HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Apophthegmes des rois et des capitaines célèbres

Page 182

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[182] ΑΝΤΙΓΟΝΟΣ. (182a) Ἀντίγονος εἰσέπραττε χρήματα συντόνως· εἰπόντος δέ τινος »ἀλλ´ οὐκ Ἀλέξανδρος ἦν τοιοῦτος« »εἰκότως« εἶπεν, »ἐκεῖνος μὲν γὰρ ἐθέριζε τὴν Ἀσίαν, ἐγὼ δὲ καλαμῶμαιΤῶν δὲ στρατιωτῶν ἰδών τινας ἐν τοῖς θώραξι καὶ τοῖς κράνεσι σφαιρίζοντας ἥσθη καὶ τοὺς ἡγεμόνας αὐτῶν μετεπέμπετο ἐπαινέσαι βουλόμενος· ὡς δ´ ἤκουσεν ὅτι πίνουσιν, τὰς ἐκείνων ἡγεμονίας τοῖς στρατιώταις ἔδωκε. Θαυμαζόντων δὲ πάντων ὅτι γέρων γενόμενος ἠπίως ἐχρῆτο καὶ πράως τοῖς πράγμασι, »πρότερον μὲν γάρ« εἶπε »δυνάμεως ἐδεόμην, νῦν δὲ δόξης καὶ εὐνοίας.« (182b) Πρὸς δὲ τὸν υἱὸν Φίλιππον πυθόμενον πλειόνων παρόντων »πότε μέλλομεν ἀναζευγνύναι;« »τί δέδοικας;« εἶπε »μὴ μόνος τῆς σάλπιγγος οὐκ ἀκούσῃς;« Σπουδάσαντος δὲ τοῦ νεανίσκου λαβεῖν κατάλυσιν παρὰ γυναικὶ χήρᾳ τρεῖς ἐχούσῃ θυγατέρας εὐπρεπεῖς, καλέσας τὸν ἐπὶ τῶν ξενίων εἶπεν »οὐκ ἐξάξεις μου τὸν υἱὸν ἐκ τῆς στενοχωρίας;« Νοσήσας δὲ μακρὰν νόσον ὡς ἀνέσφηλεν, »οὐδέν« ἔφη »χεῖρον· ὑπέμνησε γὰρ ἡμᾶς νόσος μὴ μέγα φρονεῖν ὡς ὄντας θνητούςἙρμοδότου δ´ αὐτὸν ἐν τοῖς ποιήμασιν) Ἡλίου παῖδα γράψαντος »οὐ ταῦτά μοι« ἔφη »σύνοιδεν λασανοφόρος.« (182c) Εἰπόντος δέ τινος ὅτι «πάντα καλὰ καὶ δίκαια« τοῖς βασιλεῦσι, «ναὶ μὰ Δία, τοῖς τῶν βαρβάρων« εἶπεν «ἡμῖν δὲ μόνα καλὰ τὰ καλὰ καὶ δίκαια μόνα τὰ δίκαιαΜαρσύου τοῦ ἀδελφοῦ δίκην ἔχοντος, ἀξιοῦντος δὲ τὴν κρίσιν αὐτῷ γενέσθαι κατ´ οἰκίανἔσται μὲν οὖν« εἶπεν « ἐν τῇ ἀγορᾷ καὶ πάντων ἀκουόντων, εἰ μηδὲν ἀδικοῦμενἘπεὶ δέ ποτε χειμῶνος ἐν τόποις σπανίζουσι τῶν ἐπιτηδείων ἠναγκάσθη καταζεῦξαι καὶ τῶν στρατιωτῶν τινες ἐλοιδόρουν αὐτὸν ἀγνοοῦντες ὅτι πλησίον ἐστίν, τῇ βακτηρίᾳ τὴν σκηνὴν διαστείλας « οἰμώξετε » εἶπεν «εἰ μὴ μακρότερον ἀποστάντες λοιδορήσετε ἡμᾶς. » Ἀριστοδήμου δὲ τῶν φίλων τινὸς ἐκ μαγείρου γεγονέναι δοκοῦντος, συμβουλεύοντος δ´ αὐτῷ τῶν ἀναλωμάτων καὶ τῶν δωρεῶν ἀφαιρεῖν, «οἱ λόγοι σου« εἶπεν « Ἀριστόδημε, περιζώματος ὄζουσινἈθηναίων δὲ δοῦλον αὐτοῦ τιμώμενον εἰς τὴν πολιτείαν ὡς ἐλεύθερον ἐγγραψάντων, «οὐκ ἂν« εἶπεν «ἕνα μόνον βουλοίμην Ἀθηναῖον ὑπ´ ἐμοῦ μεμαστιγῶσθαιΝεανίσκου δέ τινος τῶν Ἀναξιμένους τοῦ ῥήτορος μαθητῶν λόγον ἐσκεμμένον ἐκ παρασκευῆς εἰπόντος ἐπ´ αὐτοῦ, (182d) βουλόμενός τι προσμαθεῖν ἠρώτησεν· ἀποσιωπήσαντος δὲ τοῦ νεανίσκου «τί λέγεις;« εἶπεν « ταῦτ´ ἐστὶ τἀν δέλτοισιν ἐγγεγραμμένα; » Ἑτέρου δὲ ῥήτορος ἀκούων λέγοντος ὅτι χιονοβόλος ὥρα γενομένη λιποβοτανεῖν ἐποίησε τὴν