[27] (1) Ἐκ τούτου κατελύθησαν μὲν οἱ τετρακόσιοι, τῶν τοῦ
Ἀλκιβιάδου φίλων προθύμως συλλαμβανομένων τοῖς τὰ
τοῦ δήμου φρονοῦσι· βουλομένων δὲ τῶν ἐν ἄστει καὶ
κελευόντων κατιέναι τὸν Ἀλκιβιάδην, αὐτὸς ᾤετο δεῖν
μὴ κεναῖς χερσὶ μηδ´ ἄπρακτος οἴκτῳ καὶ χάριτι τῶν
πολλῶν, ἀλλ´ ἐνδόξως κατελθεῖν. (2) διὸ πρῶτον μὲν ὀλίγαις
ναυσὶν ἐκ Σάμου περιέπλει τὴν ἐπὶ Κνίδου καὶ Κῶ θάλασσαν·
ἐκεῖ δ´ ἀκούσας Μίνδαρον τὸν Σπαρτιάτην εἰς
Ἑλλήσποντον ἀναπλεῖν τῷ στόλῳ παντὶ καὶ τοὺς Ἀθηναίους
ἐπακολουθεῖν, ἠπείγετο βοηθῆσαι τοῖς στρατηγοῖς,
(3) καὶ κατὰ τύχην εἰς τοῦτο καιροῦ συνήνυσε πλέων
ὀκτωκαίδεκα τριήρεσιν, ἐν ᾧ πάσαις ὁμοῦ ταῖς ναυσὶ
συμπεσόντες εἰς ταὐτὸ καὶ διαναυμαχοῦντες περὶ Ἄβυδον
ἀμφότεροι, τοῖς μὲν ἡττώμενοι μέρεσι, τοῖς δὲ νικῶντες,
ἄχρι δείλης ἀγῶνι μεγάλῳ συνείχοντο, (4) καὶ παρέσχε μὲν
ἐναντίαν δόξαν ἀμφοτέροις ἐπιφανείς, ὥστε θαρρεῖν μὲν
τοὺς πολεμίους, θορυβεῖσθαι δὲ τοὺς Ἀθηναίους. ταχὺ
δὲ σημεῖον ἄρας ἀπὸ τῆς ναυαρχίδος φίλιον, ὥρμησεν
εὐθὺς ἐπὶ τοὺς κρατοῦντας καὶ διώκοντας τῶν Πελοποννησίων.
(5) τρεψάμενος δ´ αὐτοὺς ἐξέωσεν εἰς τὴν γῆν, καὶ
προσκείμενος ἔκοπτε τὰς ναῦς καὶ συνετίτρωσκε, τῶν
ἀνδρῶν ἐκνεόντων καὶ Φαρναβάζου πεζῇ προσβοηθοῦντος
αὐτοῖς καὶ μαχομένου παρὰ τὴν θάλατταν ὑπὲρ τῶν νεῶν.
(6) τέλος δὲ τῶν μὲν πολεμίων τριάκοντα λαβόντες, ἀνασώσαντες
δὲ τὰς αὑτῶν, τρόπαιον ἔστησαν.
Οὕτω δὲ λαμπρᾷ χρησάμενος εὐτυχίᾳ, καὶ φιλοτιμούμενος
εὐθὺς ἐγκαλλωπίσασθαι τῷ Τισσαφέρνῃ, ξένια καὶ
δῶρα παρασκευασάμενος καὶ θεραπείαν ἔχων ἡγεμονικὴν
ἐπορεύετο πρὸς αὐτόν. (7) οὐ μὴν ἔτυχεν ὧν προσεδόκησεν,
ἀλλὰ πάλαι κακῶς ἀκούων ὁ Τισσαφέρνης ὑπὸ τῶν
Λακεδαιμονίων, καὶ φοβούμενος αἰτίαν λαβεῖν ἐκ βασιλέως,
ἔδοξεν ἐν καιρῷ τὸν Ἀλκιβιάδην ἀφῖχθαι, καὶ συλλαβὼν
αὐτὸν εἷρξεν ἐν Σάρδεσιν, ὡς λύσιν ἐκείνης τῆς διαβολῆς
τὴν ἀδικίαν ταύτην ἐσομένην.
| [27] (1) Après quoi les Quatre-Cents furent renversés et les
amis d'Alcibiade se rangèrent avec empressement aux côtés
des partisans de la démocratie; les citadins voulaient,
exigeaient même, le retour d'Alcibiade, mais lui n'estimait
pas devoir rentrer les mains vides, sans rien faire, grâce à
la pitié et à la faveur des masses: il entendait rentrer
avec éclat. (2) C'est pourquoi, au départ de Samos, il se se
mit d'abord à sillonner avec quelques vaisseaux la mer
autour de Cnide et de Cos. Là, apprenant que le Spartiate
Mindaros remontait avec toute sa flotte vers l'Hellespont et
que les Athéniens le poursuivaient, il se hâta de porter
secours à leurs stratèges. (3) Naviguant avec dix-huit
trières, Alcibiade arriva par hasard juste au moment où
Athéniens et Lacédémoniens, avec tous leurs vaisseaux, se
rencontraient au même endroit et engageaient un combat naval
au large d'Abydos; ils restèrent aux prises jusqu'au soir,
en un grand affrontement où alternaient défaites et
victoires. (4) L'apparition d'Alcibiade provoqua dans les
deux camps un sentiment opposé: elle encourageait les
ennemis et perturbait les Athéniens. Mais sans attendre,
ayant fait hisser le pavillon ami sur son vaisseau amiral,
il fonça directement sur ceux des Péloponnésiens qui,
vainqueurs, poursuivaient les Athéniens. (5) Il les mit en
fuite, les drossa à la côte et, les harcelant, il portait
aux navires péloponnésiens force coups et blessures tandis
que les hommes se sauvaient à la nage; Pharnabaze vint à la
rescousse par terre, combattant sur la côte pour assister
les navires. (6) Finalement les Athéniens s'emparèrent de
trente vaisseaux ennemis et, ayant recouvré les leurs, ils
érigèrent un trophée. Fort de cette brillante réussite et
ambitionnant de s'en glorifier aussitôt auprès de
Tissapherne, Alcibiade prépara des présents d'hospitalité et
divers cadeaux et, avec le train d'un commandant, il se
rendit chez lui. (7) Mais il n'obtint assurément pas ce à
quoi il s'était attendu! Tissapherne, décrié par les
Lacédémoniens depuis longtemps déjà et qui craignait de se
voir accusé par le Roi, estima qu'Alcibiade arrivait fort à
point; il le fit arrêter et emprisonner à Sardes, dans
l'espoir que cette injustice lui donnerait la possibilité de
se racheter de toute insinuation calomnieuse.
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