HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Si les Athéniens se sont plus illustrés à la guerre que dans les lettres

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] Ἀλλὰ νὴ Δία παιδιὰ τὰ τῶν ποιητῶν· οἱ δὲ ῥήτορες ἔχουσί τι παραβαλλόμενοι πρὸς τοὺς στρατηγοὺς εἰκός, ὡς δῆλον ἐξ ὧν Αἰσχίνης σκώπτων τὸν Δημοσθένην λέγειν φησίν, ὅτι γράψεται τῷ βήματι διαδικασίαν πρὸς τὸ στρατήγιον. ἆρ´ οὖν ἄξιον προκρῖναι τὸν Ὑπερείδου Πλαταϊκὸν τῆς Ἀριστείδου παραγγελίας νίκης; τὸν Λυσίου κατὰ τῶν τριάκοντα τῆς Θρασυβούλου καὶ Ἀρχίνου τυραννοκτονίας; τὸν Αἰσχίνου κατὰ Τιμάρχου ἑταιρήσεως τῆς Φωκίωνος εἰς Βυζάντιον βοηθείας, δι´ ἧς ἐκώλυσε τοὺς τῶν συμμάχων υἱοὺς ἐνύβρισμά τε καὶ παροίνημα γενέσθαι Μακεδόνων; τοῖς Κόνωνος στεφάνοις, οὓς τὴν Ἑλλάδα ἐλευθερώσας ἔλαβε, τὸν Δημοσθένους περὶ τοῦ στεφάνου παραβάλλωμεν, ἐν τοῦτο λαμπρότατον καὶ λογιώτατον ῥήτωρ πεποίηκεν, ὀμόσας τοὺς ἐν Μαραθῶνι προκινδυνεύσαντας τῶν προγόνων, οὐ τοὺς ἐν ταῖς σχολαῖς τὰ μειράκια προδιδάσκοντας· ἐφ´ οἷς οὐ τοὺς Ἰσοκράτεις καὶ Ἀντιφῶντας καὶ Ἰσαίους, ἀλλὰ τούτους πόλις δημοσίαις ταφαῖς ἔθαψεν, ὑποδεξαμένη τὰ λείψανα τῶν σωμάτων, καὶ τούτους ἀπεθέωσε τοῖς ὅρκοις ῥήτωρ ὀμνύων οὓς οὐκ ἐμιμεῖτο. Ἰσοκράτης δὲ τοὺς ἐν Μαραθῶνι προκινδυνεύσαντας ὥσπερ ἀλλοτρίαις ψυχαῖς φήσας ἐναγωνίσασθαι καὶ καθυμνήσας τὴν τόλμαν αὐτῶν καὶ τὴν ὑπεροψίαν τοῦ ζῆν αὐτός, ὥς φασιν, ἤδη γέρων γεγονὼς πρὸς τὸν πυθόμενον πῶς διάγει, ’οὕτωςεἶπενὡς ἄνθρωπος ὑπὲρ ἐνενήκοντα ἔτη γεγονὼς καὶ μέγιστον ἡγούμενος τῶν κακῶν τὸν θάνατον.‘ οὐ γὰρ ἀκονῶν ξίφος οὐδὲ λόγχην χαράττων οὐδὲ λαμπρύνων κράνος οὐδὲ στρατευόμενος οὐδ´ ἐρέσσων, ἀλλ´ ἀντίθετα καὶ πάρισα καὶ ὁμοιόπτωτα κολλῶν καὶ συντιθεὶς, μονονοὺ κολαπτῆρσι καὶ ξυστῆρσι τὰς περιόδους ἀπολεαίνων καὶ ῥυθμίζων ἐγήρασε. πῶς οὖν οὐκ ἔμελλεν ἄνθρωπος ψόφον ὅπλων φοβεῖσθαι καὶ σύρρηγμα φάλαγγος φοβούμενος φωνῆεν φωνήεντι συγκροῦσαι καὶ συλλαβῇ τὸ ἰσόκωλον ἐνδεὲς ἐξενεγκεῖν; Μιλτιάδης μὲν γὰρ ἄρας ἐς Μαραθῶνα τῇ ὑστεραίᾳ τὴν μάχην συνάψας ἧκεν εἰς ἄστυ μετὰ τῆς στρατιᾶς νενικηκώς, καὶ Περικλῆς ἐννέα μησὶ Σαμίους καταστρεψάμενος ἐφρόνει τοῦ Ἀγαμέμνονος μεῖζον ἔτει δεκάτῳ τὴν Τροίαν ἑλόντος· Ἰσοκράτης δὲ μικροῦ τρεῖς ὀλυμπιάδας ἀνήλωσεν, ἵνα γράψῃ τὸν πανηγυρικὸν λόγον, οὐ στρατευσάμενος ἐν τούτοις τοῖς χρόνοις οὐδὲ πρεσβεύσας οὐδὲ πόλιν κτίσας οὐδὲ ναύαρχος ἐκπεμφθείς, καίτοι μυρίους τοῦ τότε χρόνου πολέμους ἐνέγκαντος· ἀλλ´ ἐν Τιμόθεος Εὔβοιαν ἠλευθέρου καὶ Χαβρίας περὶ Νάξον ἐναυμάχει καὶ περὶ Λέχαιον Ἰφικράτης κατέκοπτε τὴν Λακεδαιμονίων μόραν, καὶ πᾶσαν ἐλευθερώσας πόλιν δῆμος | ἰσόψηφον αὐτοῖς τὴν Ἑλλάδα κατέστησεν, οἴκοι καθῆστο βιβλίον ἀναπλάττων τοῖς ὀνόμασιν, ὅσῳ χρόνῳ τὰ προπύλαια Περικλῆς ἀνέστησε καὶ τοὺς ἑκατομπέδους. καίτοι καὶ τοῦτον ὡς βραδέως ἀνύοντα τοῖς ἔργοις ἐπισκώπτων Κρατῖνος (fr. 300 K.) οὕτω πως λέγει περὶ τοῦ διὰ μέσου τείχους, ’λόγοισι γὰρ αὐτὸ προάγει Περικλέης, ἔργοισι δ´ οὐδὲ κινεῖ.