[181] Ἀποστέλλοντος δ´ αὐτοῦ τῶν Μακεδόνων τοὺς νοσώδεις καὶ
ἀναπήρους ἐπὶ θάλασσαν (181a) ἐνεδείχθη τις εἰς τοὺς νοσοῦντας
ἀπογεγραμμένος ἑαυτὸν οὐ νοσῶν. Ἐπεὶ οὖν εἰς ὄψιν ἀχθεὶς καὶ
ἀνακρινόμενος ὡμολόγησε προφασίζεσθαι δι´ ἔρωτα Τελεσίππας
ἀπιούσης ἐπὶ θάλασσαν, ἠρώτησεν ὁ Ἀλέξανδρος « πρὸς τίνα δεῖ περὶ τῆς
Τελεσίππας διαλέγεσθαι; » πυθόμενος δ´ ἐλευθέραν οὖσαν « οὐκοῦν »
ἔφη « ὦ Ἀντιγένη, πείθωμεν τὴν Τελεσίππαν, ἵνα μείνῃ μεθ´ ἡμῶν·
βιάζεσθαι γὰρ ἐλευθέραν οὖσαν οὐχ ἡμέτερον. »
Τῶν δὲ μισθοφορούντων Ἑλλήνων παρὰ τοῖς πολεμίοις ὑποχειρίων
γενομένων τοὺς μὲν Ἀθηναίους ἐκέλευσεν ἐν πέδαις φυλάττειν ὅτι τροφὴν
ἔχοντες ἐκ δημοσίου (181b) μισθοφοροῦσι καὶ τοὺς Θεσσαλοὺς ὅτι γῆν
ἀρίστην κεκτημένοι οὐ γεωργοῦσι· τοὺς δὲ Θηβαίους ἀφῆκεν εἰπὼν ὅτι «
μόνοις τούτοις οὔτε πόλις οὔτε χώρα δι´ ἡμᾶς ἀπολέλειπται. »
Τῶν δ´ Ἰνδῶν τὸν ἄριστα τοξεύειν δοκοῦντα καὶ λεγόμενον διὰ
δακτυλίου τὸν ὀιστὸν ἀφιέναι λαβὼν αἰχμάλωτον ἐκέλευσεν ἐπιδείξασθαι,
καὶ μὴ βουλόμενον ὀργισθεὶς ἀνελεῖν προσέταξε· ἐπεὶ δ´ ἀγόμενος ὁ
ἄνθρωπος ἔλεγε πρὸς τοὺς ἄγοντας ὅτι πολλῶν ἡμερῶν οὐ μεμελέτηκε καὶ
ἐφοβήθη διαπεσεῖν, ἀκούσας ὁ Ἀλέξανδρος ἐθαύμασε καὶ ἀπέλυσε μετὰ
δώρων αὐτόν, ὅτι μᾶλλον ἀποθανεῖν ὑπέμεινεν ἢ τῆς δόξης ἀνάξιος
φανῆναι.
(181c) Ἐπεὶ δὲ Ταξίλης, εἷς τῶν Ἰνδῶν βασιλεὺς ὤν, ἀπαντήσας
προυκαλεῖτο μὴ μάχεσθαι μηδὲ πολεμεῖν Ἀλέξανδρον, ἀλλ´ εἰ μέν ἐστιν
ἥττων, εὖ πάσχειν, εἰ δὲ βελτίων, εὖ ποιεῖν, ἀπεκρίνατο περὶ αὐτοῦ τούτου
μαχητέον εἶναι, πότερος εὖ ποιῶν περιγένηται.
Περὶ δὲ τῆς λεγομένης Ἀόρνου πέτρας ἐν Ἰνδοῖς ἀκούσας, ὅτι τὸ μὲν
χωρίον δυσάλωτόν ἐστιν ὁ δὲ ἔχων αὐτὸ δειλός ἐστι, « νῦν » ἔφη « τὸ
χωρίον εὐάλωτόν ἐστιν. »
Ἐπεὶ δ´ ἄλλος ἔχων πέτραν ἄληπτον δοκοῦσαν εἶναι ἐνεχείρισεν
ἑαυτὸν μετὰ τῆς πέτρας τῷ Ἀλεξάνδρῳ, ἀφῆκε τῆς ἰδίας χώρας ἄρχειν καὶ
προσέθηκε χώραν, εἰπὼν ὅτι « φρονεῖν μοι δοκεῖ ὁ ἄνθρωπος, ἀνδρὶ
μᾶλλον (181d) ἀγαθῷ πιστεύσας ἑαυτὸν ἢ ὀχυρῷ τόπῳ. »
Μετὰ δὲ τὴν τῆς πέτρας ἅλωσιν τῶν φίλων λεγόντων ὑπερβεβληκέναι
τὸν Ἡρακλέα ταῖς πράξεσιν, « ἀλλ´ ἐγώ » εἶπε « τὰς ἐμὰς πράξεις μετὰ τῆς
ἡγεμονίας ἑνὸς οὐ νομίζω ῥήματος ἀνταξίας εἶναι τοῦ Ἡρακλέους. » Τῶν
δὲ φίλων τινὰς αἰσθόμενος ἐν τῷ κυβεύειν οὐ παίζοντας ἐζημίωσε.
