Texte grec :
[8] ‘Ἐκεῖνο δ´ οὐ λέγεις’ ὁ Πρωτογένης εἶπεν
‘ὅτι κινδυνεύομεν ἀναστρέφειν ἀτόπως καὶ γελοίως τὸν
Ἡσίοδον, ἄν, ἐκείνου λέγοντος
’μήτε τριηκόντων ἐτέων μάλα πόλλ´ ἀπολείπων
μήτ´ ἐπιθεὶς μάλα πολλά· γάμος δέ τοι ὥριος οὗτος·
ἡ δὲ γυνὴ τέτορ´ ἡβώοι, πέμπτῳ δὲ γαμοῖτο‘,
σχεδὸν ἡμεῖς ἔτεσι τοσούτοις γυναικὶ πρεσβυτέρᾳ καθάπερ
οἱ φοίνικας ἢ σῦκα ἐρινάζονται, πρώθηβον καὶ ἄωρον ἄνδρα
περιάψωμεν. ’Ἐρᾶται γὰρ αὐτοῦ νὴ Δία καὶ κάεται·‘
τίς οὖν ὁ κωλύων ἐστὶ κωμάζειν ἐπὶ θύρας, ᾄδειν τὸ παρακλαυσίθυρον,
ἀναδεῖν τὰ εἰκόνια, παγκρατιάζειν πρὸς
τοὺς ἀντεραστάς; ταῦτα γὰρ ἐρωτικά· καὶ καθείσθω τὰς
ὀφρῦς καὶ παυσάσθω τρυφῶσα, καὶ σχῆμα λαβοῦσα τῶν
τοῦ πάθους οἰκείων. εἰ δ´ αἰσχύνεται καὶ σωφρονεῖ,
κοσμίως οἴκοι καθήσθω περιμένουσα τοὺς μνωμένους καὶ
σπουδάζοντας. ἐρᾶν δὲ φάσκουσαν γυναῖκα φυγεῖν τις ἂν
ἔχοι καὶ βδελυχθείη, μήτι γε λάβοι γάμου ποιησάμενος
ἀρχὴν τὴν τοιαύτην ἀκρασίαν.
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Traduction française :
[8] «Il y a une chose que vous n'ajoutez pas, dit Protogène :
c'est que nous risquons d'intervertir d'une manière
déplacée et ridicule le précepte d'Hésiode :
"Un homme doit avoir quand il entre en ménage
Un peu moins de trente ans, ou guère davantage.
Pour la femme, nubile à quatorze ans, je veux
Qu'à quinze de l'hymen elle allume les feux."
Si nous marions un adolescent encore imberbe à une femme
qui a presque le double de l'âge prescrit par le poète, ce sera
comme quand on attache ensemble les branches des palmiers
ou celles des figuiers mâles et des figuiers femelles
pour les faire mûrir. Isménodora est amoureuse, dira-t-on,
et elle brûle pour lui. Y a-t-il, à ce compte, quelqu'un
qui empêche cette femme de venir de nuit à la porte de
son amant, d'y chanter de tendres complaintes, d'entourer
de fleurs les portraits de celui qu'elle adore, et de se
battre avec les rivaux qui le lui disputent? Car ce sont là
des actes d'amoureux. Qu'elle tienne donc, en outre, les
sourcils baissés, qu'elle cesse de déployer son luxe, et qu'elle
prenne l'attitude qui caractérise une passion profonde. Si,
au contraire, elle est pudique et sage, elle restera modestement
chez elle, attendant qu'on recherche sa main et
qu'on lui fasse la cour. Une femme qui répète partout
qu'elle est amoureuse, mérite d'être fuie et prise en haine,
loin qu'on songe à l'épouser et à contracter mariage sous
les auspices d'une semblable impudence.»
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