‘ σκόπει δὲ σοφιστικὴν μικροφροσύνην, τὸ ἔνατον μέρος τοῦ βίου εἰς ἕνα λόγον καταναλίσκουσαν. ἀλλὰ νὴ Δία τοὺς Δημοσθένους τοῦ ῥήτορος λόγους ἄξιόν ἐστι τοῖς τοῦ στρατηγοῦ ἔργοις παραβάλλειν; τὸν κατὰ Κόνωνος αἰκίας τοῖς περὶ Πύλον τροπαίοις ἐκείνου; τὸν πρὸς Ἀρεθούσιον περὶ ἀνδραπόδων τοῖς ἐξανδραποδισθεῖσιν ὑπ´ ἐκείνου Σπαρτιάταις; οὐχ, ὅτε τοὺς ἐπιτροπικοὺς ἔγραψε, ταύτην τὴν ἡλικίαν Ἀλκιβιάδης ἔχων Μαντινεῖς καὶ Ἠλείους ἐπὶ τὴν Λακεδαίμονα συνέστησε; καὶ μὴν οἵ γε δημόσιοι λόγοι τοῦτ´ ἔχουσι θαυμαστόν, ὅτι τοῖς Φιλιππικοῖς ἐπὶ πράξεις προτρέπεται καὶ τὴν Λεπτίνου πρᾶξιν ἐπαινεῖ - - -. [8] On dira peut-être : Nous accordons que les oeuvres des poètes soient de purs badinages; mais les orateurs ont le droit d'être mis en parallèle avec les généraux. C'est pour cela, apparemment, qu'Eschine raille Démosthène, en disant de lui, "qu'il prétend faire déclarer la tribune un théâtre plus brillant que celui où manoeuvre le général." A ce compte, faudra-t-il donc mettre le discours d'Hypéride célébrant la journée de Platée au-dessus des glorieux exploits d'Aristide dans cette bataille ? La harangue de Lysias contre les Trente au-dessus de l'héroïsme de Thrasybule et d'Archias qui les mirent à mort? Le réquisitoire d'Eschine contre la prostitution de Timarque au-dessus des secours portés aux Byzantins par Phocion, quand celui-ci empêcha que les fils de nos alliés ne devinssent victimes de la brutalité et de l'ivresse des Macédoniens ? Les couronnes publiques décernées à ce libérateur de la Grèce devront-elles subir une comparaison avec le discours de Démosthène pour la Couronne, morceau dont le passage le plus brillant et le plus pathétique est celui où l'orateur jure par les mânes des ancêtres morts à Marathon? Certes il ne s'avise pas de jurer par les rhéteurs qui dans les écoles instruisent les jeunes gens, par les Isocrates, les Antiphons, les Isées. Il jure au nom de ceux que la ville a honorés à ses frais d'une sépulture, au nom de ceux dont elle a recueilli les restes mortels. L'orateur les range au nombre des Dieux ; et il jure par leur mémoire, en sachant bien qu'il ne pourrait pas les imiter. De son côté, Isocrate dit des Athéniens, admirablement braves au milieu des dangers de Marathon, "qu'ils avaient prodigué leur vie comme si elle ne leur avait pas appartenu " ; il préconise leur audace et leur mépris de la mort. Et maintenant, à ce que l'on raconte, quand il est arrivé lui-même à la vieillesse, et qu'on lui demande comment il se porte : Ainsi qu'un homme, répond-il, qui a passé les quatre-vingt-dix ans, et qui estime que la mort est le pire des maux. » En effet, ce n'était pas à aiguiser une épée, à armer de fer le bois d'une lance, à fourbir un casque, à faire partie d'une expédition, à manier la rame, qu'Isocrate avait vieilli , c'était, à opposer des antithèses, à ajuster des membres de phrases bien symétriques et de chute bien pareille, à prendre en quelque sorte le compas et la règle pour façonner et arrondir des périodes. Comment aurait-il pu se faire que le bruit des armes et le conflit des phalanges n'effrayassent pas un homme qui craignait de heurter une voyelle contre une autre, ou de risquer un membre de phrase trop court d'une syllabe ! Voyez Miltiade : après être allé livrer bataille à Marathon, il est rentré le lendemain dans Athènes avec son armée victorieuse. Périclès prend Samos en neuf mois , et il se regarde comme supérieur à Agamemnon, qui ne s'était emparé de Troie qu'au bout de dix ans. Voyez maintenant Isocrate : il ne consacra guère moins de trois Olympiades à écrire son Panégyrique, et durant ce nombre d'années, il ne prit part à aucune expédition militaire, à aucune ambassade, à la fondation d'aucune ville, au commandement d'aucun navire. Et pourtant que de guerres nombreuses cette époque vit éclater! Mais non : pendant le temps que Timothée affranchissait l'Eubée, que Chabrias combattait sur mer à Naxos, qu'Iphicrate, à Léchée, taillait en pièces la légion des Spartiates appelée "Mora", que le peuple, rendant la liberté à toute ville, mettait la Grèce entière sur un pied d'égalité parfaite avec les Athéniens, pendant ce temps, dis-je, notre orateur, installé chez lui, alignait des mots pour composer un livre; et la durée de ce travail égalait celle des opérations de Périclès construisant les Propylées et 1'Hécatompédon. Encore Périclès fut-il l'objet des railleries de Cratinus, qui trouvait que les travaux marchaient avec trop de lenteur, et qui disait à propos de la muraille élevée entre le port et la ville: "Il est vrai qu'en parole elle avance beaucoup, Mais on ne la voit pas, en fait, bouger du tout". Qu'après cela on caractérise cette déplorable petitesse d'esprit d'un rhéteur qui consacre à la composition d'un seul discours la neuvième partie de son existence ! Pour parler maintenant des harangues de Démosthène, serait-ce justice de les comparer aux exploits des généraux? Sa harangue contre Conon, à propos d'un outrage, pourra-t-elle le disputer aux trophées érigés près de Pylos par l'autre Démosthène ? Mérite-t-il autant d'éloges pour le discours adressé par lui à Amathusius, touchant des esclaves, que son homonyme pour les prisonniers qu'il fit sur les Spartiates? Pour sa harangue à propos des étrangers établis à Athènes, qu'Alcibiade pour avoir rattaché les Mantinéens et les Eléens à la ligne organisée contre Lacédémone? Si quelques discours de cet orateur méritent d'être admirés, ce sont les Philippiques, parce qu'il y pousse les Athéniens à agir, et qu'il approuve l'entreprise de Leptine - - -.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006