HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

τῷ



Texte grec :

[13] Παυσαμένου δὲ τοῦ Πεμπτίδου καὶ τοῦ πατρὸς ἀρξαμένου τι περὶ τούτων λέγειν, ἕτερος ἧκεν ἐκ πόλεως, τὸν Ἀνθεμίωνα μεταπεμπομένης τῆς Ἰσμηνοδώρας· ἐπέτεινε γὰρ ἡ ταραχή, καὶ τῶν γυμνασιάρχων ἦν διαφορά, τοῦ μὲν οἰομένου δεῖν τὸν Βάκχωνα ἀπαιτεῖν τοῦ δὲ πολυπραγμονεῖν οὐκ ἐῶντος. ὁ μὲν οὖν Ἀνθεμίων ἀναστὰς ἐβάδιζεν· ὁ δὲ πατὴρ τὸν Πεμπτίδην ὀνομαστὶ προσαγορεύσας ‘μεγάλου μοι δοκεῖς ἅπτεσθαι’ εἶπεν ‘καὶ παραβόλου πράγματος, ὦ Πεμπτίδη, μᾶλλον δ´ ὅλως τὰ ἀκίνητα κινεῖν τῆς περὶ θεῶν δόξης ἣν ἔχομεν, περὶ ἑκάστου λόγον ἀπαιτῶν καὶ ἀπόδειξιν. ἀρκεῖ γὰρ ἡ πάτριος καὶ παλαιὰ πίστις, ἧς οὐκ ἔστιν εἰπεῖν οὐδ´ ἀνευρεῖν τεκμήριον ἐναργέστερον ’οὐδ´ εἰ δι´ ἄκρας τὸ σοφὸν εὕρηται φρενός‘· ἀλλ´ ἕδρα τις αὕτη καὶ βάσις ὑφεστῶσα κοινὴ πρὸς εὐσέβειαν, ἐὰν ἐφ´ ἑνὸς ταράττηται καὶ σαλεύηται τὸ βέβαιον αὐτῆς καὶ νενομισμένον, ἐπισφαλὴς γίνεται πᾶσι καὶ ὕποπτος. ἀκούεις δὲ δήπου τὸν Εὐριπίδην ὡς ἐθορυβήθη ποιησάμενος ἀρχὴν τῆς Μελανίππης ἐκείνην ’Ζεύς, ὅστις ὁ Ζεύς, οὐ γὰρ οἶδα πλὴν λόγῳ,‘ μεταλαβὼν δὲ χορὸν ἄλλον (ἐθάρρει γὰρ ὡς ἔοικε τῷ δράματι γεγραμμένῳ πανηγυρικῶς καὶ περιττῶς) ἤλλαξε τὸν στίχον ὡς νῦν γέγραπται ’Ζεύς, ὡς λέλεκται τῆς ἀληθείας ὕπο.‘ τί οὖν διαφέρει τὴν περὶ τοῦ Διὸς δόξαν ἢ τῆς Ἀθηνᾶς ἢ τοῦ Ἔρωτος εἰς ἀμφίβολον τῷ λόγῳ θέσθαι ἢ καὶ ἄδηλον; οὐ γὰρ νῦν αἰτεῖ πρῶτον βωμὸν ὁ Ἔρως καὶ θυσίαν οὐδ´ ἔπηλυς ἔκ τινος βαρβαρικῆς δεισιδαιμονίας, ὥσπερ Ἄτται τινὲς καὶ Ἀδωναῖοι λεγόμενοι, δι´ ἀνδρογύνων καὶ γυναικῶν παραδύεται {καὶ} κρύφα τιμὰς οὐ προσηκούσας καρπούμενος, ὥστε παρεισγραφῆς δίκην φεύγειν καὶ νοθείας τῆς ἐν θεοῖς. Ἀλλ´ ὅταν Ἐμπεδοκλέους ἀκούσῃς λέγοντος, ὦ ἑταῖρε, ’καὶ Φιλότης ἐν τοῖσιν ἴση μῆκός τε πλάτος τε, τὴν σὺ νόῳ δέρκου, μηδ´ ὄμμασιν ἧσο τεθηπώς‘, ταῦτ´ οἴεσθαι χρὴ λέγεσθαι καὶ περὶ Ἔρωτος· οὐ γάρ ἐστιν ὁρατός, ἀλλὰ δοξαστὸς ἡμῖν ὁ θεὸς οὗτος ἐν τοῖς πάνυ παλαιοῖς· ὧν ἂν περὶ ἑκάστου τεκμήριον ἀπαιτῇς, παντὸς ἁπτόμενος ἱεροῦ καὶ παντὶ βωμῷ σοφιστικὴν ἐπάγων πεῖραν, οὐδέν´ ἀσυκοφάντητον οὐδ´ ἀβασάνιστον ἀπολείψεις· πόρρω γὰρ οὐκ ἄπειμι, ’τὴν δ´ Ἀφροδίτην οὐχ ὁρᾷς ὅση θεός;‘ ’ἥδ´ ἐστὶν ἡ σπείρουσα καὶ διδοῦς´ ἔρον, οὗ πάντες ἐσμὲν οἱ κατὰ χθόν´ ἔκγονοι‘. ’ζείδωρον‘ γὰρ αὐτὴν Ἐμπεδοκλῆς ’εὔκαρπον‘ δὲ Σοφοκλῆς ἐμμελῶς πάνυ καὶ πρεπόντως ὠνόμασαν. ἀλλ´ ὅμως τὸ μέγα τοῦτο καὶ θαυμαστὸν Ἀφροδίτης μὲν ἔργον Ἔρωτος δὲ πάρεργόν ἐστιν Ἀφροδίτῃ συμπαρόντος· μὴ συμπαρόντος δὲ κομιδῇ τὸ γινόμενον ἄζηλον ἀπολείπεται καὶ ’ἄτιμον καὶ ἄφιλον‘. ἀνέραστος