸν ὄντα πρώτωςεἶναι καὶ ψυχρὸν πρώτως〉. Εἰ γὰρ δύο λαβὼν οὗτος ἀντιθέσεις δυνάμεων οἴεται τῇ ἑτέρᾳ καὶ τὴν ἑτέραν ἐξ ἀνάγκης ἕπεσθαι, μυρίαι δήπουθέν εἰσιν ἀντιτάξεις καὶ ἀντιπάθειαι πρὸς τὸν αἰθέρα τῆς γῆς, αἷς καὶ ταύτην ἄν τις ἀκολουθεῖν ἀξιώσειεν. Οὐ γὰρ ὡς βαρεῖα πρὸς κοῦφον (952e) καὶ καταρρεπὴς πρὸς ἀνωφερὲς ἀντίκειται μόνον, οὐδ´ ὡς πυκνὴ πρὸς ἀραιὸν οὐδ´ ὡς βραδεῖα καὶ στάσιμος πρὸς ὀξύρροπον καὶ κινητικόν, ἀλλ´ ὡς βαρυτάτη πρὸς κουφότατον καὶ πυκνοτάτη πρὸς ἀραιότατον καὶ τέλος ὡς ἀκίνητος ἐξ ἑαυτῆς πρὸς αὐτοκίνητον καὶ τὴν μέσην χώραν ἐπέχουσα πρὸς ἀεὶ κυκλοφορούμενον. Οὐκ ἄτοπον οὖν τηλικαύταις καὶ τοσαύταις ἀντιτάξεσι καὶ τὴν τῆς ψυχρότητος καὶ θερμότητος ἕπεσθαι. « Ναί, ἀλλὰ τὸ πῦρ καὶ λαμπρόν ἐστιν· οὔτι μὴν σκοτεινὸν γῆ; » Σκοτεινότατον μὲν οὖν ἁπάντων καὶ ἀφεγγέστατον. Ἀέρι μέν τοι μετοχὴ φωτός ἐστι πρώτῳ, καὶ τάχιστα τρέπεται καὶ ἀναπλησθεὶς (952f) διανέμει πανταχοῦ τὴν λαμπρότητα, σῶμα παρέχων τῆς αὐγῆς ἑαυτόν· γὰρ ἥλιος ἀνίσχων, ὥς τις εἶπε τῶν διθυραμβοποιῶν, « Εὐθὺς ἀνέπλησεν ἀεροβατᾶν μέγαν οἶκον ἀνέμων· » ἐκ τούτου δὲ καὶ λίμνῃ καὶ θαλάττῃ μοῖραν αὐγῆς κατιὼν ἐνίησι καὶ βυθοὶ ποταμῶν διαγελῶσιν, ὅσον ἀέρος ἐξικνεῖται πρὸς αὐτούς. Μόνη δ´ γῆ τῶν σωμάτων ἀεὶ ἀφώτιστός ἐστι καὶ ἄτρωτος (ὑφ´) ἡλίου καὶ σελήνης τῷ φωτίζοντι· [952] et Homère nous indique très bien ce principe, (952a) lorsqu'il dit : "Un vent frais s'élevait des bords de la rivière". D'ailleurs nos sensations nous trompent souvent, comme par exemple, lorsque nous touchons de la laine ou du drap froids, et qu'ils nous paraissent humides, par la raison que ces deux qualités ont une substance commune, et que leurs natures ont de l'affinité l'une avec l'autre. Dans les climats où l'hiver est très rude, le froid fait éclater les vaisseaux de cuivre et de terre, et jamais quand ils sont vides, mais seulement lorsqu'ils sont pleins, parce que alors le froid donne à l'eau une très grande force. Théophraste dit que l'air brise les vaisseaux, en se servant de l'humidité comme d'un coin. (952b) Mais peut-être y a-t-il dans cette pensée plus d'agrément que de vérité ; car à ce compte les vaisseaux remplis de poix ou de lait devraient se rompre plus aisément que d'autres. Il est donc plus vraisemblable que l'eau est la première cause du froid ; elle est, par sa froideur naturelle, opposée à la chaleur du feu, comme par son humidité et sa pesanteur elle est contraire à la sécheresse et à la légèreté de cet élément. En général, la propriété du feu est de diviser et de dissiper; celle de l'eau est d'unir et de coller, parce que son humidité la rend stiptique et coagulante. C'est sans doute ce qui a fait dire à Empédocle que le feu est une discorde pernicieuse, et l'eau une amitié véhémente. (952c) Le feu s'alimente de la substance qui se convertit en feu, et qui, par conséquent, lui est analogue ; mais ce qui lui est contraire ne se change point en sa substance, ou ne le fait que très difficilement, comme l'eau, qui, s'il est permis de parler ainsi, est incombustible; d'où vient que l'herbe et les bois mouillés ont tant de peine à brûler, et lors même qu'ils prennent feu, comme ils sont verts, la flamme est faible et terne, parce que le froid y combat contre le chaud, dont il est l'ennemi naturel. Examinez ces preuves et comparez-les avec les leurs. Chrysippe, qui croit que l'air est le principe du froid parce qu'il est obscur, ne fait mention que de ceux qui soutiennent que le feu élémentaire diffère plus de l'eau que l'air, et en voulant les combattre, il prétend que, par la même raison, on pourrait dire aussi (952d) que la terre est le principe du froid, puisqu'elle est très éloignée de la nature du feu élémentaire. Il rejette donc cette raison comme absolument fausse. Pour moi, je pense qu'on ne manque pas d'arguments plausibles pour prouver que la terre est la première cause du froid. Je commencerai par celui que Chrysippe lui-même emploie pour prouver que c'est l'air. Et quel est-il? C'est que l'air est la première des substances obscures. Si, prenant ainsi deux facultés contraires, il pense que l'une suit nécessairement de l'autre, les contrariétés et les oppositions sans nombre qui sont entre la terre et l'air feront conclure que celle dont nous parlons en est une suite nécessaire ; car la terre n'est pas seulement opposée à l'air, comme la pesanteur l'est en général à la légèreté, (952e) comme la tendance vers le bas l'est à la direction vers le haut, comme la densité l'est à la rarité, comme la lenteur et la stabilité le sont au mouvement et à l'activité, mais comme ce qu'il y a de plus pesant et de plus dense l'est à ce qu'il y a de plus léger et de plus rare, comme un corps naturellement immobile et fixé au centre du monde l'est à une substance qui se meut de soi-même et qui suit toujours un mouvement circulaire. Après tant et de si grandes oppositions entre ces deux éléments, est-il donc absurde d'y admettre encore celle du froid et du chaud? Non, sans doute. Mais, dira-t-on, le feu est lumineux et la terre n'est point obscure? C'est, au contraire, la substance la plus obscure et la plus dépourvue de lumière. L'air est le premier corps qui participe à la lumière et qui en soit le plus promptement altéré. Lorsqu'il en est tout rempli, (952f) il la dissémine de tous côtés, et semble être lui-même la substance de la lumière ; car, suivant l'expression d'un poète dithyrambique, le soleil, quand il se lève, "Remplit de sa clarté la région des vents". Et à mesure qu'il s'avance, il envoie une partie de ses rayons sur les lacs et sur la mer; les eaux même des fleuves semblent sourire partout où l'air les pénètre. La terre est le seul corps qui ne soit jamais éclairé et qui soit impénétrable aux rayons du soleil et de la lune.


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Dernière mise à jour : 24/01/2008