HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

τῆς



Texte grec :

[25] Κιουίλιος γάρ, ὁ τὴν ἐν Γαλατίᾳ κινήσας ἀπόστασιν, ἄλλους τε πολλοὺς ὡς εἰκὸς ἔσχε κοινωνοὺς καὶ Σαβῖνον ἄνδρα νέον οὐκ ἀγεννῆ, πλούτῳ δὲ καὶ δόξῃ Γαλατῶν πάντων ἐπιφανέστατον. ἁψάμενοι δὲ πραγμάτων μεγάλων ἐσφάλησαν καὶ δίκην δώσειν προσδοκῶντες οἱ μὲν αὑτοὺς ἀνῄρουν, οἱ δὲ φεύγοντες ἡλίσκοντο. τῷ δὲ Σαβίνῳ τὰ μὲν ἄλλα πράγματα ῥᾳδίως παρεῖχεν ἐκποδὼν γενέσθαι καὶ καταφυγεῖν εἰς τοὺς βαρβάρους· ἦν δὲ γυναῖκα πασῶν ἀρίστην ἠγμένος, ἣν ἐκεῖ μὲν Ἐμπονὴν ἐκάλουν, Ἑλληνιστὶ δ´ ἄν τις Ἡρωίδα προσαγορεύσειεν· ἣν οὔτ´ ἀπολιπεῖν δυνατὸς ἦν οὔτε μεθ´ ἑαυτοῦ κομίζειν. ἔχων οὖν κατ´ ἀγρὸν ἀποθήκας χρημάτων ὀρυκτὰς ὑπογείους, ἃς δύο μόνοι τῶν ἀπελευθέρων συνῄδεσαν, τοὺς μὲν ἄλλους ἀπήλλαξεν οἰκέτας, ὡς μέλλων φαρμάκοις ἀναιρεῖν ἑαυτόν, δύο δὲ πιστοὺς παραλαβὼν εἰς τὰ ὑπόγεια κατέβη. πρὸς δὲ τὴν γυναῖκα Μαρτιάλιον ἔπεμψεν ἀπελεύθερον ἀπαγγελοῦντα τεθνάναι μὲν ὑπὸ φαρμάκων, συμπεφλέχθαι δὲ μετὰ τοῦ σώματος τὴν ἔπαυλιν· ἐβούλετο γὰρ τῷ πένθει χρῆσθαι τῆς γυναικὸς ἀληθινῷ πρὸς πίστιν τῆς λεγομένης τελευτῆς. ὃ καὶ συνέβη· ῥίψασα γάρ, ὅπως ἔτυχε, τὸ σῶμα μετ´ οἴκτων καὶ ὀλοφυρμῶν ἡμέρας τρεῖς καὶ νύκτας ἄσιτος διεκαρτέρησε. ταῦτα δ´ ὁ Σαβῖνος πυνθανόμενος καὶ φοβηθείς, μὴ διαφθείρῃ παντάπασιν ἑαυτήν, ἐκέλευσε φράσαι κρύφα τὸν Μαρτιάλιον πρὸς αὐτήν, ὅτι ζῇ καὶ κρύπτεται, δεῖται δ´ αὐτῆς ὀλίγον ἐμμεῖναι τῷ πένθει καὶ μηδὲ - - - πιθανὴν ἐν τῇ προσποιήσει γενέσθαι. τὰ μὲν οὖν ἄλλα παρὰ τῆς γυναικὸς ἐναγωνίως συνετραγῳδεῖτο τῇ δόξῃ τοῦ πάθους· ἐκεῖνον δ´ ἰδεῖν ποθοῦσα