γὰρ ὁμιλία καθάπερ πεῖνα καὶ δίψα πλησμονὴν ἔχουσα πέρας εἰς οὐθὲν ἐξικνεῖται καλόν· ἀλλ´ ἡ θεὸς Ἔρωτι τὸν κόρον ἀφαιροῦσα τῆς ἡδονῆς φιλότητα ποιεῖ καὶ σύγκρασιν. διὸ Παρμενίδης μὲν ἀποφαίνει τὸν Ἔρωτα τῶν Ἀφροδίτης ἔργων πρεσβύτατον ἐν τῇ κοσμογονίᾳ γράφων ’πρώτιστον μὲν Ἔρωτα θεῶν μητίσατο πάντων‘· Ἡσίοδος δὲ φυσικώτερον ἐμοὶ δοκεῖ ποιεῖν Ἔρωτα πάντων προγενέστατον, ἵνα πάντα δι´ ἐκεῖνον μετάσχῃ γενέσεως. ἂν οὖν τὸν Ἔρωτα τῶν νενομισμένων τιμῶν ἐκβάλλωμεν, οὐδ´ αἱ τῆς Ἀφροδίτης κατὰ χώραν μενοῦσιν. Οὐδὲ γὰρ τοῦτ´ ἔστιν εἰπεῖν, ὅτι τῷ μὲν Ἔρωτι λοιδοροῦνταί τινες ἀλλὰ ἀπέχονται δ´ ἐκείνης, ἀλλ´ ἀπὸ μιᾶς σκηνῆς ἀκούομεν ’Ἔρως γὰρ ἀργὸν κἀπὶ τοιούτοις ἔφυ‘ καὶ πάλιν ’ὦ παῖδες, ἥ τοι Κύπρις οὐ Κύπρις μόνον, ἀλλ´ ἔστι πολλῶν ὀνομάτων ἐπώνυμος. ἔστιν μὲν Ἅιδης, ἔστι δ´ ἄφθιτος βίος, ἔστιν δὲ λύσσα μαινάς·‘ ὥσπερ οὐδὲ τῶν ἄλλων θεῶν σχεδὸν ἀλοιδόρητος οὐδεὶς ἐκπέφευγε τὴν εὐλοιδόρητον ἀμαθίαν. σκόπει δὲ τὸν Ἄρην καθάπερ ἐν πίνακι χαλκῷ τὴν ἀντικειμένην ἐκ διαμέτρου τῷ Ἔρωτι χώραν ἔχοντα πηλίκας εἴληχε τιμὰς ὑπ´ ἀνθρώπων καὶ πάλιν ὅσα κακῶς ἀκούει, ’τυφλὸς γάρ, ὦ γυναῖκες, οὐδ´ ὁρῶν Ἄρης συὸς προσώπῳ πάντα τυρβάζει κακά‘ καὶ ’μιαιφόνον‘ Ὅμηρος αὐτὸν καλεῖ καὶ ’ἀλλοπρόσαλλον.‘ Ὁ δὲ Χρύσιππος ἐξηγούμενος τοὔνομα τοῦ θεοῦ κατηγορίαν ποιεῖ καὶ διαβολήν· Ἀναίρην γὰρ εἶναι τὸν Ἄρην φησίν, ἀρχὰς διδοὺς τοῖς τὸ μαχητικὸν ἐν ἡμῖν καὶ διάφορον καὶ θυμοειδὲς Ἄρην κεκλῆσθαι νομίζουσιν. ἕτεροι δ´ αὖ φήσουσι τὴν Ἀφροδίτην ἐπιθυμίαν εἶναι καὶ τὸν Ἑρμῆν λόγον καὶ τέχνας τὰς Μούσας καὶ φρόνησιν τὴν Ἀθηνᾶν. ὁρᾷς δήπου τὸν ὑπολαμβάνοντα βυθὸν ἡμᾶς ἀθεότητος, ἂν εἰς πάθη καὶ δυνάμεις καὶ ἀρετὰς διαγράφωμεν ἕκαστον τῶν θεῶν.

Traduction française :

[13] Pemptidès s'était tu, et mon père avait commencé à développer ce texte, quand arriva de la ville un second messager, qui venait chercher Anthémion de la part d'Isménodora. Le tumulte redoublait de violence, et il y avait dissentiment parmi les gymnasiarques : l'un voulant que l'on réclamât Bacchon, l'autre n'autorisant aucune démarche à ce sujet. Anthémion se leva, et se mit en route. Mon père alors, appelant Pemptidès par son nom : "Vous me semblez, dit-il, attaquer une matière grave et scabreuse. Ou plutôt vous ébranlez dans leurs fondements les doctrines immuables que nous professons touchant les dieux, lorsque vous demandez sur chacun d'eux des raisonnements et des démonstrations. La foi de nos pères, la foi antique est suffisante, et l'on ne saurait exprimer ou imaginer de témoignage