HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Périclès

Chapitre 13-14

  Chapitre 13-14

[13] ἀναβαινόντων δὲ τῶν ἔργων ὑπερηφάνων μὲν μεγέθει, μορφῇ δ' ἀμιμήτων καὶ χάριτι, τῶν δημιουργῶν ἁμιλλωμένων ὑπερβάλλεσθαι τὴν δημιουργίαν τῇ καλλιτεχνίᾳ, μάλιστα θαυμάσιον ἦν τὸ τάχος. ὧν γὰρ ἕκαστον ᾤοντο πολλαῖς διαδοχαῖς καὶ ἡλικίαις μόλις ἐπὶ τέλος ἀφίξεσθαι, ταῦτα πάντα μιᾶς ἀκμῇ πολιτείας ἐλάμβανε τὴν συντέλειαν. (2) καίτοι ποτέ φασιν Ἀγαθάρχου τοῦ ζωγράφου μέγα φρονοῦντος ἐπὶ τῷ ταχὺ καὶ ῥᾳδίως τὰ ζῷα ποιεῖν ἀκούσαντα τὸν Ζεῦξιν εἰπεῖν· “ἐγὼ δ' ἐν πολλῷ χρόνῳ.” γὰρ ἐν τῷ ποιεῖν εὐχέρεια καὶ ταχύτης οὐκ ἐντίθησι βάρος ἔργῳ μόνιμον οὐδὲ κάλλους ἀκρίβειαν· δ' εἰς τὴν γένεσιν τῷ πόνῳ προδανεισθεὶς χρόνος ἐν τῇ σωτηρίᾳ τοῦ γενομένου τὴν ἰσχὺν ἀποδίδωσιν. (3) ὅθεν καὶ μᾶλλον θαυμάζεται τὰ Περικλέους ἔργα πρὸς πολὺν χρόνον ἐν ὀλίγῳ γενόμενα. κάλλει μὲν γὰρ ἕκαστον εὐθὺς ἦν τότε ἀρχαῖον, ἀκμῇ δὲ μέχρι νῦν πρόσφατόν ἐστι καὶ νεουργόν· οὕτως ἐπανθεῖ καινότης ἀεί τις ἄθικτον ὑπὸ τοῦ χρόνου διατηροῦσα τὴν ὄψιν, ὥσπερ ἀειθαλὲς πνεῦμα καὶ ψυχὴν ἀγήρω καταμεμιγμένην τῶν ἔργων ἐχόντων. (4) πάντα δὲ διεῖπε καὶ πάντων ἐπίσκοπος ἦν αὐτῷ Φειδίας, καίτοι μεγάλους ἀρχιτέκτονας ἐχόντων καὶ τεχνίτας τῶν ἔργων. τὸν μὲν γὰρ ἑκατόμπεδον Παρθενῶνα Καλλικράτης εἰργάζετο καὶ Ἰκτῖνος, τὸ δ' ἐν Ἐλευσῖνι τελεστήριον ἤρξατο μὲν Κόροιβος οἰκοδομεῖν, καὶ τοὺς ἐπ' ἐδάφους κίονας ἔθηκεν οὗτος καὶ τοῖς ἐπιστυλίοις ἐπέζευξεν· ἀποθανόντος δὲ τούτου Μεταγένης Ξυπέτιος τὸ διάζωμα καὶ τοὺς ἄνω κίονας ἐπέστησε· (5) τὸ δ' ὀπαῖον ἐπὶ τοῦ ἀνακτόρου Ξενοκλῆς Χολαργεὺς ἐκορύφωσε· τὸ δὲ μακρὸν τεῖχος, περὶ οὗ Σωκράτης ἀκοῦσαί φησιν αὐτὸς εἰσηγουμένου γνώμην Περικλέους, ἠργολάβησε Καλλικράτης. κωμῳδεῖ δὲ τὸ ἔργον Κρατῖνος ὡς βραδέως περαινόμενον· πάλαι γὰρ αὐτό, φησί, λόγοισι προάγει Περικλέης, ἔργοισι δ' οὐδὲ κινεῖ. τὸ δ' Ωιδεῖον, τῇ μὲν ἐντὸς διαθέσει πολύεδρον καὶ πολύστυλον, τῇ δ' ἐρέψει περικλινὲς καὶ κάταντες ἐκ μιᾶς κορυφῆς πεποιημένον, εἰκόνα λέγουσι γενέσθαι καὶ μίμημα τῆς βασιλέως σκηνῆς, ἐπιστατοῦντος καὶ τούτῳ Περικλέους. (6) διὸ καὶ πάλιν Κρατῖνος ἐν Θρᾴτταις παίζει πρὸς αὐτόν· σχινοκέφαλος Ζεὺς ὅδε προσέρχεται τᾠδεῖον ἐπὶ τοῦ κρανίου ἔχων, ἐπειδὴ τοὔστρακον παροίχεται. φιλοτιμούμενος δ' Περικλῆς τότε πρῶτον ἐψηφίσατο μουσικῆς ἀγῶνα τοῖς Παναθηναίοις ἄγεσθαι, καὶ διέταξεν αὐτὸς ἀθλοθέτης αἱρεθεὶς καθότι χρὴ τοὺς ἀγωνιζομένους αὐλεῖν ᾄδειν κιθαρίζειν. ἐθεῶντο δὲ καὶ τότε καὶ τὸν ἄλλον χρόνον ἐν Ὠιδείῳ τοὺς μουσικοὺς ἀγῶνας. (7) τὰ δὲ Προπύλαια τῆς ἀκροπόλεως ἐξειργάσθη μὲν ἐν πενταετίᾳ Μνησικλέους ἀρχιτεκτονοῦντος· τύχη δὲ θαυμαστὴ συμβᾶσα περὶ τὴν οἰκοδομίαν ἐμήνυσε τὴν θεὸν οὐκ ἀποστατοῦσαν, ἀλλὰ συνεφαπτομένην τοῦ ἔργου καὶ συνεπιτελοῦσαν. (8) γὰρ ἐνεργότατος καὶ προθυμότατος τῶν τεχνιτῶν ἀποσφαλεὶς ἐξ ὕψους ἔπεσε καὶ διέκειτο μοχθηρῶς, ὑπὸ τῶν ἰατρῶν ἀπεγνωσμένος. ἀθυμοῦντος δὲ τοῦ Περικλέους θεὸς ὄναρ φανεῖσα συνέταξε θεραπείαν, χρώμενος Περικλῆς ταχὺ καὶ ῥᾳδίως ἰάσατο τὸν ἄνθρωπον. ἐπὶ τούτῳ δὲ καὶ τὸ χαλκοῦν ἄγαλμα τῆς Ὑγιείας Ἀθηνᾶς ἀνέστησεν ἐν ἀκροπόλει παρὰ τὸν βωμὸν ὃς καὶ πρότερον ἦν, ὡς λέγουσιν. (9) δὲ Φειδίας εἰργάζετο μὲν τῆς θεοῦ τὸ χρυσοῦν ἕδος, καὶ τούτου δημιουργὸς ἐν τῇ στήλῃ ἀναγέγραπται, πάντα δ' ἦν σχεδὸν ἐπ' αὐτῷ, καὶ πᾶσιν, ὡς εἰρήκαμεν, ἐπεστάτει τοῖς τεχνίταις διὰ φιλίαν Περικλέους. καὶ τοῦτο τῷ μὲν φθόνον, τῷ δὲ βλασφημίαν ἤνεγκεν, ὡς ἐλευθέρας τῷ Περικλεῖ γυναῖκας εἰς τὰ ἔργα φοιτώσας ὑποδεχομένου τοῦ Φειδίου. (10) δεξάμενοι δὲ τὸν λόγον οἱ κωμικοὶ πολλὴν ἀσέλγειαν αὐτοῦ κατεσκέδασαν, εἴς τε τὴν Μενίππου γυναῖκα διαβάλλοντες, ἀνδρὸς φίλου καὶ ὑποστρατηγοῦντος, εἴς τε τὰς Πυριλάμπους ὀρνιθοτροφίας, ὃς ἑταῖρος ὢν Περικλέους αἰτίαν εἶχε ταῶνας ὑφιέναι ταῖς γυναιξὶν αἷς Περικλῆς ἐπλησίαζε. (11) καὶ τί ἄν τις ἀνθρώπους σατυρικοὺς τοῖς βίοις καὶ τὰς κατὰ τῶν κρειττόνων βλασφημίας ὥσπερ δαίμονι κακῷ τῷ φθόνῳ τῶν πολλῶν ἀποθύοντας ἑκάστοτε θαυμάσειεν, ὅπου καὶ Στησίμβροτος Θάσιος δεινὸν ἀσέβημα καὶ μυθῶδες ἐξενεγκεῖν ἐτόλμησεν εἰς τὴν γυναῖκα τοῦ υἱοῦ κατὰ τοῦ Περικλέους; (12) οὕτως ἔοικε πάντη χαλεπὸν εἶναι καὶ δυσθήρατον ἱστορίᾳ τἀληθές, ὅταν οἱ μὲν ὕστερον γεγονότες τὸν χρόνον ἔχωσιν ἐπιπροσθοῦντα τῇ γνώσει τῶν πραγμάτων, δὲ τῶν πράξεων καὶ τῶν βίων ἡλικιῶτις ἱστορία τὰ μὲν φθόνοις καὶ δυσμενείαις, τὰ δὲ χαριζομένη καὶ κολακεύουσα λυμαίνηται καὶ διαστρέφῃ τὴν ἀλήθειαν. [13] XIII. Ces édifices étaient d’une grandeur étonnante, d’une beauté et d’une élégance inimitables. Tous les artistes s’étaient efforcés à l’envi de surpasser la magnificence du dessin par la perfection du travail. Mais ce qui surprenait davantage, c’était la promptitude avec laquelle ils avaient été construits : il n’y en avait pas un seul qui ne semblât avoir exigé plusieurs âges et plusieurs successions d’hommes pour être conduit à sa fin, et cependant ils furent tous achevés pendant le court espace de l’administration florissante d’un seul homme. On dit, à la vérité, que dans ce temps-là Zeuxis ayant entendu le peintre Agatharcus se glorifier de la facilité et de la vitesse avec laquelle il peignait toute sorte d’animaux : « Pour moi, dit-il, je fais gloire de ma lenteur. » En effet, la promptitude et la facilité dans l’exécution ne donnent ni beauté parfaite ni solidité durable. Le temps associé au travail pour la production d’un ouvrage lui imprime un caractère de stabilité qui le conserve des siècles entiers. Aussi ce qui rend plus admirables les édifices de Périclès, c’est qu’achevés en si peu de temps, ils aient eu une si longue durée. Chacun de ces ouvrages était à peine fini, qu’il avait déjà, par sa beauté, le caractère de l’antique ; cependant aujourd’hui ils ont toute la fraîcheur, tout l’éclat de la jeunesse : tant y brille cette fleur de nouveauté qui les garantit des impressions du temps ! Il semble qu’ils aient en eux-mêmes un esprit et une âme qui les rajeunissent sans cesse et les empêchent de vieillir. Tous ces édifices furent dirigés par Phidias, qui