νυκτὸς ᾤχετο, καὶ πάλιν ἐπανῆλθεν. ἐκ δὲ τούτου λανθάνουσα τοὺς ἄλλους ὀλίγον ἀπέδει συζῆν ἐν Ἅιδου τῷ ἀνδρὶ πλέον ἑξῆς ἑπτὰ μηνῶν· ἐν οἷς κατασκευάσασα τὸν Σαβῖνον ἐσθῆτι καὶ κουρᾷ καὶ καταδέσει τῆς κεφαλῆς ἄγνωστον εἰς Ῥώμην ἐκόμισε μεθ´ ἑαυτῆς ἐλπίδων τινῶν ἐνδεδομένων. πράξασα δ´ οὐθὲν αὖθις ἐπανῆλθε, καὶ τὰ μὲν πόλλ´ ἐκείνῳ συνῆν ὑπὸ γῆς, διὰ χρόνου δ´ εἰς πόλιν ἐφοίτα ταῖς φίλαις ὁρωμένη καὶ οἰκείαις γυναιξί. τὸ δὲ πάντων ἀπιστότατον, ἔλαθε κυοῦσα λουομένη μετὰ τῶν γυναικῶν· τὸ γὰρ φάρμακον, ᾧ τὴν κόμην αἱ γυναῖκες ἐναλειφόμεναι ποιοῦσι χρυσοειδῆ καὶ πυρράν, ἔχει λίπασμα σαρκοποιὸν ἢ χαυνωτικὸν σαρκός, ὥσθ´ οἷον διάχυσίν τιν´ ἢ διόγκωσιν ἐμποιεῖν· ἀφθόνῳ δὴ χρωμένη τούτῳ πρὸς τὰ λοιπὰ μέρη τοῦ σώματος, αἰρόμενον καὶ ἀναπιμπλάμενον ἀπέκρυπτε τὸν τῆς γαστρὸς ὄγκον. τὰς δ´ ὠδῖνας αὐτὴ καθ´ ἑαυτὴν διήνεγκεν, ὥσπερ ἐν φωλεῷ λέαινα καταδῦσα πρὸς τὸν ἄνδρα, καὶ τοὺς γενομένους ὑπεθρέψατο σκύμνους ἄρρενας· δύο γὰρ ἔτεκε. τῶν δ´ υἱῶν ὁ μὲν ἐν Αἰγύπτῳ πεσὼν ἐτελεύτησεν, ὁ δ´ ἕτερος ἄρτι καὶ πρῴην γέγονεν ἐν Δελφοῖς παρ´ ἡμῖν ὄνομα Σαβῖνος. ἀποκτείνει μὲν οὖν αὐτὴν ὁ Καῖσαρ· ἀποκτείνας δὲ δίδωσι δίκην, ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ τοῦ γένους παντὸς ἄρδην ἀναιρεθέντος· οὐδὲν γὰρ ἤνεγκεν ἡ τόθ´ ἡγεμονία σκυθρωπότερον οὐδὲ μᾶλλον ἑτέραν εἰκὸς ἦν καὶ θεοὺς καὶ δαίμονας ὄψιν ἀποστραφῆναι. καίτοι τὸν οἶκτον ἐξῄρει τῶν θεωμένων τὸ θαρραλέον αὐτῆς καὶ μεγαλήγορον, ᾧ καὶ μάλιστα παρώξυνε τὸν Οὐεσπασιανόν, ὡς ἀπέγνω τῆς σωτηρίας πρὸς αὐτὸν ἀλλαγὴν κελεύουσα· βεβιωκέναι γὰρ ὑπὸ σκότῳ καὶ κατὰ γῆς ἥδιον ἢ βασιλεύων ἐκείνως.

