[6,8,8] Ἡμεῖς δὲ θεωροῦμεν οὐ συμβεβηκὸς τὸ αὐτεξούσιον ἐκείνῳ, ἀλλὰ ἀπὸ τῶν περὶ τὰ ἄλλα αὐτεξουσίων ἀφαιρέσει τῶν ἐναντίων αὐτὸ ἐφ´ ἑαυτό· πρὸς αὐτὸ τὰ ἐλάττω ἀπὸ ἐλαττόνων μεταφέροντες ἀδυναμίᾳ τοῦ τυχεῖν τῶν ἃ προσήκει λέγειν περὶ αὐτοῦ, ταῦτα ἂν περὶ αὐτοῦ εἴποιμεν. Καίτοι οὐδὲν ἂν εὕροιμεν εἰπεῖν οὐχ ὅτι κατ´ αὐτοῦ, ἀλλ´ οὐδὲ περὶ αὐτοῦ κυρίως· πάντα γὰρ ἐκείνου καὶ τὰ καλὰ καὶ τὰ σεμνὰ ὕστερα. Τούτων γὰρ αὐτὸς ἀρχή· καίτοι ἄλλον τρόπον οὐκ ἀρχή. Ἀποτιθεμένοις δὴ πάντα καὶ τὸ ἐπ´ αὐτῷ ὡς ὕστερον καὶ τὸ αὐτεξούσιον — ἤδη γὰρ εἰς ἄλλο ἐνέργειαν λέγει — καὶ ὅτι ἀνεμποδίστως καὶ ὄντων ἄλλων τὸ εἰς αὐτὰ ἀκωλύτως. Δεῖ δὲ ὅλως πρὸς οὐδὲν αὐτὸν λέγειν· ἔστι γὰρ ὅπερ ἐστὶ καὶ πρὸ αὐτῶν· ἐπεὶ καὶ τὸ «ἔστιν» ἀφαιροῦμεν, ὥστε καὶ τὸ πρὸς τὰ ὄντα ὁπωσοῦν· οὐδὲ δὴ τὸ «ὡς πέφυκεν»· ὕστερον γὰρ καὶ τοῦτο, καὶ εἰ λέγοιτο καὶ ἐπ´ ἐκείνων, ἐπὶ τῶν ἐξ ἄλλου ἂν λέγοιτο, ὥστε πρώτως ἐπὶ τῆς οὐσίας, ὅτι ἐξ ἐκείνου ἔφυ· εἰ δ´ ἐν τοῖς ἐν χρόνῳ ἡ φύσις, οὐδ´ ἐπὶ τῆς οὐσίας. Οὐδὲ δὴ τὸ «οὐ παρ´ αὐτῆς εἶναι» λεκτέον· τό τε γὰρ «εἶναι» ἀφῃροῦμεν, τό τε «οὐ παρ´ αὐτῆς» λέγοιτο ἄν, ὅταν ὑπ´ ἄλλου. Οὕτως οὖν συνέβη; Ἢ οὐδὲ τὸ συνέβη ἀκτέον· οὔτε γὰρ αὐτῷ οὔτε πρὸς ἄλλο· ἐν γὰρ πολλοῖς τὸ συνέβη, ὅταν τὰ μὲν ᾖ, τὸ δὲ ἐπὶ τούτοις συμβῇ. Πῶς οὖν τὸ πρῶτον συνέβη; Οὐδὲ γὰρ ἦλθεν, ἵνα ζητῇς «πῶς οὖν ἦλθε; τύχη τίς ἤγαγεν ἢ ὑπέστησεν αὐτό;» Ἐπεὶ οὐδὲ τύχη πω ἦν οὐδὲ τὸ αὐτόματον δέ· καὶ γὰρ τὸ αὐτόματον καὶ παρ´ ἄλλου καὶ ἐν γινομένοις.
| [6,8,8] Nous concevons qu'en Lui la liberté n'est pas un accident; mais, de la liberté propre aux autres êtres, nous nous élevons, par l'abstraction des contraires, à Celui qui est la Liberté, l'Indépendance même, transportant ainsi à ce principe les attributs inférieurs que nous empruntons aux êtres inférieurs {savoir à l'âme et à l'intelligence}, dans l'impuissance où nous sommes de parler de lui convenablement. Tels sont en effet les termes que nous pourrions employer en parlant de lui, quoiqu'il nous soit absolument impossible de trouver l'expression propre, non seulement pour affirmer de lui quelque chose, mais même pour dire sur lui quoi que ce soit. C'est que toutes les choses qui sont belles et vénérables ne viennent qu'après lui, parce qu'il est leur principe. Toutefois, sous un autre point de vue, il n'est point leur principe, puisque nous séparons tout de lui, que nous écartons de lui, comme choses inférieures, la liberté et le libre arbitre : car ces termes semblent indiquer une tendance vers autrui, l'absence d'un obstacle, la coexistence d'autres êtres qui tendent aussi aux mêmes choses sans entrave. Or il ne faut attribuer aucune tendance au Bien : car il est ce qu'il est avant toutes les autres choses, puisque nous ne disons pas même de lui : Il est, afin de n'établir aucun rapport entre lui et les êtres. Il ne faut pas dire non plus de lui : selon la nature ; cette expression indique une chose postérieure. Si on l'applique aussi aux intelligibles, ce n'est qu'en tant qu'ils procèdent d'un autre principe ; c'est ainsi qu'elle s'applique à l'Essence, parce qu'elle est née du Bien. Mais si nature dit des choses qui sont dans le temps, elle ne saurait s'affirmer de l'Essence : car dire que l'Essence n'existe point par elle-même, ce serait lui enlever l'existence; or, dire qu'elle tient d'une autre chose son existence, c'est dire qu'elle n'existe point par elle-même. Il ne faut pas dire non plus du Bien : Il est ainsi par accident, ni parler de contingence à son égard : car il n'est contingent ni pour lui-même, ni pour les autres êtres ; la contingence ne se trouve que dans les êtres multiples qui, étant déjà une chose, en sont devenus une autre par accident. Comment donc le Premier pourrait-il être par accident? car il n'est pas arrivé fortuitement {à être ce qu'il est} de telle sorte qu'on puisse demander : Comment est-il arrivé là? Aucun hasard ne l'a amené {à être ce qu'il est} et ne lui a donné l'existence : car le hasard et la fortune n'existaient pas avant lui, puisque le hasard et la fortune proviennent eux-mêmes d'une cause et ne se trouvent que dans les choses qui deviennent.
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