plus évident, "Même avec les secours de toute la sagesse." Cette tradition est le fondement, la base commune de toute piété ; mais si un seul homme y porte atteinte et en ébranle la solidité et la légitimité, il la rend suspecte et douteuse pour tout le monde. Vous avez sans doute entendu dire quel trouble Euripide souleva pour avoir commencé sa célèbre tragédie de Mélanippe par ce vers : "Jupiter, quel es-tu? Je ne sais que ton nom." Il se hâta de substituer un autre choeur, parce qu'il comptait beaucoup sur cette oeuvre, écrite par lui avec autant de pompe que de soin ; et il remplaça le vers en question par celui que nous lisons aujourd'hui : "O toi, qu'a juste titre on nomme Jupiter!" Eh bien, qu'importe que ce soit sur la divinité de Jupiter, de Minerve, que l'on cherche à jeter des doutes, ou bien sur celle de l'Amour? Est-ce à dire qu'il manque à cette dernière divinité un seul des caractères de l'évidence? Ce n'est pas aujourd'hui pour la première fois que l'Amour réclame des autels et des sacrifices. Ce n'est pas un dieu étranger ; son culte n'a pas été introduit par une superstition barbare, comme le culte de ces Atys et de ces Adonis qu'ont importés des hermaphrodites et des femmes. Ce n'est pas en cachette qu'il recueille des hommages immérités : il ne craint pas d'être poursuivi comme un bâtard qui se serait glissé par contrebande chez les dieux. «Quand vous entendrez, mon cher, dire par Empédocle : "Une égale amitié les unit tous entre eux; Mais visible â l'esprit, elle échappe à nos yeux," croyez que c'est de l'Amour qu'il parle. Car ce dieu n'est pas visible. Il ne se conçoit que par l'intelligence, comme les divinités les plus anciennes; et si pour chacune de ces divinités on exigeait des preuves, si l'on touchait à toutes les croyances sacrées, si l'on faisait de chaque autel l'objet d'une enquête philosophique, on ne laisserait rien qui ne fût calomnié et mis en doute. Sans aller bien loin, "Qui ne voit en Vénus une grande déesse? Or Vénus a produit et nous donne l'Amour, A qui la race humaine ici-bas doit le jour." Empédocle la nomme «dispensatrice de la vie», Sophocle, «féconde en fruits»; et ces deux épithètes sont parfaitement justes et convenables. Sans doute l'oeuvre de Vénus est grande et admirable, mais Vénus est secondée par l'assistance de l'Amour. Que ce secours lui fasse défaut, l'oeuvre devient sans intérêt : on la délaisse, elle n'inspire plus ni respect ni sympathies. Du rapprochement