HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, V, livre VI

Chapitre 2

 Chapitre 2

[5,6,2] Εἰ δὴ τὸ μὲν πρώτως νοοῦν, τὸ δὲ ἤδη ἄλλως νοοῦν, τὸ ἐπέκεινα τοῦ πρώτως νοοῦντος οὐκ ἂν ἔτι νοοῖ· νοῦν γὰρ δεῖ γενέσθαι, ἵνα νοῇ, ὄντα δὲ νοῦν καὶ νοητὸν ἔχειν καὶ πρώτως νοοῦντα ἔχειν τὸ νοητὸν ἐν αὑτῷ. Νοητὸν δὲ ὂν οὐκ ἀνάγκη πᾶν καὶ νοοῦν ἐν αὑτῷ ἔχειν καὶ νοεῖν· ἔσται γὰρ οὐ μόνον νοητόν, ἀλλὰ καὶ νοοῦν, πρῶτόν τε οὐκ ἔσται δύο ὄν. τε νοῦς τὸ νοητὸν ἔχων οὐκ ἂν συσταίη μὴ οὔσης οὐσίας καθαρῶς νοητοῦ, πρὸς μὲν τὸν νοῦν νοητὸν ἔσται, καθ´ ἑαυτὸ δὲ οὔτε νοοῦν οὔτε νοητὸν κυρίως ἔσται· τό τε γὰρ νοητὸν ἑτέρῳ τε νοῦς τὸ ἐπιβάλλον τῇ νοήσει κενὸν ἔχει ἄνευ τοῦ λαβεῖν καὶ ἑλεῖν τὸ νοητὸν νοεῖ· οὐ γὰρ ἔχει τὸ νοεῖν ἄνευ τοῦ νοητοῦ. Τότε οὖν τέλεον, ὅταν ἔχῃ; Ἔδει δὲ πρὸ τοῦ νοεῖν τέλεον εἶναι παρ´ αὐτοῦ τῆς οὐσίας. Ὧι ἄρα τὸ τέλεον ὑπάρξει, πρὸ τοῦ νοεῖν τοῦτο ἔσται· οὐδὲν ἄρα δεῖ αὐτῷ τοῦ νοεῖν· αὐτάρκης γὰρ πρὸ τούτου· οὐκ ἄρα νοήσει. Τὸ μὲν ἄρα οὐ νοεῖ, τὸ δὲ πρώτως νοεῖ, τὸ δὲ νοήσει δευτέρως. Ἔτι εἰ νοήσει τὸ πρῶτον, ὑπάρξει τι αὐτῷ· οὐκ ἄρα πρῶτον, ἀλλὰ καὶ δεύτερον καὶ οὐχ ἕν, ἀλλὰ πολλὰ ἤδη καὶ πάντα ὅσα νοήσει· καὶ γάρ, εἰ μόνον ἑαυτόν, πολλὰ ἔσται. [5,6,2] Puisqu'on distingue deux principes pensants, l'un qui est le premier principe pensant {l'Intelligence}, et l'autre qui est le second {l'Âme}, le principe supérieur au premier principe pensant ne doit pas lui-même penser. Pour penser, il faudrait qu'il fut intelligence ; pour être intelligence, qu'il eût un objet; pour être le premier principe pensant, qu'il eût cet objet en lui-même. Or, il n'est pas nécessaire que tout intelligible possède l'intelligence et pense; sinon, il serait non seulement intelligible, mais encore intelligence ; se trouvant être ainsi deux choses, il ne serait pas le Premier. D'un autre côté, l'Intelligence ne peut subsister s'il n'y a une essence purement intelligible, qui soit intelligible pour l'Intelligence, mais qui en elle-même ne soit aucunement intelligence ni intelligible. En effet, ce qui est intelligible est intelligible pour un autre. Quant à l'Intelligence, le pouvoir qu'elle a de penser est tout à fait vain si elle ne perçoit et ne saisit l'intelligible qu'elle pense : car elle ne peut penser si elle n'a un objet à penser, et elle n'est parfaite que quand elle le possède. Or, elle doit, avant de penser, être parfaite par elle-même dans son essence. Donc le principe par lequel l'Intelligence est parfaite doit lui-même être ce qu'il est avant de penser : par conséquent, il n'a pas besoin de penser, puisque avant de penser il se suffit à lui-même. Il ne pensera donc pas. Il résulte de là que le premier principe {l'Un} ne pense pas ; le second {l'Intelligence} est le premier principe pensant ; le troisième {l'Âme} est le second principe pensant. Si le premier principe pensait, il posséderait un attribut; par suite, au lieu d'occuper le premier rang, il n'occuperait que le second ; au lieu d'être un, il serait multiple, il serait toutes les choses qu'il penserait : car se bornât-il à se penser lui-même, il serait déjà multiple.


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Dernière mise à jour : 10/06/2010