HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, VI, livre VIII

Chapitre 9

 Chapitre 9

[6,8,9] Ἀλλὰ πρὸς αὐτὸ εἴ τις λαμβάνοι τὸ συνέβη, οὔτοι δεῖ πρὸς τὸ ὄνομα ἵστασθαι, ἀλλὰ ὅπως νοεῖ λέγων συνιέναι. Τί οὖν νοεῖ; Τοῦτο, ὅτι ταύτην ἔχον τὴν φύσιν καὶ τὴν δύναμιν ἀρχή· καὶ γὰρ εἰ ἄλλην εἶχεν, ἦν ἂν {ἀρχὴ} τοῦτο, ὅπερ ἦν, καὶ εἰ χεῖρον, ἐνήργησεν ἂν κατὰ τὴν αὐτοῦ οὐσίαν. Πρὸς δὴ τὸ τοιοῦτον λεκτέον, ὅτι μὴ οἷόν τε ἦν ἀρχὴν οὖσαν πάντων τὸ τυχὸν εἶναι, μὴ ὅτι χεῖρον, ἀλλ´ οὐδὲ ἀγαθὸν μέν, ἀγαθὸν δὲ ἄλλως, οἷον ἐνδεέστερον. Ἀλλὰ δεῖ κρείττονα εἶναι τὴν ἀρχὴν ἁπάντων τῶν μετ´ αὐτήν· ὥστε ὡρισμένον τι. Λέγω δὲ ὡρισμένον, ὅτι μοναχῶς καὶ οὐκ ἐξ ἀνάγκης· οὐδὲ γὰρ ἦν ἀνάγκη· ἐν γὰρ τοῖς ἑπομένοις τῇ ἀρχῇ ἀνάγκη καὶ οὐδὲ αὕτη ἔχουσα ἐν αὐτοῖς τὴν βίαν· τὸ δὲ μοναχὸν τοῦτο παρ´ αὐτοῦ. Τοῦτο οὖν καὶ οὐκ ἄλλο, ἀλλ´ ὅπερ ἐχρῆν εἶναι· οὐ τοίνυν οὕτω συνέβη, ἀλλ´ ἔδει οὕτως· τὸ δὲ «ἔδει» τοῦτο ἀρχὴ τῶν ὅσα ἔδει. Τοῦτο τοίνυν οὐκ ἂν οὕτως εἴη, ὡς συνέβη· οὐ γὰρ ὅπερ ἔτυχέν ἐστιν, ἀλλ´ ὅπερ ἐχρῆν εἶναι· μᾶλλον δὲ οὐδὲ ὅπερ ἐχρῆν, ἀλλὰ ἀναμένειν δεῖ τὰ ἄλλα, τί ποτε αὐτοῖς βασιλεὺς φανείη, καὶ τοῦτο, ὅπερ ἐστὶν αὐτός, τοῦτο αὐτὸν θέσθαι οὐχ ὡς συνέβη φανέντα, ἀλλὰ ὄντως βασιλέα καὶ ὄντως ἀρχὴν καὶ τὸ ἀγαθὸν ὄντως, οὐκ ἐνεργοῦντα κατὰ τὸ ἀγαθόνοὕτω γὰρ ἂν δόξειεν ἕπεσθαι ἄλλῳἀλλ´ ὄντα ἕν, ὅπερ ἐστίν, ὥστε οὐ κατ´ ἐκεῖνο, ἀλλ´ ἐκεῖνο. Εἰ τοίνυν οὐδ´ ἐπὶ τοῦ ὄντος τὸ συνέβητῷ γὰρ ὄντι, εἴ τι συμβήσεται, τὸ συνέβη, ἀλλ´ οὐκ αὐτὸ τὸ ὂν συνέβη, οὐδὲ συνέκυρσε τὸ ὂν οὕτως εἶναι, οὐδὲ παρ´ ἄλλου τὸ οὕτως εἶναι, ὂν ὡς ἔστιν, ἀλλ´ αὕτη ὄντως φύσις ὂν εἶναιπῶς ἄν τις ἐπὶ τοῦ <ἐπέκεινα> ὄντος τοῦτο ἐνθυμοῖτο τὸ οὕτω συνέβη, ὑπάρχει γεγεννηκέναι τὸ ὄν, οὐχ οὕτω συνέβη, ἀλλ´ ἔστιν ὡς ἔστιν οὐσία, οὖσα ὅπερ ἐστὶν οὐσία καὶ ὅπερ ἐστὶ νοῦς· ἐπεὶ οὕτω τις καὶ τὸν νοῦν εἴποι «οὕτω συνέβη νοῦν εἶναι», ὥσπερ ἄλλο τι ἂν τὸν νοῦν ἐσόμενον τοῦτο, δὴ φύσις ἐστὶ νοῦ. Τὸ δὴ οὐ παρεκβεβηκὸς ἑαυτό, ἀλλ´ ἀκλινὲς ὂν ἑαυτοῦ, αὐτὸ ἄν τις κυριώτατα λέγοι εἶναι ἐστι. Τί ἂν οὖν τις λέγοι ἐκεῖ εἰς τὸ ὑπὲρ τοῦτο ἀναβὰς καὶ εἰσιδών; Ἆρά γε τὸ οὕτωςσυνέβη〉, ὡς εἶδεν αὐτὸν ἔχοντα; {τὸ οὕτως συνέβη} οὔτε τὸ οὕτω οὔτε τὸ ὁπωσοῦν συνέβη, ἀλλ´ οὐδὲ ὅλως τὸ συνέβη. Ἀλλὰ τὸ οὕτω μόνον καὶ οὐκ ἂν ἄλλως, ἀλλ´ οὕτως; Ἀλλ´ οὐδὲ τὸ οὕτως· οὕτω γὰρ ἂν ὁρίσας εἴης καὶ τόδε τι· ἀλλ´ ἔστι τῷ ἰδόντι οὐδὲ τὸ οὕτως εἰπεῖν δύνασθαι οὐδ´ αὖ τὸ μὴ οὕτως· τὶ γὰρ ἂν εἴποις αὐτὸ τῶν ὄντων, ἐφ´ ὧν τὸ οὕτως. Ἄλλο