avait seul l’intendance de tous les travaux. Cependant les Athéniens avaient alors de grands architectes et d’habiles artistes. Callicratès et Ictinos construisirent le Parthénon, appelé l’Hécatompédon. La chapelle des mystères à Eleusis fut commencée par Corèbe, qui éleva le premier rang des colonnes et y posa les architraves. Après sa mort, Métagènès, du bourg de Xypète, plaça le cordon et le second rang de colonnes. Xénoclès, du bourg de Cholargue, termina le dôme et la coupole qui est au- dessus du sanctuaire. Callicratès fit l’entreprise de la longue muraille dont Socrate disait avoir entendu proposer la construction à Périclès. C’est ce travail dont Cratinos censure la lenteur dans ses pièces : Périclès de ses cris semble presser l’ouvrage, Mais au fait rien ne va. L’Odéon est, dans son intérieur, entouré de plusieurs rangs de sièges et de colonnes ; et le comble, incliné dans tout son contour, va peu à peu en se rétrécissant et se termine en pointe. Il fut construit, dit-on, sur le modèle du pavillon de Xerxès, et Périclès en donna lui-même le dessin. Cratinos en prend encore occasion de le railler dans sa comédie des Traciennes : Ce nouveau Zeus à la tête d’ognon, Et dont le vaste crâne est gros de l’Odéon, Périclès vient à nous, tout fier de l’avantage D’avoir de l’ostracisme évité le naufrage. Ce fut alors pour la première fois que Périclès proposa un décret pour faire célébrer des jeux de musique à la fête des Panathénées, et, il mit la plus grande ardeur à le faire passer. Nommé lui-même distributeur des prix, il régla la manière dont les musiciens qui entreraient en lice devaient chanter, jouer de la flûte et de la lyre. Depuis ce temps-là, les jeux de musique furent toujours célébrés dans l’Odéon. Les Propylées de l’Acropole, construits par l’architecte Mnésiclès, furent achevés en cinq ans. Un événement merveilleux, arrivé pendant qu’on les bâtissait, fit connaître que la déesse, loin de s’opposer à leur construction, l’approuvait et voulait même y concourir. Le plus habile et le plus laborieux des artistes, ayant fait un faux pas, se laissa tomber du haut de l’édifice, et se blessa si dangereusement, que les médecins désespéraient de sa vie. Périclès en était très affligé, lorsque la déesse, lui ayant apparu en songe, lui indiqua un remède qui procura à cet homme une prompte guérison. En reconnaissance de ce bienfait, Périclès fit faire en bronze la statue d’Athéna Hygiée, et la plaça dans la citadelle près de l’autel qu’on y voyait auparavant. Ce fut Phidias qui exécuta la statue d’or de la déesse ; et l’on assure que le nom de cet artiste est gravé sur le piédestal. J’ai déjà dit que Périclès, qui l’aimait beaucoup, lui avait conféré l’intendance générale des travaux et l’inspection sur tous les ouvriers. Cette faveur excita l’envie contre l’un, et donna lieu de calomnier l’autre. On disait que Phidias recevait chez lui les premières femmes