[5,6,3] Εἰ δὲ πολλὰ τὸ αὐτὸ οὐδὲν κωλύειν φήσουσιν, ἓν τούτοις ὑποκείμενον ἔσται· οὐ δύναται γὰρ πολλὰ μὴ ἑνὸς ὄντος, ἀφ´ οὗ ἢ ἐν ᾧ, ἢ ὅλως ἑνὸς καὶ τούτου πρώτου τῶν ἄλλων ἀριθμουμένου, ὃ αὐτὸ ἐφ´ ἑαυτοῦ δεῖ λαβεῖν μόνον. Εἰ δὲ ὁμοῦ εἴη μετὰ τῶν ἄλλων, δεῖ τοῦτο συλλαβόντα αὐτὸ μετὰ τῶν ἄλλων, ὅμως δὲ ἕτερον τῶν ἄλλων ὄν, ἐᾶν ὡς μετ´ ἄλλων, ζητεῖν δὲ τοῦτο τὸ ὑποκείμενον τοῖς ἄλλοις μηκέτι μετὰ τῶν ἄλλων, ἀλλὰ αὐτὸ καθ´ ἑαυτό. Τὸ γὰρ ἐν τοῖς ἄλλοις αὐτὸ ὅμοιον μὲν ἂν εἴη τούτῳ, οὐκ ἂν δὲ εἴη τοῦτο. Ἀλλὰ δεῖ αὐτὸ μόνον εἶναι, εἰ μέλλοι καὶ ἐν ἄλλοις ὁρᾶσθαι· εἰ μή τις αὐτοῦ λέγοι τὸ εἶναι σὺν τοῖς ἄλλοις τὴν ὑπόστασιν ἔχειν· οὐκ ἄρα ἁπλοῦν αὐτὸ ἔσται, οὐδὲ τὸ συγκείμενον ἐκ πολλῶν ἔσται· τό τε γὰρ οὐ δυνάμενον ἁπλοῦν εἶναι ὑπόστασιν οὐχ ἕξει, τό τε συγκείμενον ἐκ πολλῶν ἁπλοῦ οὐκ ὄντος οὐδ´ αὐτὸ ἔσται. Ἑκάστου γὰρ ἁπλοῦ οὐ δυναμένου εἶναι οὐδ´ ὑφεστηκότος τινὸς ἑνὸς ἁπλοῦ ὑφ´ ἑαυτοῦ τὸ συγκείμενον ἐκ πολλῶν, οὐδενὸς αὐτῶν ὑπόστασιν ἔχειν καθ´ ἑαυτὸ {οὐ} δυναμένου οὐδὲ παρέχειν αὐτὸ μετ´ ἄλλου εἶναι τῷ ὅλως μὴ εἶναι, πῶς ἂν τὸ ἐκ πάντων εἴη σύνθετον ἐκ μὴ ὄντων γεγενημένον, οὐ τὶ μὴ ὄντων, ἀλλ´ ὅλως μὴ ὄντων; Εἰ ἄρα πολλά τί ἐστι, δεῖ πρὸ τῶν πολλῶν ἓν εἶναι. Εἰ οὖν τῷ νοοῦντι πλῆθος, δεῖ ἐν τῷ 〈μὴ〉 πλήθει τὸ νοεῖν μὴ εἶναι. Ἦν δὲ τοῦτο τὸ πρῶτον. Ἐν τοῖς ὑστέροις ἄρα αὐτοῦ τὸ νοεῖν καὶ νοῦς ἔσται.
| [5,6,3] Rien, dira-t-on, n'empêche que le premier principe ne soit à la fois identique et multiple. — Nous répondrons qu'au multiple il faut un sujet un. Le multiple ne peut exister sans l'Un de qui il provient et en qui il est, sans l'Un qui est compté le Premier en dehors des autres choses et qu'il ne faut considérer qu'en lui-même. Si l'on prétend qu'il coexiste avec les autres choses, il n'en faut pas moins, tout en le prenant avec les autres choses avec lesquelles on suppose qu'il coexiste, le regarder comme différent d'elles, par conséquent, ne pas le considérer comme coexistant avec les autres choses, mais admettre qu'il en est le sujet et qu'il existe en lui-même au lieu de coexister avec les autres choses dont il est le sujet.
En effet, ce qui est identique dans les choses autres que l'Un est sans doute semblable à l'Un, mais n'est pas l'Un. L'Un doit exister seul en lui-même pour être saisi dans les autres choses, à moins qu'on ne prétende que son essence consiste à subsister avec les autres choses. Dans cette hypothèse, il n'existera ni aucune chose absolument simple, ni aucune chose composée : il n'existera aucune chose absolument simple, puisque ce qui est simple ne saurait subsister par lui-même; il n'existera non plus aucune chose composée, puisqu'il n'existera rien de simple. Car, si nulle chose simple ne possède l'existence, s'il n'y a pas une unité simple, subsistant par elle-même, qui puisse servir de soutien au composé, si nulle de ces choses n'est capable d'exister par elle-même, ni, à plus forte raison, de se communiquer à d'autres, puisqu'elle n'existe pas, il en résulte que ce qui est composé de toutes ces choses ne saurait non plus exister, puisqu'il aurait pour éléments des choses qui ne sont pas, qui ne sont absolument rien. Donc, si l'on admet que le multiple existe, il faut admettre aussi que l'Un existe antérieurement au multiple. Or, puisque ce qui pense est multiple, le principe qui n'est pas multiple doit ne pas penser; mais ce principe, c'est le Premier; par conséquent, l'Intelligence et la pensée sont des choses postérieures au Premier.
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