τοίνυν παρ´ ἅπαντα τὰ οὕτως. Ἀλλ´ ἀόριστον ἰδὼν πάντα μὲν ἕξεις εἰπεῖν τὰ μετ´ αὐτό, φήσεις δὲ οὐδὲν ἐκείνων εἶναι, ἀλλά, εἴπερ, δύναμιν πᾶσαν αὑτῆς ὄντως κυρίαν, τοῦτο οὖσαν θέλει, μᾶλλον δὲ θέλει ἀπορρίψασαν εἰς τὰ ὄντα, αὐτὴν δὲ μείζονα παντὸς τοῦ θέλειν οὖσαν τὸ θέλειν μετ´ αὐτὴν θεμένην. Οὔτ´ οὖν αὐτὴ ἠθέλησε τὸ οὕτως, ἵνα ἂν εἵπετο, οὔτε ἄλλος πεποίηκεν οὕτως. [6,8,9] Si quelqu'un cependant appliquait à Dieu le terme de contingence, il ne faudrait pas s'arrêter au mot, mais s'attacher à bien comprendre quel sens y attache celui qui l'emploie. Que conçoit-il donc? Veut-il dire que le Premier est un principe qui a une telle nature et une telle puissance; que s'il avait eu une autre nature, il aurait encore été un principe conforme à la nature qu'il aurait eue; enfin que, s'il avait été moins parfait, il aurait agi conformément a son essence ? — A une pareille assertion nous répondrons qu'il était impossible que le Principe de toutes choses fût contingent, et non seulement qu'il fût moins parfait par accident, mais encore qu'il fût bon par accident, ou bon d'une autre manière, comme une chose moins complète. Le Principe de toutes choses doit être meilleur qu'elles, par conséquent, être déterminé: Je dis déterminé, en ce sens qu'il est d'une manière unique, mais ce n'est pas par l'effet de la nécessité; car la nécessité n'existait pas avant lui. Elle ne se trouve que dans les êtres qui suivent le Premier principe, et encore celui-ci ne leur impose-t-il nulle contrainte. C'est par lui-même que le Premier est d'une manière unique. Il ne saurait être autre qu'il est : il est ce qu'il fallait qu'il fût ; il ne l'est point par accident; il l'est parce qu'il devait l'être ; or Celui qui est ce qu'il devait être est le principe des choses qui devaient exister. Il n'est donc pas ce qu'il est par accident, ni d'une manière contingente ; il est ce qu'il fallait qu'il fût; encore même le terme il fallait est-il impropre. Mais les autres êtres doivent attendre {pour s'en former une conception}, que leur Roi leur apparaisse, et n'affirmer de lui que ce qu'il est, savoir : qu'il n'apparaît pas comme une chose fortuite, mais comme le vrai Roi, le vrai Principe, le vrai Bien. Il ne faut même pas dire de lui qu'il agit conformément au bien {car alors il semblerait subordonné à un autre principe), mais qu'il est uniquement ce qu'il est. II n'est donc