des deux sexes supprimez l'amour, ce deviendra, comme la faim, comme la soif, un besoin qui n'a d'autre but que de se rassasier et dont le résultat n'offre rien de noble. Mais Vénus, par le moyen de l'Amour, enlève au plaisir toute satiété, et fait du rapprochement des deux sexes une tendre union des coeurs. C'est pour cela que Parménide présente l'Amour comme la plus ancienne création de Vénus. Il écrit dans sa Cosmogonie "Elle enfanta l'Amour avant tout autre dieu." Mais Hésiode me semble comprendre mieux les lois de la nature quand il fait de l'Amour le plus ancien de tous les dieux, de telle façon que ce soit à lui que tout doive l'existence. Si donc des hommages auquels il a droit nous dépossédons l'Amour, il n'y aura plus lieu à maintenir ceux de Vénus. En effet on n'a pas la ressource de pouvoir dire qu'en insultant l'Amour on se garde bien d'attaquer Vénus. C'est d'une seule et même scène que nous entendons partir ces vers : "Protecteur né de la paresse, L'Amour s'attache aux paresseux," et ceux-ci : "Vénus, enfants, n'est pas uniquement Vénus: Ce sont dans un seul mot plusieurs noms contenus. C'est, en outre, l'enfer; c'est une force immense; C'est un démon rempli de rage et de démence." «Du reste, parmi les autres dieux il n'en est presque pas un seul qui ait échappé aux outrages de l'ignorance empressée à prodiguer l'injure. Voyez Mars, qui comme sur une table de bronze, occupe une place diamétralement opposée à celle de l'Amour. Combien d'honneurs il a reçus des hommes! Et d'autre part, de combien d'invectives il est l'objet ! "Femmes, Mars est aveugle, et, comme un sanglier, Des malheurs, sans rien voir, il trouble le bourbier". Homère l'appelle "souillé de meurtres", «inconstant», «capricieux». Chrysippe, remontant à l'étymologie de ce nom d'Arès, en prend texte pour accuser Mars et le calomnier. Il prétend que Arès signifie «meurtrier», (Airétès); et il autorise ainsi l'opinion de ceux qui pensent que la partie de notre âme où sont renfermés les sentiments belliqueux, hostiles et furieux, s'appelle de ce même nom. D'autres, à leur tour, appellent Vénus «la concupiscence», les Muses "les beaux-arts", Mercure «l'éloquence», Minerve «la sagesse». Voyez-vous, d'après cela, dans quel gouffre d'impiété nous tombons, s'il nous prend fantaisie de personnifier nos passions, nos facultés, nos vertus dans chacun des dieux?»





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Dernière mise à jour : 8/06/2005