Τῶν δὲ πρώτων φίλων καὶ κρατίστων τιμᾶν μὲν ἐδόκει Κρατερὸν
μάλιστα πάντων, φιλεῖν δὲ Ἡφαιστίωνα. « Κρατερὸς μὲν γάρ » ἔφη «
φιλοβασιλεύς ἐστιν, Ἡφαιστίων δὲ φιλαλέξανδρος. »
Ξενοκράτει δὲ τῷ φιλοσόφῳ πεντήκοντα τάλαντα (181e) πέμψας, ὡς
οὐκ ἐδέξατο μὴ δεῖσθαι φήσας, ἠρώτησεν, εἰ μηδὲ φίλον ἔχει Ξενοκράτης·
« ἐμοὶ μὲν γάρ » ἔφη « μόλις ὁ Δαρείου πλοῦτος εἰς τοὺς φίλους ἤρκεσεν. »
Ἐπεὶ δὲ Πῶρος ἐρωτηθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ μετὰ τὴν μάχην « πῶς σοι
χρήσωμαι; » « βασιλικῶς » εἶπε, καὶ προσερωτηθείς « μή τι ἄλλο; » «
πάντα » εἶπεν « ἐν τῷ βασιλικῶς ἔνεστι, » θαυμάσας καὶ τὴν σύνεσιν
αὐτοῦ καὶ τὴν ἀνδραγαθίαν πλείονα χώραν ἧς πρῴην εἶχε προσέθηκε.
Πυθόμενος δὲ ὑπό τινος λοιδορεῖσθαι « βασιλικόν » ἔφη « ἐστὶν εὖ
ποιοῦντα κακῶς ἀκούειν. » Ἀποθνῄσκων δὲ πρὸς τοὺς ἑταίρους ἀπιδὼν
ἔφη « μέγαν ὁρῶ μοι τὸν ἐπιτάφιον ἐσόμενον. »
(181f) Τελευτήσαντος δ´ αὐτοῦ Δημάδης ὁ ῥήτωρ « ὅμοιον » ἔφη «
διὰ τὴν ἀναρχίαν ὁρᾶσθαι τὸ στρατόπεδον τῶν Μακεδόνων
ἐκτετυφλωμένῳ τῷ Κύκλωπι. »
ΣΠΤΟΛΕΜΑΙΟΣ Ο ΛΑΓΟΥ.
Πτολεμαῖος ὁ Λάγου τὰ πολλὰ παρὰ τοῖς φίλοις ἐδείπνει καὶ
ἐκάθευδεν· εἰ δέ ποτε δειπνίζοι, τοῖς ἐκείνων ἐχρῆτο μεταπεμπόμενος
ἐκπώματα καὶ στρώματα καὶ τραπέζας· αὐτὸς δ´ οὐκ ἐκέκτητο πλείω τῶν
ἀναγκαίων, ἀλλὰ τοῦ πλουτεῖν ἔλεγε τὸ πλουτίζειν εἶναι βασιλικώτερον.
