[5,9,3] Ἐπισκεπτέον δὲ ταύτην τὴν νοῦ φύσιν, ἣν ἐπαγγέλλεται ὁ λόγος εἶναι τὸ ὂν ὄντως καὶ τὴν ἀληθῆ οὐσίαν, πρότερον βεβαιωσαμένους κατ´ ἄλλην ὁδὸν ἰόντας, ὅτι δεῖ εἶναί τινα τοιαύτην.
Ἴσως μὲν οὖν γελοῖον ζητεῖν, εἰ νοῦς ἐστιν ἐν τοῖς οὖσι· τάχα δ´ ἄν τινες καὶ περὶ τούτου διαμφισβητοῖεν. Μᾶλλον δέ, εἰ τοιοῦτος, οἷόν φαμεν, καὶ εἰ χωριστός τις, καὶ εἰ οὗτος τὰ ὄντα καὶ ἡ τῶν εἰδῶν φύσις ἐνταῦθα, περὶ οὗ καὶ τὰ νῦν εἰπεῖν πρόκειται.
Ὁρῶμεν δὴ τὰ λεγόμενα εἶναι πάντα σύνθετα καὶ ἁπλοῦν αὐτῶν οὐδὲ ἕν, ἅ τε τέχνη ἐργάζεται ἕκαστα, ἅ τε συνέστηκε φύσει. Τά τε γὰρ τεχνητὰ ἔχει χαλκὸν ἢ ξύλον ἢ λίθον καὶ παρὰ τούτων οὔπω τετέλεσται, πρὶν ἂν ἡ τέχνη ἑκάστη ἡ μὲν ἀνδριάντα, ἡ δὲ κλίνην, ἡ δὲ οἰκίαν ἐργάσηται εἴδους τοῦ παρ´ αὑτῇ ἐνθέσει. Καὶ μὴν καὶ τὰ φύσει συνεστῶτα τὰ μὲν πολυσύνθετα αὐτῶν καὶ συγκρίματα καλούμενα ἀναλύσεις εἰς τὸ ἐπὶ πᾶσι τοῖς συγκριθεῖσιν εἶδος· οἷον ἄνθρωπον εἰς ψυχὴν καὶ σῶμα, καὶ τὸ σῶμα εἰς τὰ τέσσαρα. Ἕκαστον δὲ τούτων σύνθετον εὑρὼν ἐξ ὕλης καὶ τοῦ μορφοῦντος — ὕλη γὰρ παρ´ αὑτῆς ἡ τῶν στοιχείων ἄμορφος — ζητήσεις τὸ εἶδος ὅθεν τῇ ὕλῃ. Ζητήσεις δ´ αὖ καὶ τὴν ψυχὴν πότερα τῶν ἁπλῶν ἤδη, ἢ ἔνι τι ἐν αὐτῇ τὸ μὲν ὡς ὕλη, τὸ δὲ εἶδος, ὁ νοῦς ὁ ἐν αὐτῇ, ὁ μὲν ὡς ἡ ἐπὶ τῷ χαλκῷ μορφή, ὁ δὲ οἷος ὁ τὴν μορφὴν ἐν τῷ χαλκῷ ποιήσας. Τὰ αὐτὰ δὲ ταῦτα καὶ ἐπὶ τοῦ παντὸς μεταφέρων τις ἀναβήσεται καὶ ἐνταῦθα ἐπὶ νοῦν ποιητὴν ὄντως καὶ δημιουργὸν τιθέμενος, καὶ φήσει τὸ ὑποκείμενον δεξάμενον μορφὰς τὸ μὲν πῦρ, τὸ δὲ ὕδωρ, τὸ δὲ ἀέρα καὶ γῆν γενέσθαι, τὰς δὲ μορφὰς ταύτας παρ´ ἄλλου ἥκειν· τοῦτο δὲ εἶναι ψυχήν· ψυχὴν δὲ αὖ καὶ ἐπὶ τοῖς τέτρασι τὴν κόσμου μορφὴν δοῦναι· ταύτῃ δὲ νοῦν χορηγὸν τῶν λόγων γεγονέναι, ὥσπερ καὶ ταῖς τῶν τεχνιτῶν ψυχαῖς παρὰ τῶν τεχνῶν τοὺς εἰς τὸ ἐνεργεῖν λόγους· νοῦν δὲ τὸν μὲν ὡς εἶδος τῆς ψυχῆς, τὸν κατὰ τὴν μορφήν, τὸν δὲ τὸν τὴν μορφὴν παρέχοντα ὡς τὸν ποιητὴν τοῦ ἀνδριάντος, ᾧ πάντα ἐνυπάρχει, ἃ δίδωσιν. Ἐγγὺς μὲν ἀληθείας, ἃ δίδωσι ψυχῇ· ἃ δὲ τὸ σῶμα δέχεται, εἴδωλα ἤδη καὶ μιμήματα.
| [5,9,3] Considérons maintenant l'Intelligence que la raison nous dit être l'Être absolu, l'Essence véritable, et dont nous avons déjà par une autre voie établi l'existence.
Il semble ridicule de chercher si l'Intelligence fait partie de l'ordre des êtres ; mais il est des hommes qui en doutent, ou qui du moins sont disposés à demander qu'on prouve que l'Intelligence a la nature que nous lui attribuons, qu'elle est séparée {de la matière}, qu'elle est identique aux essences, qu'elle contient les idées. C'est ce que nous allons établir.
Toutes les choses auxquelles on attribue l'être sont composées; rien n'est simple ni un, soit dans les œuvres de l'art, soit dans les productions de la nature. En effet, les œuvres de l'art renferment de l'airain, du bois, de la pierre, et ne sont tirées de ces substances que par le travail de l'artiste, qui, en donnant à la matière la forme qu'il possède, en fait soit une statue, soit un lit, soit une maison. Quant aux productions de la nature, celles qui sont des composés et des mélanges se ramènent par l'analyse à la forme imprimée à tous les éléments du composé, l'homme, par exemple, à une âme et à un corps, et le corps, aux quatre éléments. Comme chaque objet apparaît ainsi composé de matière et d'un principe qui lui donne la forme (puisque la matière même des éléments prise en elle-même n'a pas de forme), on est conduit à se demander d'où la matière tient sa forme, et à rechercher si l'âme est simple ou s'il y a en elle deux parties, dont l'une joue le rôle de matière et l'autre celui de forme, en sorte que la première partie soit semblable à la forme que reçoit l'airain d'une statue, et la seconde au principe qui produit la forme elle-même.
Transportant ce point de vue à la contemplation de l'univers, on s'élève à l'Intelligence, et on reconnaît en elle le créateur du monde, le Démiurge : c'est en recevant d'elle ses formes par l'intermédiaire d'un autre principe, de l'Ame universelle, que la substance {matérielle} est devenue eau, air, terre et feu ; d'un côté, l'Ame donne la forme aux quatre éléments du monde; de l'autre, elle reçoit de l'Intelligence les raisons {séminales}, comme les âmes des artistes eux-mêmes reçoivent des arts les raisons qu'ils réalisent. Ainsi, dans l'Intelligence il y a une partie qui est la forme de l'Ame : c'est l'Intelligence considérée comme forme ; il y en a une autre qui donne la forme (comme l'artiste donne à l'airain la forme de la statue) et qui possède en soi tout ce qu'elle donne. Or les formes que l'Intelligence donne à l'Ame se rattachent à la vérité d'aussi près que possible, tandis que celles que l'Ame donne au corps ne sont que des images et des apparences éloignées de la vérité.
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