[1030] (1030a) τὸ δὲ πᾶσιν, οἷς ἐκ διαφορᾶς καὶ ἀνομοιότητος
ἐγγέγονε κοινωνία τις πρὸς ἄλληλα καὶ συμφωνία, ταύτης αἰτίαν εἶναι
μετριότητα καὶ τάξιν, ἀριθμοῦ καὶ ἁρμονίας μετασχοῦσιν, οὐδὲ τοὺς ποιητὰς
λέληθεν « ἄρθμια » μὲν τὰ φίλα καὶ προσηνῆ καλοῦντας « ἀναρσίους » δὲ τοὺς
ἐχθροὺς καὶ τοὺς πολεμίους, ὡς ἀναρμοστίαν τὴν διαφορὰν οὖσαν. Ὁ δὲ τῷ
Πινδάρῳ ποιήσας τὸ ἐπικήδειον
Ἄρμενος ἦν ξείνοισιν ἀνὴρ ὅδε καὶ φίλος ἀστοῖς
εὐαρμοστίαν δῆλός ἐστι τὴν ἀρετὴν ἡγούμενος· ὥς που καὶ αὐτὸς ὁ Πίνδαρος
τοῦ θεοῦ φησιν ἐπακοῦσαι
Μουσικὰν ὀρθὰν ἐπιδεικνυμένου
τὸν Κάδμον.
(1030b) Οἵ τε πάλαι θεολόγοι, πρεσβύτατοι φιλοσόφων ὄντες, ὄργανα μουσικὰ
θεῶν ἐνεχείριζον ἀγάλμασιν· οὐχ ὡς λύραν που ... καὶ αὐλοῦσιν, ἀλλ´ οὐθὲν
ἔργον οἰόμενοι θεῶν οἷον ἁρμονίαν εἶναι καὶ συμφωνίαν. Ὥσπερ οὖν ὁ τοὺς
ἐπιτρίτους καὶ ἡμιολίους καὶ διπλασίους λόγους ζητῶν ἐν τῷ ζυγῷ τῆς λύρας
καὶ τῇ χελώνῃ καὶ τοῖς κολλάβοις γελοῖός
ἐστι (δεῖ μὲν γὰρ ἀμέλει καὶ ταῦτα συμμέτρως γεγονέναι πρὸς ἄλληλα μήκεσι
καὶ πάχεσι, τὴν δ´ ἁρμονίαν ἐκείνην ἐπὶ τῶν φθόγγων θεωρεῖν), οὕτως εἰκὸς
μέν ἐστι καὶ τὰ σώματα τῶν ἀστέρων καὶ τὰ διαστήματα τῶν κύκλων καὶ τὰ
τάχη τῶν περιφορῶν ὥσπερ ὄργανα (1030c) ἐν τεταγμένοις λόγοις ἔχειν
ἐμμέτρως πρὸς ἄλληλα καὶ πρὸς τὸ ὅλον, εἰ καὶ τὸ ποσὸν ἡμᾶς τοῦ μετρίου
διαπέφευγε· τῶν μέντοι λόγων ἐκείνων, οἷς ὁ δημιουργὸς ἐχρήσατο, καὶ τῶν
ἀριθμῶν ἔργον ἡγεῖσθαι τὴν αὐτῆς τῆς ψυχῆς ἐμμέλειαν καὶ ἁρμονίαν πρὸς
αὑτήν, ὑφ´ ἧς καὶ τὸν οὐρανὸν ἐγγενομένη μυρίων ἀγαθῶν ἐμπέπληκε, καὶ τὰ
περὶ γῆν ὥραις καὶ μεταβολαῖς μέτρον ἐχούσαις ἄριστα καὶ κάλλιστα πρός τε
γένεσιν καὶ σωτηρίαν τῶν γιγνομένων διακεκόσμηκεν.
| [1030] (1030a) Mais que la société et l'accord qui règnent aujourd'hui
dans toutes les substances, entre lesquelles il y avait auparavant tant de
dissimilitude et d'inégalité, soient l'effet de la modération et de
l'ordre qu'ont mis en elles les proportions et les nombres harmoniques,
c'est ce que n'ont pas ignoré les poètes eux-mêmes, qui désignent les
choses douces et aimables par le terme d'accord, et qui donnent à celles
qui nous sont désagréables et contraires l'épithète de discordantes, comme
si l'inimitié n'était autre chose qu'un défaut d'harmonie et de
proportion. Le poète qui a fait l'éloge funèbre de Pindare dit de lui :
"Par l'accord de ses mœurs, par son doux caractère,
Pindare aux citoyens, aux étrangers sut plaire".
Il montre par là qu'il regarde comme une vertu cette facilité de mœurs.
Pindare lui-même a dit de Cadmus :
"Le mortel dont la vie est dans un juste accord
Ne craint point dans enfers le redoutable sort".
(1030b) Les théologiens des siècles passés, qui sont les plus anciens des
philosophes, ont mis des instruments dans les mains des statues de leurs
dieux ; non qu'ils regardassent comme un exercice convenable aux dieux de
jouer de la lyre ou de la flûte ; mais ils croyaient que rien n'était plus
analogue à leur nature que l'accord et l'harmonie. Celui qui voudrait
trouver des proportions sesqui-tierces, sesqui-altères et doubles dans le
corps, le manche ou les clefs d'une lyre et d'un luth, se ferait moquer de
lui ; non qu'il ne faille que ces parties des instruments soient
proportionnées entre elles pour la longueur et la grosseur ; mais ce n'est
que dans les sons qu'il faut chercher l'harmonie. De même il est
vraisemblable que les corps des astres, les intervalles de leurs orbites,
les vitesses de leurs révolutions, semblables à des instruments (1030c)
bien montés sont proportionnés, soit entre eux, soit avec le
reste de l'univers, encore que la mesure et la quantité de ces proportions
nous soient inconnues. Mais il faut croire que le véritable effet de ces
nombres et de ces proportions dont le souverain architecte du monde a fait
usage, est l'accord et l'harmonie de l'âme avec elle-même ; que ce fut par
le moyen de ces nombres qu'elle remplit le ciel d'une infinité de biens,
tempéra les choses terrestres par la vicissitude des saisons, et les
ordonna de la manière la plus propre, soit à la production, soit à la
conservation des substances créées.
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