[5,3,8] Ποῖον δέ τι ὁρᾷ τὸ νοητὸν ὁ νοῦς, καὶ ποῖόν τι ἑαυτόν; Ἢ τὸ μὲν νοητὸν οὐδὲ δεῖ ζητεῖν, οἷον τὸ ἐπὶ τοῖς σώμασι χρῶμα ἢ σχῆμα· πρὶν γὰρ ταῦτα εἶναι, ἔστιν ἐκεῖνα· καὶ ὁ λόγος δὲ ὁ ἐν τοῖς σπέρμασι τοῖς ταῦτα ποιοῦσιν οὐ ταῦτα· ἀόρατα γὰρ τῇ φύσει καὶ ταῦτα, καὶ ἔτι μᾶλλον ἐκεῖνα. Καὶ ἔστι φύσις ἡ αὐτὴ ἐκείνων καὶ τῶν ἐχόντων, οἷον ὁ λόγος ὁ ἐν τῷ σπέρματι καὶ ἡ ἔχουσα ψυχὴ ταῦτα. Ἀλλ´ ἡ μὲν οὐχ ὁρᾷ ἃ ἔχει· οὐδὲ γὰρ αὐτὴ ἐγέννησεν, ἀλλ´ ἔστι καὶ αὕτη εἴδωλον καὶ οἱ λόγοι· ὅθεν δὲ ἦλθε, τὸ ἐναργὲς καὶ τὸ ἀληθινὸν καὶ τὸ πρώτως, ὅθεν καὶ ἑαυτοῦ ἐστι καὶ αὑτῷ· τοῦτο δ´ ἐὰν μὴ ἄλλου γένηται καὶ ἐν ἄλλῳ, οὐδὲ μένει· <εἰκόνι> γὰρ <προσήκει ἑτέρου> οὖσαν <ἐν ἑτέρῳ γίγνεσθαι>, εἰ μὴ εἴη ἐκείνου ἐξηρτημένη· διὸ οὐδὲ βλέπει, ἅτε δὴ φῶς ἱκανὸν οὐκ ἔχον, κἂν βλέπῃ δέ, τελειωθὲν ἐν ἄλλῳ ἄλλο καὶ οὐχ αὑτὸ βλέπει. Ἀλλ´ οὖν τούτων ἐκεῖ οὐδέν, ἀλλ´ ὅρασις καὶ τὸ ὁρατὸν αὐτῇ ὁμοῦ καὶ τοιοῦτον τὸ ὁρατὸν οἷον ἡ ὅρασις, καὶ ἡ ὅρασις οἷον τὸ ὁρατόν. Τίς οὖν αὐτὸ ἐρεῖ οἷόν ἐστιν; Ὁ ἰδών· νοῦς δὲ ὁρᾷ. Ἐπεὶ καὶ ἐνταῦθα ἡ ὄψις φῶς οὖσα, μᾶλλον δὲ ἑνωθεῖσα φωτί, φῶς ὁρᾷ· χρώματα γὰρ ὁρᾷ· ἐκεῖ δὲ οὐ δι´ ἑτέρου, ἀλλὰ δι´ αὑτῆς, ὅτι μηδὲ ἔξω. Ἄλλῳ οὖν φωτὶ ἄλλο φῶς ὁρᾷ, οὐ δι´ ἄλλου. Φῶς ἄρα φῶς ἄλλο ὁρᾷ· αὐτὸ ἄρα αὑτὸ ὁρᾷ. Τὸ δὲ φῶς τοῦτο ἐν ψυχῇ μὲν ἐλλάμψαν ἐφώτισε· τοῦτο δ´ ἐστὶ νοερὰν ἐποίησε· τοῦτο δ´ ἐστὶν ὡμοίωσεν ἑαυτῷ τῷ ἄνω φωτί. Οἷον οὖν ἐστι τὸ ἴχνος τὸ ἐγγενόμενον τοῦ φωτὸς ἐν ψυχῇ, τοιοῦτον καὶ ἔτι κάλλιον καὶ μεῖζον αὐτὸ νομίζων καὶ ἐναργέστερον ἐγγὺς ἂν γένοιο φύσεως νοῦ καὶ νοητοῦ. Καὶ γὰρ αὖ καὶ ἐπιλαμφθὲν τοῦτο ζωὴν ἔδωκε τῇ ψυχῇ ἐναργεστέραν, ζωὴν δὲ οὐ γεννητικήν· τοὐναντίον γὰρ ἐπέστρεψε πρὸς ἑαυτὴν τὴν ψυχήν, καὶ σκίδνασθαι οὐκ εἴασεν, ἀλλ´ ἀγαπᾶν ἐποίησε τὴν ἐν αὐτῷ ἀγλαΐαν· οὐ μὴν οὐδὲ αἰσθητικήν, αὕτη γὰρ ἔξω βλέπει καὶ οὐ μᾶλλον αἰσθάνεται· ὁ δ´ ἐκεῖνο τὸ φῶς τῶν ἀληθῶν λαβὼν οἷον βλέπει μᾶλλον τὰ ὁρατά, ἀλλὰ τοὐναντίον. Λείπεται τοίνυν ζωὴν νοερὰν προσειληφέναι, ἴχνος νοῦ ζωῆς· ἐκεῖ γὰρ τὰ ἀληθῆ. Ἡ δὲ ἐν τῷ νῷ ζωὴ καὶ ἐνέργεια τὸ πρῶτον φῶς ἑαυτῷ λάμπον πρώτως καὶ πρὸς αὐτὸ λαμπηδών, λάμπον ὁμοῦ καὶ λαμπόμενον, τὸ ἀληθῶς νοητόν, καὶ νοοῦν καὶ νοούμενον, καὶ ἑαυτῷ ὁρώμενον καὶ οὐ δεόμενον ἄλλου, ἵνα ἴδῃ, αὑτῷ αὔταρκες πρὸς τὸ ἰδεῖν — καὶ γὰρ ὃ ὁρᾷ αὐτό ἐστι — γιγνωσκόμενον καὶ παρ´ ἡμῶν αὐτῷ ἐκείνῳ, ὡς καὶ παρ´ ἡμῶν τὴν γνῶσιν αὐτοῦ δι´ αὐτοῦ γίνεσθαι· ἢ πόθεν ἂν ἔσχομεν λέγειν περὶ αὐτοῦ; Τοιοῦτόν ἐστιν, οἷον σαφέστερον μὲν ἀντιλαμβάνεσθαι αὐτοῦ, ἡμᾶς δὲ δι´ αὐτοῦ· διὰ δὲ τῶν τοιούτων λογισμῶν ἀνάγεσθαι καὶ τὴν ψυχὴν ἡμῶν εἰς αὐτὸ εἰκόνα θεμένην ἑαυτὴν εἶναι ἐκείνου, ὡς τὴν αὐτῆς ζωὴν ἴνδαλμα καὶ ὁμοίωμα εἶναι ἐκείνου, καὶ ὅταν νοῇ, θεοειδῆ καὶ νοοειδῆ γίγνεσθαι· καὶ ἐάν τις αὐτὴν ἀπαιτῇ ὁποῖον ὁ νοῦς ἐκεῖνός ἐστιν ὁ τέλεος καὶ πᾶς, ὁ γινώσκων πρώτως ἑαυτόν, ἐν τῷ νῷ αὐτὴν πρῶτον γενομένην ἢ παραχωρήσασαν τῷ νῷ τὴν ἐνέργειαν, ὧν ἔσχε τὴν μνήμην ἐπ´ αὐτῇ, ταῦτα δὴ ἔχουσαν δεικνύναι ἑαυτήν, ὡς δι´ αὐτῆς εἰκόνος οὔσης ὁρᾶν δύνασθαι ἀμῃγέπῃ ἐκεῖνον, διὰ τῆς ἐκείνῳ πρὸς τὸ ἀκριβέστερον ὡμοιωμένης, ὅσον ψυχῆς μέρος εἰς ὁμοιότητα νῷ δύναται ἐλθεῖν.