| [181] Il s'occupait de faire conduire vers la mer les malades et les
blessés de son armée, lorsqu'on vint lui dire qu'un soldat qui se portait
très bien s'était fait inscrire au nombre des malades. Il se le fit amener, et
découvrit, en l'interrogeant, que c'était son amour pour une femme
nommée Télésillà qui l'avait fait recourir à cette ruse. Alexandre lui
demanda à qui il fallait parler pour faire rester cette femme. Mais ayant
appris qu'elle était de condition libre, il dit à ce soldat : « Antigène,
persuadons, s'il se peut, à Télésillà de demeurer avec nous; car jamais
je ne prendrai sur moi de retenir par force une personne libre. »
Les Grecs qui servaient dans l'armée des Perses avaient été faits
prisonniers de guerre ; il ordonna qu'on retînt dans les fers les Athéniens,
qui allaient s'enrôler chez les Barbares quoiqu'ils fussent entretenus aux
dépens du trésor public, et les Thessaliens, parcequ'ils avaient un pays
très riche et qu'ils ne le cultivaient pas. Il renvoya les Thébains, « à qui,
disait-il, nous n'avons laissé ni villes à habiter, ni terres à labourer. »
On avait pris un Indien si habile à tirer de l'arc, qu'il faisait passer une
flèche à travers un anneau. Alexandre lui ordonna de faire devant lui
l'essai de son adresse. L'Indien le refusa, et le prince, irrité, commanda
qu'on le menât au supplice. Pendant qu'on l'y conduisait, il dit qu'il avait
craint de manquer son coup, parcequ'il ne s'était pas exercé depuis
plusieurs jours. On vint le dire à Alexandre, qui lui donna la vie et la
liberté, et lui fit même des présents, par estime pour son courage, qui lui
avait fait préférer la mort à la honte de paraître au-dessous de sa réputation.
Taxile, un des rois de l'Inde, vint au-devant d'Alexandre pour lui
demander de le laisser en paix, « à la condition, ajouta-t-il, que si je vous
suis inférieur je recevrai de vous des bienfaits, et si je suis plus grand que
vous, vous en recevrez de moi. » Alexandre répondit qu'il fallait au
moins combattre à qui surpasserait son rival en bienfaits.
On lui rapporta qu'une forteresse de l'Inde, nommée Aorne, était
imprenable par sa situation, mais que le commandant était un
homme timide. «La place, dit-il, n'est donc pas imprenable. »
Le gouverneur d'un autre fort, qui passait aussi pour inaccessible,
vint lui remettre la place et se livrer à sa discrétion. Alexandre lui en laissa
le commandement, y ajouta une plus grande étendue de pays, et dit de lui :
« Cet homme s'est conduit avec sagesse en comptant plus sur un prince
généreux que sur une place forte. »
Après la prise de Pétra, les courtisans mettaient ses exploits au-dessus
des travaux d'Hercule. « Toutes mes actions, leur dit-il, et même
tout mon empire, n'égalent pas une seule parole d'Hercule. »
Il mit à l'amende quelques uns de ses officiers, pour avoir joué à des
jeux de hasard, au point de nuire à leur fortune.
Entre les courtisans qui avaient le plus de part à sa familiarité,
Cratère était celui qu'il estimait le plus, et Héphestion, celui qu'il aimait
davantage. Il disait : « Cratère aime son roi ; Héphestion aime Alexandre. »
Le philosophe Xénocrate refusa cinquante talents qu'il lui envoyait, et
lui fit dire qu'il n'en avait pas besoin. Alexandre demanda si Xénocrate
n'avait point d'ami. « Pour moi, ajouta-t-il, toutes les richesses de Darius
me suffiraient à peine pour faire du bien à mes amis. »
Quand il eut vaincu Porus, il lui demanda comment il voulait être
traité. « En roi, répondit Porus. — Ne desirez-vous rien de plus? reprit
Alexandre. — Non, répliqua Porus ; tout est compris dans ce mot. »
Alexandre, plein d'admiration pour la sagesse et la grandeur d'âme de
ce prince, lui rendit tous ses États, et lui en donna même de nouveaux.
Il sut que quelqu'un médisait de lui. « Il est d'un roi, dit-il, de
s'entendre blâmer après avoir fait du bien. »
Lorsqu'il fut sur le point de mourir, il dit à ses officiers: «Je prévois
que j'aurai de grands jeux funèbres.»
Après sa mort, l'orateur Démade dit que l'armée des Macédoniens,
privée de son chef, ressemblait au cyclope Polyphème, après qu'il eut
perdu son œil.
PTOLÉMÉE, FILS DE LAGUS.
Ptolémée, fils de Lagus, soupait et couchait le plus souvent chez ses
amis; lorsqu'il leur donnait à manger, il envoyait chercher leur vaisselle,
leurs tables et leur linge. Il n'eut jamais chez lui que le plus étroit
nécessaire, parce qu'il croyait plus digne d'un roi d'enrichir les autres, que
d'être riche soi-même.
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