χώραν, « οὐ παύσῃ μοι » εἶπεν « ὡς ὄχλῳ χρώμενος; » Θρασύλλου δὲ τοῦ κυνικοῦ δραχμὴν αἰτήσαντος αὐτόν, « ἀλλ´ οὐ βασιλικόν » ἔφη « τὸ δόμα· » τοῦ δὲ εἰπόντος « οὐκοῦν τάλαντον δός μοι », « ἀλλ´ οὐ κυνικόν » ἔφη « τὸ λῆμμα. » Πέμπων δὲ Δημήτριον τὸν υἱὸν μετὰ νεῶν πολλῶν καὶ δυνάμεων ἐλευθερώσοντα τοὺς Ἕλληνας ἔλεγε (182f) τὴν δόξαν ὥσπερ ἀπὸ σκοπῆς τῆς Ἑλλάδος εἰς τὴν οἰκουμένην πυρσεύεσθαι. Ἀνταγόρου δὲ τοῦ ποιητοῦ γόγγρον ἕψοντος καὶ αὐτοῦ τὴν λοπάδα σείοντος ἐπιστὰς ἐξόπισθεν « οἴει » φησί « τὸν Ὅμηρον, Ἀνταγόρα, γόγγρον ἕψειν τὰς τοῦ Ἀγαμέμνονος γράφοντα πράξεις; » καὶ Ἀνταγόρας « σὺ δέ » εἶπεν, « βασιλεῦ, τὸν Ἀγαμέμνονα νομίζεις πράττοντα τὰς πράξεις ἐκείνας πολυπραγμονεῖν, εἴ τις ἐν τῷ στρατοπέδῳ γόγγρον ἕψει; » [182] ANTIGONUS. Antigonus levait des contributions fréquentes sur ses sujets. Quelqu'un lui dit un jour qu'Alexandre n'en usait pas ainsi. « Je le crois bien, répliqua ce prince, il moissonnait l'Asie, et je ne fais que la glaner. » Il vit des soldats qui jouaient à la paume, armés de leurs casques et de leurs cuirasses. Il en fut ravi et envoya chercher leurs capitaines pour leur en faire compliment. Mais comme on lui eut rapporté qu'ils étaient à boire, il donna leurs compagnies à ces mêmes soldats. Devenu vieux, il se montra plus humain et plus doux dans le gouvernement ; et il disait à ceux qui témoignaient leur surprise de ce changement : « Autrefois j'avais besoin de puissance; aujourd'hui je veux acquérir de la gloire et la bienveillance de mes sujets. » Philippe son fils lui demandait un jour, en présence de plusieurs personnes, quand il comptait décamper. «Crains-tu, lui répondit Antigonus, d'être le seul qui n'entende pas la trompette?» Ce même Philippe, dans un voyage, s'était fait assigner son logement chez une veuve qui avait trois filles d'une grande beauté. Antigonus l'ayant su, fit venir l'officier qui marquait les logements, et lui dit : « N'ôteras-tu pas mon fils d'une maison où il est si à l'étroit ? » Il dit après une longue maladie : « Cet accident me sera utile ; il m'avertit que je suis mortel et que je ne dois pas m'enorgueillir. » Le poëte Hermodote, dans un de ses ouvrages, l'appelait fils du Soleil : « Celui qui vide tous les jours ma garde robe, dit le prince, sait bien le contraire. » On disait devant lui que tout était juste et honnête pour les rois : « Oui, pour des rois barbares, répliqua-t-il ; mais pour nous, il n'y a rien de juste et d'honnête que ce qui l'est réellement. » Son frère Marsyas