[5,9,2] Τίς οὖν οὗτος ὁ τόπος; Καὶ πῶς ἄν τις εἰς αὐτὸν ἀφίκοιτο; Ἀφίκοιτο μὲν ἂν ὁ φύσει ἐρωτικὸς καὶ ὄντως τὴν διάθεσιν ἐξ ἀρχῆς φιλόσοφος, ὠδίνων μέν, ἅτε ἐρωτικός, περὶ τὸ καλόν, οὐκ ἀνασχόμενος δὲ τοῦ ἐν σώματι κάλλους, ἀλλ´ ἔνθεν ἀναφυγὼν ἐπὶ τὰ τῆς ψυχῆς κάλλη, ἀρετὰς καὶ ἐπιστήμας καὶ ἐπιτηδεύματα καὶ νόμους, πάλιν αὖ ἐπαναβαίνει ἐπὶ τὴν τῶν ἐν ψυχῇ καλῶν αἰτίαν, καὶ εἴ τι πάλιν αὖ πρὸ τούτου, ἕως ἐπ´ ἔσχατον ἥκῃ τὸ πρῶτον, ὃ παρ´ αὐτοῦ καλόν. Ἔνθα καὶ ἐλθὼν ὠδῖνος παύσεται, πρότερον δὲ οὔ.
Ἀλλὰ πῶς ἀναβήσεται, καὶ πόθεν ἡ δύναμις αὐτῷ, καὶ τίς λόγος τοῦτον τὸν ἔρωτα παιδαγωγήσεται; Ἢ ὅδε· τοῦτο τὸ κάλλος τὸ ἐπὶ τοῖς σώμασιν ἐπακτόν ἐστι τοῖς σώμασι· μορφαὶ γὰρ αὗται σωμάτων ὡς ἐπὶ ὕλῃ αὐτοῖς. Μεταβάλλει γοῦν τὸ ὑποκείμενον καὶ ἐκ καλοῦ αἰσχρὸν γίνεται. Μεθέξει ἄρα, φησὶν ὁ λόγος. Τί οὖν τὸ ποιῆσαν σῶμα καλόν; Ἄλλως μὲν κάλλους παρουσία, ἄλλως δὲ ψυχή, ἣ ἔπλασέ τε καὶ μορφὴν τοιάνδε ἐνῆκε. Τί οὖν; Ψυχὴ παρ´ αὑτῆς καλόν; Ἢ οὔ. Οὐ γὰρ ἡ μὲν ἦν φρόνιμός τε καὶ καλή, ἡ δὲ ἄφρων τε καὶ αἰσχρά. Φρονήσει ἄρα τὸ καλὸν περὶ ψυχήν. Καὶ τίς οὖν ὁ φρόνησιν δοὺς ψυχῇ; Ἢ νοῦς ἐξ ἀνάγκης, νοῦς δὲ οὐ ποτὲ μὲν νοῦς, ποτὲ δὲ ἄνους, ὅ γε ἀληθινός. Παρ´ αὑτοῦ ἄρα καλός. Καὶ πότερον δὴ ἐνταῦθα δεῖ στῆναι ὡς πρῶτον, ἢ καὶ νοῦ ἐπέκεινα δεῖ ἰέναι, νοῦς δὲ προέστηκε μὲν ἀρχῆς τῆς πρώτης ὡς πρὸς ἡμᾶς, ὥσπερ ἐν προθύροις τἀγαθοῦ ἀπαγγέλλων ἐν αὐτῷ τὰ πάντα, ὥσπερ ἐκείνου τύπος μᾶλλον ἐν πλήθει ἐκείνου πάντη μένοντος ἐν ἑνί;
| [5,9,2] Quelle est cette région supérieure? Que faut-il être pour y parvenir? Il faut être naturellement porté à l'amour, être né véritablement philosophe. En présence du beau, l'amant éprouve quelque chose de semblable au mal d'enfant; mais, loin de s'arrêter à la beauté du corps, il s'élève à celle qu'offrent dans l'âme la vertu, la science, les devoirs et les lois; puis, il remonte à la cause de leur beauté, et il ne s'arrête dans cette marche ascendante que lorsqu'il est arrivé au principe qui occupe le premier rang, à ce qui est beau par soi-même. C'est alors seulement qu'il cesse d'être aiguillonné par ce tourment que nous comparons au mal d'enfant.
Mais comment monte-t-il là-haut? Comment en a-t-il le pouvoir? Comment apprend-il à aimer? Le voici. La beauté qu'on voit dans les corps est adventice : elle consiste dans les formes dont les corps sont la matière. Aussi la substance change-t-elle et la voit-on de belle devenir laide. C'est que le corps n'a qu'une beauté d'emprunt. Qui la lui a communiquée? D'un côté, la présence de la beauté; de l'autre, l'acte de l'âme qui a façonné le corps et lui a donné la forme qu'il possède. Quoi? L'âme est-elle ou non par elle-même le Beau absolu? Non, puisque telle âme est sage et belle; telle autre, insensée et laide. C'est donc par la sagesse que l'âme est belle. Mais de qui tient-elle la sagesse? de l'Intelligence nécessairement : de l'Intelligence qui n'est pas tantôt intelligente, tantôt inintelligente, de l'Intelligence véritable, qui par cela même est belle. Faut-il s'arrêter à elle comme au Premier principe? Faut-il au contraire s'élever encore au-dessus d'elle? Il le faut : car l'Intelligence ne se présente à nous avant le Premier principe que parce qu'elle est en quelque sorte placée dans le vestibule du Bien; elle porte toutes choses en elle-même et elle les manifeste, en sorte qu'elle offre l'image du Bien dans la pluralité, tandis que le Bien même demeure dans une unité absolument simple.
|