pas conforme au bien, il est le Bien même. D'ailleurs, il n'y a rien de contingent, même {dans ce qui est au-dessous du Premier} dans l'Être en soi : car s'il y avait en lui quelque chose de contingent, il serait lui-même contingent; or l'Être ne saurait être contingent; ce n'est point fortuitement qu'il est ce qu'il est; il ne tient pas non plus d'autrui d'être ce qu'il est, parce que la nature de l'Être est d'être l'Être. S'il en est ainsi, comment Celui qui est au-dessus de l'Être serait-il conçu comme étant d'une manière fortuite ce qu'il est? Car il a engendré l'Être, et l'Être n'est point d'une manière fortuite ce qu'il est, puisqu'il existe de la même manière que l'Essence, laquelle est ce qu'est l'Essence et ce qu'est l'Intelligence (sans cela on pourrait dire aussi que l'Intelligence est contingente, comme si elle aurait pu être autre chose que ce qu'est sa nature), Ainsi, ce qui ne sort pas de soi, ce qui n'incline pas vers quoi que ce soit, est par excellence ce qu'il est. Que dira donc celui qui s'élèvera au-dessus de l'Être et de l'Intelligence et qui contemplera leur principe ? Pensera-t-il, en le voyant, que ce qu'il le voit être est contingent? Non certes. Ce qu'est le Premier n'est point contingent; il n'est contingent absolument d'aucune manière. Il est seulement ainsi {qu'il est} ; il n'est pas autrement, mais il est ainsi. Encore le terme même ainsi est-il impropre : car, en l'appliquant au Premier, on le déterminerait et l'on ferait de lui telle chose. Quand vous avez eu l'intuition du Premier, ne dites pas qu'il est ou qu'il n'est pas cela; sinon, vous le ferez descendre au nombre des choses dont on dit qu'elles sont ceci ou cela ; or le Premier est au-dessus de toutes ces choses. Quand vous aurez vu Celui qui est infini, vous pourrez nommer les choses qui sont après lui; mais ne le mettez pas au nombre de ces choses. Regardez-le comme la Puissance universelle véritablement maîtresse d'elle-même, qui est ce qu'elle veut, ou plutôt, qui a projeté sur les êtres ce qu'elle veut, mais qui est plus grande que toute volonté et qui place le vouloir au-dessous d'elle ; elle n'a donc pas même voulu {a proprement parler} être ce qu'elle est {elle ne s'est pas dit : Je serai cela}, et aucun autre principe ne l'a fait être ce qu'elle est.


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Dernière mise à jour : 17/06/2010