| [2] εἰ δ´ οὖν δοκεῖ πείρας μηδὲν ἐλλελεῖφθαι, εἴπωμεν πρὸς 
τὸν ἀδόλεσχον ‘ὦ παῖ, σιώπα· πόλλ´ ἔχει σιγὴ καλά’, δύο
δὲ τὰ πρῶτα καὶ μέγιστα, τὸ ἀκοῦσαι καὶ ἀκουσθῆναι·
ὧν οὐδετέρου τυχεῖν ἐγγίνεται τοῖς ἀδολέσχοις, ἀλλὰ καὶ
περὶ αὐτὴν τὴν ἐπιθυμίαν ἀποδυσπετοῦσι. τοῖς μὲν γὰρ
ἄλλοις νοσήμασι τῆς ψυχῆς, οἷον φιλαργυρίᾳ φιλοδοξίᾳ
φιληδονίᾳ, τὸ γοῦν τυγχάνειν ὧν ἐφίενται περίεστι, τοῖς δ´
ἀδολέσχοις τοῦτο συμβαίνει χαλεπώτατον· ἐπιθυμοῦντες
 γὰρ ἀκροατῶν οὐ τυγχάνουσιν, ἀλλὰ πᾶς φεύγει προτροπάδην·
κἂν ἐν ἡμικυκλίῳ τινὶ καθεζόμενοι κἂν περιπατοῦντες
ἐν ξυστῷ θεάσωνται προσφοιτῶντα, ταχέως ἀνάζευξιν
αὑτοῖς παρεγγυῶσι. καὶ καθάπερ ὅταν ἐν συλλόγῳ
τινὶ σιωπὴ γένηται, τὸν Ἑρμῆν ἐπεισεληλυθέναι λέγουσιν,
οὕτως ὅταν εἰς συμπόσιον ἢ συνέδριον γνωρίμων
λάλος εἰσέλθῃ,  πάντες ἀποσιωπῶσι μὴ βουλόμενοι λαβὴν
παρασχεῖν· ἂν δ´ αὐτὸς ἄρξηται διαίρειν τὸ στόμα, ‘πρὸ
χείματος ὥστ´ ἀνὰ ποντίαν ἄκραν βορρᾶ ζαέντος’ 
ὑφορώμενοι σάλον καὶ ναυτίαν ἐξανέστησαν.
ὅθεν αὐτοῖς συμβαίνει μήτε παρὰ δεῖπνον συγκλιτῶν
μήτε συσκήνων τυγχάνειν προθύμων, ὅταν ὁδοιπορῶσιν
ἢ πλέωσιν, ἀλλ´ ἀναγκαστῶν· πρόσκειται γὰρ
ἁπανταχοῦ, τῶν ἱματίων ἀντιλαμβανόμενος, ἁπτόμενος
τοῦ γενείου, τὴν πλευρὰν θυροκοπῶν τῇ χειρί.
 ‘πόδες δὴ κεῖθι τιμιώτατοι’
 κατὰ τὸν Ἀρχίλοχον, καὶ νὴ Δία κατὰ τὸν σοφὸν
 Ἀριστοτέλην. καὶ γὰρ αὐτὸς ἐνοχλούμενος ὑπ´ ἀδολέσχου
καὶ κοπτόμενος ἀτόποις τισὶ διηγήμασι, πολλάκις
αὐτοῦ λέγοντος ‘οὐ θαυμαστόν, Ἀριστότελες;’ ‘οὐ τοῦτο’
φησί ‘θαυμαστόν, ἀλλ´ εἴ τις πόδας ἔχων σὲ ὑπομένει.’
ἑτέρῳ δέ τινι τοιούτῳ μετὰ πολλοὺς λόγους εἰπόντι ‘κατη–
δολέσχηκά σου, φιλόσοφε·’ ‘μὰ Δί´’ εἶπεν· ‘οὐ γὰρ προσεῖχον.’