| [5,3,8] Quelle nature l'intelligence découvre-t-elle dans l'intelligible? Quelle nature découvre-t-elle en elle-même par la contemplation? — D'abord, pour l'intelligible, il ne faut pas se le représenter avec une figure ni avec des couleurs comme les corps. Il existe avant eux. Les raisons séminales qui produisent la figure et la couleur ne leur sont pas identiques : car elles sont invisibles. Les choses intelligibles le sont à plus forte raison : leur nature est identique à celle des principes en qui elles résident, comme les raisons séminales sont identiques à l'âme qui les contient. Mais l'âme ne voit pas les choses qu'elle possède, parce qu'elle ne les a pas engendrées; elle n'est, ainsi que les raisons, qu'une image {de l'intelligence}. Le principe dont elle vient a une existence évidente, véritable, première : aussi existe-t-il de lui-même et en lui-même. Mais cette image {qui est dans l'âme} n'est même pas permanente si elle n'appartient à une autre chose et qu'elle y demeure. En effet, le propre d'une image est d'être en autrui, puisqu'elle appartient à autrui, à moins qu'elle ne reste attachée à son principe. Aussi ne contemple t-elle pas, parce qu'elle n'a pas une lumière suffisante, et, contemplât-elle, comme c'est en autrui qu'elle trouve sa perfection, c'est autrui qu'elle contemplerait au lieu de se contempler elle-même. Il n'en est pas de même dans rintelligence : la chose contemplée et la contemplation y coexistent et y sont identiques. Qui affirme donc ce qu'est l'intelligible? La puissance qui le contemple, l'intelligence. Ici-bas, la vue voit la lumière parce qu'elle est elle-même lumière, ou plutôt parce qu'elle est unie à la lumière : car ce sont les couleurs qu'elle voit. Au contraire, l'intelligence ne voit pas par autrui, mais par elle-même, parce que ce qu'elle voit n'est pas hors d'elle. Elle voit une lumière avec une autre lumière, mais non par une autre lumière; elle est donc une lumière qui en voit une autre ; par conséquent, elle se voit elle-même. Cette lumière, en brillant dans l'âme, l'illumine, c'est-à-dire, la rend intellectuelle, la rend semblable à la lumière supérieure {savoir ? l'intelligence}. Si, par le rayon dont cette lumière éclaire l'âme, on juge de sa nature et qu'on la conçoive encore plus grande, plus belle, plus brillante, on s'approchera bien de l'intelligence et de l'intelligible : car, en illuminant l'âme, l'intelligence lui donne une vie plus claire, une vie qui n'est pas la vie générative (parce que l'intelligence convertit l'âme vers elle, et, au lieu de la laisser se diviser, lui fait aimer l'éclat dont elle brille) ; une vie qui n'est pas non plus la vie sensitive (car les sens s'appliquent à ce qui est extérieur et n'en connaissent pas mieux cependant, tandis que celui qui voit cette lumière supérieure des vérités voit beaucoup mieux les choses qui sont visibles, mais d'une façon différente). Reste donc que l'intelligence donne à l'âme la vie intellectuelle, qui est un vestige de sa propre vie : car elle possède les réalités. C'est dans la vie et l'acte qui sont propres à l'intelligence que consiste ici la lumière première qui s'illumine elle-même primitivement, qui se reflète sur elle-même, parce qu'elle est tout à la fois la chose illuminante et la chose illuminée ; elle est aussi le véritable intelligible, parce qu'elle est à la fois la chose pensante et la chose pensée. Elle se voit elle-même par elle-même, sans avoir besoin d'autrui; elle se voit donc d'une manière absolue, parce qu'en elle ce qui connaît est identique à ce qui est connu. Il en est de même en nous : c'est par l'intelligence que nous connaissons l'intelligence. Sans cela, comment en parlerions-nous? Comment dirions-nous qu'elle est capable de se saisir clairement elle-même, et que par elle nous nous saisissons nous-mêmes? Comment pourrions-nous, par ces raisonnements, ramèner à l'intelligence notre âme qui s'en reconnaît l'image, qui regarde sa vie comme une imitation fidèle de celle de l'intelligence, qui croit que, lorsqu'elle pense, elle prend une forme intellectuelle et divine ? Si l'on veut savoir quelle est cette Intelligence parfaite, universelle, première, qui se connaît elle-même essentiellement, il faut que l'âme soit ramenée à l'intelligence, ou du moins qu'elle lui rapporte l'acte par lequel elle conçoit les choses dont elle a la réminiscence. C'est en se plaçant dans cet état que l'âme devient capable de démontrer qu'étant l'image de l'intelligence elle peut la voir par elle-même, c'est-à-dire par celle de ses puissances qui ressemble le plus exactement à l'intelligence {à savoir par la pensée pure}, qui lui ressemble autant qu'une partie de l'âme peut approcher d'elle.
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