HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur le bavardage

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] ΠΕΡΙ ΑΔΟΛΕΣΧΙΑΣ. [0] SUR LE BAVARDAGE.
[1] Δύσκολον μὲν ἀναλαμβάνει θεράπευμα καὶ χαλεπὸν φιλοσοφία τὴν ἀδολεσχίαν. τὸ γὰρ φάρμακον αὐτῆς, λόγος, ἀκουόντων ἐστίν, οἱ δ´ ἀδόλεσχοι οὐδενὸς ἀκούουσιν· ἀεὶ γὰρ λαλοῦσι. καὶ τοῦτ´ ἔχει πρῶτον κακὸν ἀσιγησία, τὴν ἀνηκοΐαν. κωφότης γὰρ αὐθαίρετός ἐστιν, ἀνθρώπων οἶμαι μεμφομένων τὴν φύσιν, ὅτι μίαν μὲν γλῶτταν δύο δ´ ὦτ´ ἔχουσιν. εἴπερ οὖν Εὐριπίδης καλῶς εἶπε πρὸς τὸν ἀσύνετον ἀκροατήνοὐκ ἂν δυναίμην μὴ στέγοντα πιμπλάναι, σοφοὺς ἐπαντλῶν ἀνδρὶ μὴ σοφῷ λόγους,’ δικαιότερον ἄν τις εἴποι πρὸς τὸν ἀδόλεσχον {μᾶλλον δὲ περὶ τοῦ ἀδολέσχου} ‘οὐκ ἂν δυναίμην μὴ δεχόμενον πιμπλάναι, σοφοὺς ἐπαντλῶνμᾶλλον δὲ περιαντλῶν λόγους ἀνθρώπῳ λαλοῦντι μὲν πρὸς τοὺς οὐκ ἀκούοντας, μὴ ἀκούοντι δὲ τῶν λαλούντων. καὶ γὰρ ἂν ἀκούσῃ τι βραχύ, τῆς ἀδολεσχίας ὥσπερ ἄμπωτιν λαβούσης, τοῦτο παραχρῆμα πολλαπλάσιον ἀνταποδίδωσι. τὴν μὲν γὰρ ἐν Ὀλυμπίᾳ στοὰν ἀπὸ μιᾶς φωνῆς πολλὰς ἀντανακλάσεις ποιοῦσαν ἑπτάφωνον καλοῦσι· τῆς δ´ ἀδολεσχίας ἂν ἐλάχιστος ἅψηται λόγος, εὐθὺς ἀντιπεριηχεῖκινοῦσα χορδὰς τὰς ἀκινήτους φρενῶν’. μήποτε γὰρ αὐτοῖς οὐκ εἰς τὴν ψυχὴν ἀλλ´ εἰς τὴν γλῶτταν ἀκοὴ συντέτρηται· διὸ τοῖς μὲν ἄλλοις ἐμμένουσιν οἱ λόγοι, τῶν δ´ ἀδολέσχων διαρρέουσιν· εἶθ´ ὥσπερ ἀγγεῖα κενοὶ φρενῶν ἤχου δὲ μεστοὶ περιίασιν. [1] C'est pour la philosophie une cure difficile à entreprendre et à mener à bonne fin que celle du bavardage. Le moyen de se guérir de cette maladie c'est d'écouter. Or les bavards n'écoutent jamais. Ils parlent toujours; et le premier mal de leur intempérance de langue, c'est qu'elle les empêche de rien entendre. Leur surdité est volontaire. Ils ont l'intention, je pense, de protester ainsi contre la nature, qui ne nous a donné qu'une seule langue en même temps qu'elle nous a pourvus de deux oreilles. Si donc Euripide a eu raison de dire à un auditeur peu intelligent : "Je ne saurais remplir ton cerveau toujours vide, Ni verser la raison dans une âme stupide", on dirait plus judicieusement encore au bavard, ou plutôt à propos du bavard : "Je ne saurais remplir oreille toujours vide, Ni verser la raison dans une âme stupide". Disons mieux : « ni verser des paroles dans les oreilles d'un homme qui parle sans être écouté et qui n'écoute pas quand on lui parle.» Si par hasard il prête un instant son attention, ce n'est qu'un mouvement de reflux : car il va bientôt rédonner au centuple ce qu'il a reçu. A Olympie on montre un portique qui répète plusieurs fois les mots, et qu'on appelle l'heptaphone. Que l'oreille du bavard reçoive une seule parole, sur-le-champ il en répète mille, et ainsi "Dans l'âme fait vibrer mille cordes muettes". Ne se peut-il pas que les oreilles de ces sortes de gens soient percées non pas dans la direction du cerveau, mais dans celle de la langue? Au lieu de conserver les paroles qu'ils entendent les bavards les laissent s'écouler aussitôt. Ce sont des vases pleins de sons et vides de sens, qui vont et viennent.


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Dernière mise à jour : 18/01/2006