[5,5,13] Ἔδει δὲ καὶ τἀγαθὸν αὐτὸν ὄντα καὶ μὴ ἀγαθὸν μὴ ἔχειν ἐν αὐτῷ μηδέν, ἐπεὶ μηδὲ ἀγαθόν. Ὃ γὰρ ἕξει, ἢ ἀγαθὸν ἔχει ἢ οὐκ ἀγαθόν· ἀλλ´ οὔτε ἐν τῷ ἀγαθῷ τῷ κυρίως καὶ πρώτως ἀγαθῷ τὸ μὴ ἀγαθόν, οὔτε τὸ ἀγαθὸν ἔχει τὸ ἀγαθόν. Εἰ οὖν μήτε τὸ οὐκ ἀγαθὸν μήτε τὸ ἀγαθὸν ἔχει, οὐδὲν ἔχει· εἰ οὖν «οὐδὲν ἔχει», <μόνον καὶ ἔρημον> τῶν ἄλλων ἐστίν. Εἰ οὖν τὰ ἄλλα ἢ ἀγαθά ἐστι καὶ οὐ τἀγαθὸν ἢ οὐκ .ἀγαθά ἐστιν, οὐδέτερα δὲ τούτων ἔχει, οὐδὲν ἔχων τῷ μηδὲν ἔχειν ἐστὶ τὸ ἀγαθόν. Εἰ δ´ ἄρα τις ὁτιοῦν αὐτῷ προστίθησιν, ἢ οὐσίαν ἢ νοῦν ἢ καλόν, τῇ προσθήκῃ ἀφαιρεῖται αὐτοῦ τἀγαθὸν εἶναι. Πάντα ἄρα ἀφελὼν καὶ οὐδὲν περὶ αὐτοῦ εἰπὼν οὐδέ τι ψευσάμενος, ὡς ἔστι παρ´ αὐτῷ, εἴασε τὸ ‘ἔστιν’ οὐδὲν καταμαρτυρήσας τῶν οὐ παρόντων, οἷον οἱ μὴ ἐπιστήμῃ τοὺς ἐπαίνους ποιούμενοι, οἳ ἐλαττοῦσι τὴν τῶν ἐπαινουμένων δόξαν προστιθέντες αὐτοῖς ἃ τῆς ἀξίας αὐτῶν ἐστιν ἐλάττω, ἀποροῦντες ἀληθεῖς εἰπεῖν περὶ τῶν ὑποκειμένων προσώπων τοὺς λόγους. Καὶ οὖν καὶ ἡμεῖς μηδὲν τῶν ὑστέρων καὶ τῶν ἐλαττόνων προστιθῶμεν, ἀλλ´ ὡς ὑπὲρ ταῦτα ἰὼν ἐκεῖνος τούτων αἴτιος ᾖ, ἀλλὰ μὴ αὐτὸς ταῦτα. Καὶ γὰρ αὖ φύσις ἀγαθοῦ οὐ πάντα εἶναι οὐδ´ αὖ ἕν τι τῶν πάντων· εἴη γὰρ ἂν ὑπὸ ἓν καὶ ταὐτὸν τοῖς ἅπασιν, ὑπὸ δὲ ταὐτὸν ὂν τοῖς πᾶσι διαφέροι ἂν τῷ ἰδίῳ μόνον καὶ διαφορᾷ καὶ προσθήκῃ. Ἔσται τοίνυν δύο, οὐχ ἕν, ὧν τὸ μὲν οὐκ ἀγαθόν, τὸ κοινόν, τὸ δὲ ἀγαθόν. Μικτὸν ἄρα ἔσται ἐξ ἀγαθοῦ καὶ οὐκ ἀγαθοῦ· οὐκ ἄρα καθαρῶς ἀγαθὸν οὐδὲ πρώτως, ἀλλ´ ἐκεῖνο ἂν εἴη πρώτως, οὗ μετέχον παρὰ τὸ κοινὸν γεγένηται ἀγαθόν. Μεταλήψει μὲν δὴ αὐτὸ ἀγαθόν· οὗ δὲ μετέλαβεν, οὐδὲν τῶν πάντων. {Οὐδὲν ἄρα τῶν πάντων τὸ ἀγαθόν.} Ἀλλ´ εἰ ἐν αὐτῷ τοῦτο τὸ ἀγαθόν — διαφορὰ γάρ, καθ´ ἣν τοῦτο τὸ σύνθετον ἦν ἀγαθόν — δεῖ αὐτῷ παρ´ ἄλλου εἶναι. Ἦν δὲ αὐτὸ ἁπλοῦν καὶ μόνον ἀγαθόν· πολλῷ ἄρα τὸ ἀφ´ οὗ μόνον ἀγαθόν. Τὸ ἄρα πρώτως καὶ τἀγαθὸν ὑπέρ τε πάντα τὰ ὄντα ἀναπέφανται ἡμῖν καὶ μόνον ἀγαθὸν καὶ οὐδὲν ἔχον ἐν ἑαυτῷ, ἀλλὰ ἀμιγὲς πάντων καὶ ὑπὲρ πάντα καὶ αἴτιον τῶν πάντων. Οὐ γὰρ δὴ ἐκ κακοῦ τὸ καλὸν οὐδὲ τὰ ὄντα οὐδ´ αὖ ἐξ ἀδιαφόρων. Κρεῖττον γὰρ τὸ ποιοῦν τοῦ ποιουμένου· τελειότερον γάρ.