d’Athènes, sous prétexte de leur montrer ses ouvrages, et qu’il les livrait à Périclès. Ce bruit fut saisi avidement par les poètes comiques, qui en prirent occasion de l’accuser d’incontinence ; ils lui imputèrent de vivre avec la femme de Ménippe, son ami et son lieutenant à l’armée. Ils disaient qu’un autre de ses amis, nommé Pyrilampès, nourrissait des oiseaux curieux, et en particulier des paons, pour en faire présent aux maîtresses de Périclès. Mais comment s’étonner de ces injures proférées par des hommes dont le métier est de médire, qui chaque jour sacrifient à l’envieuse malignité de la multitude, comme à un génie malfaisant, la réputation des hommes les plus honnêtes, en les noircissant par leurs calomnies ? N’a-t-on pas vu Stésimbrote de Thrace lui-même oser imputer à Périclès un crime horrible, l’accuser d’un commerce criminel avec la femme de son propre fils ? Tant il est difficile à l’histoire de découvrir la vérité ! Les historiens qui écrivent plusieurs siècles après les événements ont devant eux le voile du temps, qui leur en dérobe la connaissance ; et l’histoire contemporaine, ou aveuglée par la haine et l’envie, ou corrompue par la flatterie et par la faveur, altère et déguise les faits.
[14] τῶν δὲ περὶ τὸν Θουκυδίδην ῥητόρων καταβοώντων τοῦ Περικλέους ὡς σπαθῶντος τὰ χρήματα καὶ τὰς προσόδους ἀπολλύντος, ἠρώτησεν ἐν ἐκκλησίᾳ τὸν δῆμον εἰ πολλὰ δοκεῖ δεδαπανῆσθαι· φησάντων δὲ πάμπολλα· “μὴ τοίνυν,” εἶπεν, “ὑμῖν, ἀλλ' ἐμοὶ δεδαπανήσθω, καὶ τῶν ἀναθημάτων ἰδίαν ἐμαυτοῦ ποιήσομαι τὴν ἐπιγραφήν.” (2) εἰπόντος οὖν ταῦτα τοῦ Περικλέους, εἴτε τὴν μεγαλοφροσύνην αὐτοῦ θαυμάσαντες εἴτε πρὸς τὴν δόξαν ἀντιφιλοτιμούμενοι τῶν ἔργων, ἀνέκραγον κελεύοντες ἐκ τῶν δημοσίων ἀναλίσκειν καὶ χορηγεῖν μηδενὸς φειδόμενον. τέλος δὲ πρὸς τὸν Θουκυδίδην εἰς ἀγῶνα περὶ τοῦ ὀστράκου καταστὰς καὶ διακινδυνεύσας ἐκεῖνον μὲν ἐξέβαλε, κατέλυσε δὲ τὴν ἀντιτεταγμένην ἑταιρείαν. [14] XIV. Comme les orateurs attachés au parti de Thucydide ne cessaient de crier que Périclès dilapidait les finances et ruinait la république, il demanda un jour au peuple assemblé s’il croyait qu’il eût beaucoup dépensé. « Oui, répondit le peuple, et beaucoup trop. — Eh bien ! reprit Périclès, cette dépense ne sera pas à votre charge ; je m’engage à la supporter seul. Mais mon nom seul aussi sera placé dans les inscriptions des édifices. » A ces mots, soit admiration pour sa grandeur d’âme, soit que par jalousie on ne voulût pas lui céder la gloire de tant de beaux ouvrages, tout le peuple s’écria qu’il n’avait qu’à prendre dans le trésor public de quoi en couvrir les frais, et de ne rien épargner. Cependant sa rivalité avec Thucydide étant venue à un tel point qu’elle ne pouvait plus se terminer que par le bannissement de l’un ou de l’autre, il vint à bout de le faire exiler, et détruisit ainsi cette faction ennemie.


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Dernière mise à jour : 14/12/2005