avait un procès qu'il demandait à Antigonus de juger en particulier dans son palais. Le roi lui répondit : « Si nous ne voulons que rendre justice, nous ne craindrons pas de faire plaider la cause dans la place publique en présence de tout le monde. » Forcé de camper pendant l'hiver dans un poste où l'on manquait des choses les plus nécessaires, il entendit des soldats, qui ne le croyaient pas si près, s'emporter en invectives contre lui. Il entr'ouvre avec sa canne les rideaux de sa tente, et leur dit : « Si vous n'allez plus loin médire de moi, vous vous en repentirez. » Un de ses courtisans, nommé Aristodème, qui passait pour être fils d'un cuisinier, lui conseillait de retrancher sur sa dépense, et de faire moins de libéralités. « Aristodème, lui dit le roi, vos conseils sentent le tablier de cuisine. » Les Athéniens avaient donné, pour lui faire la cour, le droit de bourgeoisie à un de ses esclaves : « Je serais fâché, dit Antigonus, d'avoir à faire fustiger un Athénien. » Un jeune orateur, disciple du rhéteur Anaximène, prononça devant lui un discours qu'il avait composé avec le plus grand soin. Antigonus lui fit, sur le sujet même qu'il venait de traiter, quelques questions auxquelles le jeune homme ne put répondre. « Eh quoi! lui dit ce prince, n'aviez-vous que cela dans vos tablettes? » Un autre orateur disait que la grande quantité de neige qui était tombée avait fait périr l'herbe dans les champs. « Ne cesseras-tu point, lui dit Antigonus en l'interrompant, de me parler comme à la populace? » Le cynique Trasillus lui demandait une drachme. Antigonus lui dit : « Çe n'est pas assez pour un roi. — Donnez-moi donc un talent, répliqua le philosophe. — C'est trop pour un cynique, » repartit le prince. Lorsqu'il envoya son fils Démétrius avec un grand nombre de vaisseaux et de troupes pour remettre les Grecs en liberté, il dit que sa gloire éclaterait de dessus la Grèce, comme du haut d'un fanal, dans toute l'étendue de la terre. Le poète Antagoras était dans le camp d'Antigonus, où il faisait cuire un congre. Le roi vint par-derrière, et lui dit : « Croyez-vous, Antagoras, qu'Homère, en décrivant les exploits d'Agamemnon, s'amusât à faire cuire un congre? — Et vous, seigneur, repartit le poète, pensez-vous qu'Agamemnon, quand il faisait de si grandes choses, allât rechercher curieusement s'il y avait quelqu'un dans son camp qui fit cuire un congre? »


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Dernière mise à jour : 11/02/2009