| [5,5,13] Étant le Bien même, et non simplement une chose bonne, Dieu ne saurait posséder aucune chose, pas même la qualité d'être bon. S'il possédait quelque chose, cette chose ou serait bonne ou ne le serait pas; or il ne peut y avoir rien qui ne soit bon dans le principe qui est le Bien par excellence et au premier degré ; d'un autre côté, on ne saurait dire que le Bien possède la qualité d'être bon. S'il ne peut posséder ni là qualité d'être bon ni celle de n'être pas bon, il en résulte qu'il ne doit rien posséder, par conséquent, qu'il est unique et isolé de tout le reste. Comme toutes les autres choses ou sont bonnes sans être le Bien, ou ne sont pas bonnes, que le Bien n'a ni la qualité d'être bon, ni celle de n'être pas bon, il n'a rien, et c'est par cela même qu'il est le Bien. Si on lui attribue quelque chose, l'essence, l'intelligence, la beauté, on lui ôte aussitôt le privilège d'être le Bien. Donc, quand on lui ôte tout attribut, qu'on n'affirme rien de lui, qu'on ne commet pas l'erreur de supposer qu'il y ait quelque chose en lui, on le laisse être simplement, sans lui rien prêter des choses qu'il n'a pas. N'imitons pas ces panégyristes ignorants qui rabaissent la gloire de ceux qu'ils louent en leur attribuant des qualités inférieures à leur dignité, parce qu'ils ne savent pas parler convenablement des personnes dont ils font l'éloge. De même, n'attribuons a Dieu aucune des choses qui sont au-dessous de lui et après lui ; reconnaissons qu'il en est la cause éminente sans être aucune d'elles. La nature du Bien ne consiste point a être toutes choses en général, ni l'une d'elles en particulier. En effet, dans ce cas, le Bien ne ferait qu'un avec tous les êtres; par conséquent, il n'en différerait que par son caractère propre, c'est-à-dire par une différence et par l'addition de quelque qualité. Au lieu d'être un, il serait deux choses, dont l'une, savoir, ce qu'il aurait de commun avec les autres êtres, ne serait pas le bien, tandis que l'autre serait le bien. Dans cette hypothèse, il serait mélangé de bien et de non-bien : il ne serait plus le Bien pur et premier. Le Bien premier serait ce dont l'autre chose participerait particulièrement, participation en vertu de laquelle elle deviendrait le bien. Cette chose ne serait ainsi le bien que par participation, tandis que celle dont elle participerait ne serait rien en particulier ; ce qui montre que le Bien n'est rien de particulier. Mais si, dans le Principe que nous examinons, le Bien est tel (c'est-à-dire s'il est une différence dont la présence donne au composé le caractère du bien), ce bien doit dériver d'un autre principe qui soit uniquement et simplement le Bien; ce composé dépend donc du Bien pur et simple. Ainsi, le Premier, le Bien absolu, domine tous les êtres, est uniquement le Bien, ne possède rien en lui, n'est mélangé à rien, est supérieur à toutes choses et est la cause de toutes. Le Beau et les êtres ne sauraient provenir du mal ni de principes indifférents : car la cause est meilleure que l'effet, parce qu'elle est plus parfaite.
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