καὶ γὰρ ἂν βιάσωνται λαλεῖν οἱ ἀδόλεσχοι, παρέδωκεν
αὐτοῖς ἡ ψυχὴ τὰ ὦτα περιαντλεῖν ἔξωθεν, αὐτὴ δ´
ἐντὸς ἑτέρας τινὰς ἀναπτύσσει καὶ διέξεισι πρὸς αὑτὴν
φροντίδας. ὅθεν οὔτε προσεχόντων οὔτε πιστευόντων
 ἀκροατῶν εὐποροῦσι· τῶν μὲν γὰρ πρὸς τὰς συνουσίας
 εὐκαταφόρων ἄγονον εἶναι τὸ σπέρμα λέγουσι, τῶν δ´ ἀδολέσχων
ὁ λόγος ἀτελὴς καὶ ἄκαρπός ἐστι.
 | [2] Que si donc il paraît convenable de ne négliger aucune 
tentative, disons au bavard :
"Sache te taire, enfant : le silence a du bon".
Ce qu'il a de bon, avant tout, et de très bon, c'est que, 
grâce à lui, on écoute et l'on se fait écouter : double avantage 
dont ne sauraient profiter les bavards puisqu'ils sont 
toujours préoccupés de la même manie. Les autres maladies 
de l'âme, telles que l'avarice, la passion de la gloire,
l'amour des plaisirs, peuvent du moins réaliser l'accomplissement 
de leurs convoitises. Mais voyez combien les 
bavards sont malheureux! Ils voudraient des auditeurs et 
ils n'en trouvent point. Chacun les fuit en toute hâte. Est-on 
assis dans un salon, circule-t-on dans une promenade ; si 
l'on voit venir à soi un bavard on se donne le mot pour 
décamper sur-le-champ. De même que lorsque le silence 
règne dans une assemblée on dit : « Mercure vient d'entrer », 
de même lorsque dans un repas ou dans une réunion 
d'amis a pénétré un bavard, tous se taisent, ne voulant 
pas lui donner occasion de parler. Si le premier il commence 
à ouvrir la bouche, soudain, semblables aux matelots 
qui avant l'orage n'attendent pas
"Les fureurs de Borée autour du promontoire",
tous, prévoyant la bourrasque et le mal de mer, lèvent le 
siége. Aussi les bavards ne trouvent-ils personne qui soit 
empressé à se placer auprès d'eux à table, à partager leur 
tente, à les accompagner en voyage ou sur un vaisseau : il 
faut qu'on y soit forcé. Le bavard vous poursuit partout. 
Il vous prend par vos vêtements, par votre barbe ; il vous 
creuse les côtes avec sa main. Contre un tel homme
"Les pieds sont très-utiles",
selon la remarque d'Archiloque, et même, il faut le dire, suivant 
celle du sage Aristote. Un jour celui-ci était importuné 
par un bavard qui le fatiguait de récits absurdes, et qui lui 
disait à chaque instant : « N'est-ce pas merveilleux, Aristote? » 
— « Ce ne sont pas tes histoires qui sont étonnantes, 
dit le philosophe : c'est la résignation d'un homme 
qui, ayant des pieds, consent à te supporter. Un autre 
homme du même genre lui ayant dit, après l'avoir longtemps 
entretenu : « Je vous ai bien fatigué de mon bavardage, 
cher philosophe? » —  « Non vraiment, répondit Aristote, 
je n'écoutais pas. Quand, de guerre lasse, le bavard a 
obtenu la parole, les auditeurs se laissent bien verser autour 
des oreilles les flots de son babil, mais ils se replient sur
eux-mêmes : leur esprit se recueille et se concentre sur ses 
propres pensées. De cette manière le bavard n'est pas plus 
écouté qu'on ne croit a ce qu'il dit. Car comme l'on tient 
pour assuré que la semence de ceux qui se rapprochent trop 
souvent des femmes n'a pas de vertu générative, ainsi le 
parler de ces grands babillards est stérile et ne porte point de fruit.
 |