Traduction française :

[25] «Julius, celui qui avait suscité le soulèvement de la Gaule, comptait, comme il est naturel, un grand nombre de complices, et entre autres un certain Sabinus, homme jeune, plein de courage, et le plus remarquable de ceux de son parti à cause de son crédit et de sa richesse. L'entreprise tentée était grande. Ils échouèrent; et comme ils prévoyaient le châtiment qui leur était réservé, les uns se donnèrent la mort, les autres s'enfuirent. Ces derniers furent repris. Sabinus se trouvait dans des circonstances telles qu'il aurait pu, en tout autre moment, s'échapper sans peine et se réfugier chez les Barbares. Mais il était marié à une épouse la plus vertueuse du monde. Dans son pays elle s'appelait Empone, nom qui en grec répondrait à «héroïne.» Il ne se sentait pas plus capable de l'abandonner qu'il ne pouvait l'emmener avec lui. Il avait dans ses domaines des caveaux souterrains destinés à cacher ses richesses, et connus de deux de ses affranchis seulement. Il éloigna ses autres esclaves sous prétexte qu'il allait se faire périr par le poison, et prenant avec lui les deux serviteurs auxquels il se fiait, il descendit dans ces souterrains. Il dépêchait en même temps vers sa femme son affranchi Martalius pour lui annoncer qu'il avait succombé au poison, et que sa maison des champs avait été brûlée avec son corps. Il voulait que le désespoir bien véritable de sa femme accréditât la nouvelle de sa mort. Ce fut ce qui advint. «Dans l'état même où la trouva cette nouvelle, Empone se précipita le visage contre terre en poussant des lamentations et des sanglots, et elle resta trois jours entiers et trois nuits sans prendre aucune nourriture. Sabinus en ayant été informé eut peur qu'elle ne se laissât tout à fait mourir : il lui envoya dire en secret par Martalius qu'il vivait, qu'il était caché, mais qu'il avait besoin qu'elle continuât encore un peu de temps ces scènes de désespoir, en donnant à son affliction simulée une parfaite vraisemblance. Pour tout le reste Empone joua résolûment ce rôle tragique, de manière à faire croire à sa douleur; mais comme elle brûlait du désir de voir son époux, elle partit une nuit, et elle était de retour le lendemain. Depuis ce moment, et sans que personne s'en aperçût, elle vécut à peu de chose près au fond des Enfers, partageant la retraite de son mari avec lequel elle demeura durant sept mois entiers. «Au bout de ce temps elle déguisa Sabinus en l'habillant, en lui taillant les cheveux, en lui ceignant la tête de rubans, de telle façon qu'il était impossible de le reconnaître; et elle revint avec lui à Rome, sur certaines espérances qui lui avaient été données. Mais n'ayant pas réussi, elle le reconduisit dans le caveau, où elle passait avec lui sous terre la plus grande partie de son existence. Seulement, de temps à autre elle retournait à la ville, et elle y circulait pour s'y faire voir de ses amies et de ses parentes. Mais ce qui est plus incroyable que tout, les compagnes avec qui elle prenait des bains ne s'aperçurent pas qu'elle était devenue grosse. La composition avec laquelle les femmes frottent leurs cheveux pour les rendre roux et brillants comme de l'or, est faite d'une substance grasse, qui donne aux chairs plus d'épaisseur ou de développement, de manière à ce que le corps se dilate ou se gonfle. Elle s'en frotta partout avec profusion, et elle déroba ainsi aux conjectures la grosseur de son ventre, dont le volume s'arron- dissait tous les jours. Quant aux douleurs de l'enfantement, elle les supporta, réduite à elle seule, comme une lionne qui met bas dans son antre, et elle donna à son mari deux enfants mâles, j'allais dire deux lionceaux, qu'elle nourrit de son lait. De ces fils, l'un est mort à la guerre, en Egypte; l'autre était ces jours derniers à Delphes avec nous, et il s'appelle Sabinus. «Pour en revenir à Empone, l'empereur la fit mettre à mort. Mais ce meurtre eut son expiation : car à peu de temps de là toute la postérité du tyran était complétement anéantie. Il est certain que ce règne ne produisit pas de forfait plus hideux, et il n'y eut pas de spectacle dont les dieux et les génies dussent détourner leur regard avec plus d'horreur. Cependant la pitié disparut devant l'admiration inspirée par l'audace et la magnanimité d'Ernpone, lorsqu'on la vit exciter au plus haut degré la fureur de Vespasien. Elle déclara qu'elle n'acceptait aucune grâce, et qu'elle demandait à être réunie à Sabinus. Oui, dit-elle, dans les ténèbres et sous la terre j'ai vécu plus heureuse que toi sur ton trône.





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Dernière mise à jour : 8/06/2005